Informer votre enfant, c’est le protéger. Et cela vaut évidemment pour ce qui est de l’intimité. Comment réagir lorsque votre enfant vous pose des questions autour de la sexualité ? Charline Vermont, formatrice en santé sexuelle et praticienne en sexothérapie, livre ses conseils.
Restez informée
« Comment on fait les bébés ? », « c’est quoi le sexe ? », « comment on sait quand on est amoureux ? ». Ces interrogations, chaque parent y est confronté un jour dans sa vie. Aborder la question de l’intimité et de la sexualité avec ses enfants n’est pourtant pas toujours évident. Cette situation peut générer de l’appréhension, un sentiment de gêne voire même de peur.
Pour aider les enfants à accueillir les changements de leur corps et leur donner toutes les clés nécessaires pour grandir en étant bien informé, ce passage est pourtant essentiel ! Charline Vermont, formatrice en santé sexuelle, praticienne en sexothérapie, créatrice du compte Instagram Orgasme et moi et auteure de Corps, amour, sexualité : les 100 questions que vos enfants vont vous poser (éd. Albin Michel), livre ses conseils pour vivre ce moment sereinement et apporter des réponses adaptées aux interrogations des plus jeunes.
Ne pas fuir la conversation
Votre enfant vous pose une question sur la sexualité et vous êtes tenté de changer de sujet ou de tourner les talons ? Chacune de ses interrogations mérite une réponse, comme le souligne Charline Vermont. « Si votre enfant a la sensation qu’il n’y a pas d’espace safe à la maison pour poser ses questions, iel va aller chercher des réponses auprès de ses camarades de classe, d’internet. Je vous laisse imaginer ce que votre enfant va trouver si iel tape ‘sexe’ dans la barre de recherche », précise-t-elle.
Si vous n’avez pas de réponse à la question posée par votre enfant, pas de panique ! Vous pouvez faire preuve de transparence et lui dire que vous n’avez pas les bonnes informations ou les mots justes pour lui répondre immédiatement. Vous pouvez alors lui dire : « Ce que je te propose, c’est d’aller faire des recherches de mon côté et une fois que j’ai trouvé les mots pour te répondre, on va reprendre cette conversation, est-ce que tu es d’accord ? », suggère Charline Vermont.
Valoriser la question de son enfant
Si certaines questions peuvent vous mettre mal à l’aise, votre enfant peut également être gêné lorsqu’il vous les pose. C’est la raison pour laquelle Charline Vermont recommande d’accueillir toutes ses interrogations avec enthousiasme. Exemple : « Oh mais c‘est super que tu me poses cette question. Merci beaucoup. C’est une très bonne question », suggère-t-elle. Cette réaction a un double effet :
- votre enfant va se dire que ses questions ne sont pas taboues et qu’il est possible de les poser librement ;
- votre enfant va vous identifier comme étant l’adulte, la personne de confiance.
« Même si vous avez envie d’exploser de rire, attendez que votre enfant ne soit plus dans la pièce. Peut-être que votre enfant était extrêmement sérieux sur la question donc il peut avoir l’impression qu’on se moque un peu de lui, que sa question est malvenue ou qu’on le prend pas au sérieux », ajoute Charline Vermont.
Se renseigner sur ce que l’enfant sait
Et si vous jaugiez le niveau d’information de votre enfant avant de répondre à sa question ?L’objectif est d’adapter votre réponse, afin qu’elle soit la plus compréhensible possible. « Ayez le réflexe de dire à votre enfant : ‘Et toi, qu’est-ce que tu sais ? Qu’est-ce que tu en penses ? », suggère Charline Vermont.
Cette méthode permet aussi de tordre le cou à certaines idées reçues, certaines représentations que les enfants peuvent avoir. « Parfois, j’ai eu cette réponse : ‘Le sexe, c’est sale’, ce qui est hyper intéressant. Ça veut dire que dès le très jeune âge, il y a déjà une forme de tabou ou de honte intériorisée par les enfants sur ce sujet-là. Donc je pense que c’est d’autant plus important de dédramatiser et de leur dire que ça fait partie simplement de la vie humaine », ajoute-t-elle.
Utiliser des mots précis
Pour parler de sexualité aux enfants, il n’est pas rare d’utiliser un vocabulaire imagé et de jouer de métaphores. Être plus clair et direct permet pourtant de faciliter leur compréhension. C’est la raison pour laquelle Charline Vermont suggère aux parents d’utiliser des mots précis et adaptés. Et cela peut notamment se faire par le biais d’une leçon d’anatomie ! « Les parties intimes, avant d’être des objets de fantasme et de désir, sont des parties du corps humain et ça a un nom : ça s’appelle ‘pénis’, ça s’appelle ‘vulve’, ça s’appelle ‘testicules’ », rappelle-t-elle. Une fois ces notions intégrées, il est possible d’aborder la question de l’intimité.
Demander à l’enfant si la réponse lui convient
Après avoir répondu à la question de votre enfant, Charline Vermont suggère de lui demander si la réponse lui convient. L’objectif : s’assurer que l’information que vous venez de délivrer a bien été intégrée. Si ce n’est pas le cas, « vous pouvez aller au niveau deux », recommande-t-elle.
Vous craignez que lui donner trop de détails soit contre-productif et incitatif ? Pas de panique ! « Quand vous donnez une éducation complète à la sexualité à votre enfant, iel n’a pas besoin d’avoir des expérimentations à risque par elle-même, par lui-même, pour avoir de l’information ». Plus il sera informé, « moins votre enfant connaîtra d’IST au cours de sa vie, de grossesses non désirées et d’agressions sexuelles que ce soit coté agresseur ou agressé. C’est juste lui donner les moyens de pouvoir explorer le jour ou iel en aura envie tout en ayant les capacités de se protéger », conclut-elle.
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