François Cluzet, Marion Cotillard, Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Laurent Lafitte, Benoît Magimel, Valérie Bonneton, Pascale Arbillot : la bande à Guillaume Canet, enfin, leurs personnages parisiens, s’apprêtent à partir comme chaque année dans la somptueuse villa de Max (François Cluzet) au Cap-Ferret, quand « Ludo » (Jean Dujardin) est victime d’un très grave accident de la route. Sa moto a été catapultée par un poids lourd, ce qui pousse ses amis à se réunir. 

Voilà le pitch de la comédie dramatique Les Petits Mouchoirs, succès du box-office à sa sortie en 2010, diffusé ce jeudi 24 septembre, à 21h05, sur W9.

Un ami accidenté délaissé

« Ludo », c’est le clown de l’équipe, le petit frère ou le meilleur ami, et même l’amant dont on est secrètement amoureuse. Le pilier central, de tous. Pourtant la bande décide de ne pas changer ses plans de vacances malgré son état. Puisqu’il est de toute façon inconscient, momifié et cloué à son lit d’hôpital, pourquoi rester à Paris, pensent ses copains, qui se rassurent même en affirmant qu’il aurait souhaité qu’ils partent s’amuser.

Guillaume Canet a choisi ce titre parce qu’il rappelle l’expression française entendue dans son enfance, « Le mettre dans sa poche et mettre un mouchoir dessus ». C’est-à-dire, recouvrir ces choses inavouables pour tenter de les oublier. Comme la honte d’avoir laissé son ami seul et mourant pour manger des huîtres sur le bassin d’Arcachon, par exemple.

Une scène-clé réussie grâce à l’acteur le moins expérimenté

Tout le film durant, les autres mouchoirs tombent de leur poche : les rancœurs, les amours inavoués, les grossesses non-désirées. Sauf le plus gros, le mouchoir « accident Ludo », recouvert par tous les autres.

Jusqu’à cette scène-clé, menée par le moins expérimenté du casting et pourtant, ici, le plus bouleversant : Joël Dupuch, ostréiculteur et restaurateur installé au Cap-Ferret, tout comme son personnage. Le copain du Sud-Ouest, qu’ils retrouvent à chaque vacances, qui n’a pas la même vie qu’eux, pensent-ils, alors qu’il n’a simplement pas les mêmes valeurs. Lui s’est rendu au chevet de Ludo, alors qu’il ne vit pas à Paris. Il a simplement fait l’aller-retour, appelé sa sœur pour prendre de ses nouvelles.

Janis Joplin en BO finit de chanter son Kozmic Blues dansun silence plombant, installé par Jean-Louis, le personnage de Joël Dupuch, qui a invité la bande parisienne sur sa petite terrasse avec vue sur le bassin.

Il rompt finalement le pesant blanc d’un raclement de gorge et puis : « Excusez-moi, mais je n’ai pas envie de tricher ». La bande muette ne comprend pas, le personnage François Cluzet le rassure : « Personne ne te demande de tricher. » 

Ça fait quinze jours que je vous vois tous là, soi-disant amis, en train de vous mentir les uns les autres.

« Personne ne me le demande, mais comme vous le faites tous », enchaîne l’ostréiculteur qui semble bouleversé. « Qu’est-ce qu’il t’arrive Jean-Louis là, oh », s’agace Éric, le personnage de Gilles Lellouche, comédien. 

« Ça fait quinze jours que je vous vois tous là, soi-disant amis, en train de vous mentir les uns les autres. T’en as fait ton métier toi de mentir, c’est ce que tu fais de mieux », rétorque Jean-Louis, en direction d’Éric.

Chaque personnage recadré 

L’incompréhension des personnages principaux est totale, le spectateur sent le malaise autour de leur table d’amis. « Qu’est-ce qui te prend là Jean-Louis ? », demande le fortuné Max, interprété par François Cluzet. 

Vous vous dites amis, mais c’est quoi être amis ? C’est laisser votre pote à l’hosto tout seul pendant quinze jours parce que vos vacances et votre petit confort, c’est plus important ?

« Il me prend que vous me foutez tous les boules, tous autant que vous êtes. Toi il faut que tu en foutes plein la vue à tout le monde, lui répond Jean-Louis, les yeux vitreux, la colère de moins en moins contenue. Même à tes amis. Surtout à tes amis ! Pour leur prouver que TOI, tu as bien réussi. Et ça te sert à quoi Max ? T’en profites même pas. Le plus gros bateau, la plus grosse maison, la carte bleue la plus bleue… Mais ton cœur Max, il est comme tout le monde, il a deux ventricules. Tu ne vas pas t’en payer un troisième. »

Dans son monologue, il pose alors la question qui va bousculer le cours du film et soulever enfin le mouchoir : « Vous vous dites amis, mais c’est quoi être amis ? C’est laisser votre pote à l’hosto tout seul pendant quinze jours parce que vos vacances et votre petit confort, c’est plus important ? »

Antoine, le personnage de Laurent Lafitte, qui n’a cessé de demander conseils et relectures lorsqu’il recevait puis envoyait des SMS de son ex-petite amie Juliette (Anne Marivin) le coupe : « Attends, Jean-Louis, ça va… »

Mais il est aussitôt repris par l’homme écœuré : « Mais qu’est-ce que tu as, toi ? Toi, tu nous as fait chier pendant quinze jours avec ton portable de merde et tes textos à la con, mais est-ce que tu as appelé l’hôpital une fois pour savoir comment il allait ? ».

Le regard triste et plein de colère, il annonce, sanglotant, une tragique nouvelle. Il a la gorge nouée et vient de nouer celle du spectateur, dans la scène la plus poignante du film. 

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