Paris, ville d’amour, ville lumière et ville de cinéma, depuis plus de 120 ans et l’invention du cinématographe par les Frères Lumière, la capitale suscite toujours le même engouement pour le septième art. C’est sans doute cette passion, toujours intacte, qui a motivé les conservateurs du musée d’Orsay à monter la nouvelle exposition du site intitulée Enfin le cinéma ! Arts, images et spectacles en France (1833-1907). Les amateurs de cinéma peuvent se régaler jusqu’au 16 janvier 2022. 

Un dialogue des arts

Présenté sans ordre chronologique des inventions, l’exposition Enfin le cinéma ! est volontairement synchronique et thématique. Le parcours fait dialoguer la production cinématographique française des années 1895-1907 avec l’histoire des arts, depuis l’invention de la photographie jusqu’aux premières années du XXe siècle. L’exposition rassemble près de 300 documents. Peintures, affiches, livres, photos, matériel et bien sûr des films, anonymes ou signés de grands noms. Elle met aussi en lumière l’importance des peintres impressionnistes qui expérimentent l’art du cadrage. Comme dans les tableaux du peintre Gustave Caillebotte qui fait entrer la vie dans l’image avec des gros plans de personnages. 

« Ce type de cadrage très moderne on va le retrouver dans les premières vues des Frères Lumière à la fin des années 1890 où les premiers opérateurs lumière posent leur cinématographe dans la rue et enregistrent le mouvement des passants », explique Paul Perrin, conservateur au Musée d’Orsay et commissaire de l’exposition. 

La couleur et l’érotisme

L’exposition présente en sept étapes une cinquantaine de films, tous réalisés avant 1907. Pour attirer l’œil et refléter la réalité, les premières pellicules sont parfois colorisées image par image. La précieuse collection recèle également des petits trésors et révèle une production hétéroclite avec quelques surprises. Des films comiques bien sûr, mais aussi, moins connus du grand public, des daguerréotypes érotiques. Avant le cinéma, il existe des attractions à la mode, comme le diorama. Ce dispositif illusionniste inclut des toiles peintes sur support transparent, une chambre, une lentille de vision et un soufflet. Par ce jeu de lumières, la peinture de grande dimension est ensuite animée. 

Capter le mouvement

Paris 1897 : la capitale est en pleine métamorphose. Nouvelle époque, nouveaux rythmes de travail, production des biens en masse, travail à la chaîne, le cinéma voit le jour en pleine révolution industrielle. Le rapport à l’image change, et très vite la nécessité de voir la vie en mouvement devient centrale. « C’est l’exploitation de l’Homme par l’Homme et qui engendre des moyens nouveaux, des formes nouvelles pour représenter ce temps », analyse Dominique Païni, commissaire de l’exposition. 

Au fil de quelques grands sujets que sont la fascination pour le spectacle de la ville, la volonté d’enregistrer les rythmes de la nature, le rêve d’une réalité « augmentée  » par la restitution de la couleur, du son et du relief ou par l’immersion, l’exposition déroule l’aventure du cinématographe et se conclut vers 1906-1907 alors que la durée des films s’allonge. Les projections se sédentarisent dans des villes, la première salle obscure ouvre à Paris en 1906, le 7e art va devenir un loisir de masse et offrir aux cinéphiles toutes sortes de plaisirs. 

« Enfin le cinéma ! Arts, images et spectacles en France (1833-1907) » au musée d’Orsay jusqu’au 16 janvier 2022.

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