Incontournables dans notre alimentation, ils pèsent cependant lourd dans l’environnement. Il est peut-être temps d’arrêter, ou au moins de réduire, leur consommation.
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Production, transformation, transport, stockage : nos aliments ont un impact loin d’être négligeable sur le réchauffement climatique, et plus généralement sur la biodiversité et l’épuisement des ressources naturelles. Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), l’alimentation contribue à hauteur de 25 % de l’empreinte carbone des ménages et représente 23 % de l’énergie finale consommée par les Français. Ainsi, remplir le frigo fait grimper le thermomètre mondial. Tout du moins, si nous ne prêtons pas garde à ce que nous mangeons. Certaines denrées ont, en effet, un bilan environnemental bien plus néfaste que d’autres. Et contrairement à une idée reçue, la principale nuisance n’est pas toujours due à leur transport. Et ce, même s’ils débarquent depuis l’autre bout du monde. C’est souvent leur production qui provoque le plus de méfaits : épuisement des ressources en eau, pollutions des sols, déforestation… De quoi donner un goût amer à certaines denrées.
1. L’huile de palme
Les industriels la mettent à toutes les sauces ! Elle se retrouve dans des gâteaux, des pâtes à tartiner, des margarines, des biscottes, des bonbons, des mueslis… et même des boissons (Oasis pêche-abricot, par exemple). Cette matière grasse peu chère, dont use et abuse les professionnels de l’agroalimentaire, a cependant un coût environnemental élevé. Selon WWF, la culture des palmiers à huile est la principale source de déforestation en Asie du Sud-Est, d’où proviennent 85 % de la production mondiale.
Le bon réflexe : vous pouvez facilement l’éviter en excluant nombre de produits industriels qui en contiennent. Lisez attentivement les étiquettes. En sus de préserver les forêts, vous protégerez aussi votre ligne car les produits dans lesquels elle est présente sont généralement très gras.
2. Le sucre
Nous l’ignorons souvent mais le sucre en excès est aussi nocif pour l’environnement qu’il l’est pour notre santé. Selon WWF, de 60 à 70 % de la production sont issus de la culture de la canne à sucre. Or, cette culture, menée intensivement dans certaines régions du monde, contribue à l’érosion des sols, à la déforestation et à l’usage de pesticides. Quant à la culture de la betterave, Jean-Luc Fessard, président de l’association Bon pour le Climat, rappelle : « En France, les producteurs de betterave à sucre n’ayant pas trouvé de solution pour se passer du glyphosate, herbicide classé probablement cancérogène, ont obtenu le droit de continuer à l’utiliser jusqu’à fin 2022. »
Le bon réflexe : réduire sa consommation de sucre (ce qui est aussi bon pour votre santé). Acheter du sucre bio et issu du commerce équitable dont les modes de culture n’ont rien d’intensif.
3. Le veau, l’agneau et le bœuf
« La viande de ruminant a un impact climatique considérable, car ces mammifères dégagent du méthane, un gaz à effet de serre à l’effet réchauffant 25 fois supérieur au CO2, alerte Jean-Luc Fessard. De plus, les élevages industriels nourrissent les animaux au tourteau de soja OGM, cultivé dans des zones où la déforestation sévit. » Pour l’expert, le veau et l’agneau ont le pire bilan carbone du fait qu’ils associent celui de leur mère. Le poids carbone pour 1 kg de viande d’agneau est de 33 kg de CO2 quand il est produit localement, de 34 kg quand il vient du bout du monde. Celui du veau et de la vache est respectivement de 29 et de 30 kg.
Le bon réflexe : réduisez votre consommation hebdomadaire de viandes rouges et achetez celles issues de bêtes ayant pâturé. Vous pouvez aussi privilégier le poulet et le porc au poids carbone 4 à 8 fois inférieur.
4. Le poisson
Les Français consomment 35 kg de poisson par an et par habitant. Selon WWF, la disponibilité mondiale est de 19 kg par an et par habitant. C’est donc 16 kg de trop. Mais il n’y a pas que la quantité qui pèche. La pêche, que le poisson soit sauvage ou d’élevage, fait problème. « L’aquaculture industrielle détruit le milieu naturel en raison d’une densité de population importante. De plus, des antibiotiques sont donnés aux poissons et ils sont nourris à l’aide de farine animale, un désastre écologique », explique le président de Bon pour le Climat. Alors, faut-il se tourner vers des poissons pêchés en mer ? Pas forcément. Si le site de pêche est éloigné des sites de consommation, cela implique l’usage de chambres froides, très énergivores et qui utilisent des gaz fluorés au pouvoir réchauffant 24000 fois supérieur à celui du CO2.
Le bon réflexe : WWF conseille d’acheter des produits de la mer responsables, labellisés MSC ou ASC. Cela passe aussi par la consommation d’espèces « oubliées », comme le tacaud, et l’évitement des espèces dont la pêche est destructrice de l’environnement (sabre noir, grenadier, lingue bleue).
5. Le café
La boisson chaude préférée de bien des Françaises ne prend pas racine en Italie. En effet, les caféiers poussent dans les régions tropicales d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie. Sa culture en mode intensif génère déforestation, surconsommation d’eau, pollution et appauvrissement des sols, sans compter l’âpreté des multinationales de l’agroalimentaire en ce qui concerne le prix des récoltes.
Le bon réflexe : privilégiez le café bio issu du commerce équitable. Étant moins sous pression, les producteurs justement rétribués sont plus enclins à respecter un mode de culture moins destructeur.
6. Le chocolat
À produire, le chocolat n’offre pas que du bonheur. Les fèves de cacao nécessaires à sa confection ne poussent pas dans nos jardins. À l’instar du café, les cultures sont situées dans les zones de forêts équatoriales. En outre, avec des prix du cacao qui ont explosé, de plus en plus d’agriculteurs se tournent vers la plantation de cacaoyers ce qui aggrave de fait la déforestation. Pour autant, cette inflation ne garantit pas un revenu décent aux producteurs. En décembre dernier, les deux plus grandes multinationales ont ainsi supprimé de manière unilatérale la prime de 400 dollars par tonne de cacao, en sus du prix du marché, qui sert à rétribuer les planteurs.
Le bon réflexe : là encore, privilégiez les chocolats bio et issus du commerce équitable. Certains artisans chocolatiers gèrent même l’ensemble de leur chaîne de production, de la récolte à la vente.
7. Fruits et légumes hors saison
« En dehors du mode de production, intensive ou non, ce qui est le plus dommageable avec les fruits et les légumes, c’est le non-respect des saisons », indique Jean-Luc Fessard. Lorsqu’ils sont cultivés localement, leur poids de CO2 par kilo quadruple quasiment selon qu’ils sont produits hors saison ou en saison : 2,7 kg de CO2/kg contre 0,7. Lorsqu’ils viennent de l’autre bout du monde (mangues, avocats, bananes…), ce rapport est deux fois moindre : 3,7 kg de CO2/kg contre 1,6. Bien sûr, en culture intensive, les fruits et les légumes consomment de l’eau, de l’énergie et nécessitent nombre de pesticides en tout genre.
Le bon réflexe : visez des fruits et des légumes de saison, bio et, si possible, cultivés localement. Pour vous faire plaisir avec des denrées exotiques de temps en temps, choisissez celles produites dans de bonnes conditions.
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