L’heure est à l’évasion, à la quête de verdure, de repos. Depuis quelques mois, on rêve d’étendues luxuriantes sans l’ombre d’activité humaine. De se retrouver en pleine montagne ou en pleine campagne. Et quoi de plus ressourçant pour y arriver que de bivouaquer ?

Le principe est simple pour les non-initié·e·s : il s’agit de planter la tente pour une nuit ou plus en pleine nature (ou de dormir à la belle étoile, pour les plus téméraires et confiant·e·s en la météo). Après de longues heures à arpenter les sentiers, on établit un campement sommaire et temporaire à l’abri des randonneur·euse·s, pour ne faire qu’un·e avec l’immensité du ciel et du paysage qui nous entourent.

Sur le papier, la perspective fait rêver. Mais concrètement, comment on s’y prend ? On a rassemblé 6 conseils affutés par des pros pour vous guider dans cette nouvelle activité en passe de conquérir vos moments de détente. Suivez les guides.

1- Choisir le lieu

Inutile de se lancer dans un périple en haut d’un vertigineux sommet alpin, corse, auvergnat ou pyrénéen si on débute. L’important est d’être conscient·e de ses capacités et de ses envies, et de savoir qu’il existe des coins très accessibles particulièrement incroyables. Pour cela, on vérifie que le dénivelé, la météo quand on compte y aller, et on se renseigne sur les blogs et forums dédiés que le bivouac y est bien toléré.

A ce sujet, à ces choix purement personnels s’ajoute effectivement un détail qui est loin d’en être un : la législation en vigueur. Comprendre : a-t-on le droit oui ou non de camper là ?

En France, il est interdit de dormir dans les forêts, bois et parcs classés comme « espaces boisés à conserver », les routes et chemins, les bords de mer, à moins de 200 m d’un point de captage d’eau potable, sur les sites classés « zones de protection du patrimoine de la nature et des sites », à moins de 500 m d’un monument classé « historique ». Et bien sûr, dans toutes les zones privées sans accord du propriétaire.

2- Bien s’équiper

Le matériel doit être choisi avec précaution et attention. Pour éviter d’être trempé·e, frigorifié·e, déshydraté·e… et donc de vivre une expérience annoncée extraordinaire comme 24 heures d’enfer, on ne lésine pas sur les recommandations. Le site Trek Magazine (forcément expert en la matière) liste six objets indispensables, et quelques tips à imprimer.

D’abord, tout ce qui a trait au couchage. Le duvet : « la température de confort est à définir selon votre destination, mais sachez que la température 0 °C/+5 °C demeure la plus pratique », précise-t-il. Le matelas auto-gonflant ou gonflable, préférable au tapis en mousse, sans oublier le kit de réparation au cas où un caillou viendrait le percer (plus fréquent lors de nuits à la belle étoile, cependant). Et enfin, la tente. A garder en tête : il faut la trimbaler jusqu’au point de chute, donc penser au poids qu’elle rajoutera sur le sac à dos.

Ensuite, les accessoires de base. Le réchaud, la lampe frontale, le couteau multifonctions et des filtres à eau pour boire dans les ruisseaux et ne pas emporter 15 litres si on reste plusieurs jours. Et puis bien sûr, plusieurs casse-croûtes adaptés, des en-cas vitaminés pour la route, et ce qui peut ravir vos papilles sans trop encombrer.

On rajoutera également qu’une fois la nuit tombée, on rentre tout à l’intérieur de la tente pour éviter l’humidité et les insectes. Mais aussi que la clé réside dans l’accumulation de couches. La nuit, les températures ont tendance à baisser et vous ne serez pas toujours faufilé·e dans votre sac de couchage. Pour dîner, admirer la vue, le lever du soleil : pensez pulls, gore-tex, leggings, chaussettes.

3- Se préparer psychologiquement

« Vous finirez probablement par être couvert·e de condensation. Vous vous réveillerez probablement très tôt, lorsque le soleil commencera à se lever. Vous ne dormirez probablement pas très bien. Ces choses font partie du plaisir. Vous n’avez pas échoué si cela vous arrive ». Sur son blog Almost Definitely Outside, Stephanie Sanderson prévient que les premières nuits en pleine nature peuvent être plus compliquées que ce qu’on s’est imaginé. Et surtout, que le sentiment mitigé qui découlera de ces heures agitées est tout à fait normal.

Pour l’appréhender, elle conseille de se préparer psychologiquement. En sachant que l’on ne dormira certainement pas comme un loir, et en anticipant aussi ce qui pourrait nous frustrer. Par exemple, en testant le montage et le démontage de sa tente avant le jour-j. Dans un jardin voire un salon, afin de mieux maîtriser les gestes à effectuer le moment venu.

Pareil pour le feu, si l’on ne souhaite pas prendre de réchaud et en allumer un une fois sur place, en s’entraînant à en démarrer un en deux temps, trois mouvements (là encore, vérifier les lieux où un feu de camp est autorisé). Ou encore, en prévoyant des distractions sans écran. Un livre, des cartes… tout ce qui nous occupera si on craint d’être laissé·e trop longtemps seul·e face à nos pensées.

4- Ne pas avoir peur d’y aller seule

D’ailleurs, est-ce recommandé de franchir le cap en solo, quand on est une femme ? Dans un article du Guardian, Phoebe Smith, adepte et autrice de Extreme Sleeps: Adventures of a Wild Camper, déclare, non sans poésie : « J’ai bivouaqué seule à travers la Grande-Bretagne, du sommet des montagnes aux vallées boisées et aux falaises côtières. Beaucoup pensent qu’il serait effrayant de le faire en solo, mais je crois qu’il s’agit du contraire. »

Elle poursuit, décrivant son sentiment lorsqu’elle troque la tente pour le ciel noir. « Quand je suis dans une tente, je suis une visiteuse dans le paysage, mais à la belle étoile, je fais partie du paysage. Les animaux sauvages s’approchent de moi et me font confiance, les astres sont là pour me tenir compagnie dès que j’ouvre les yeux et, plutôt que d’avoir peur du noir, je suis caché par lui – personne ne sait que je suis là ». Cela répond aisément à notre question.

5- Avec des enfants, redoubler de prudence

Si ça tombe sous le sens, on préfère insister : quand il s’agit d’embarquer les plus petits, on regarde la météo jusqu’au dernier moment. Pas question de risquer un orage ou une nuit glaciale en famille. Et puis, on pense à leur niveau qui, sauf pour certaines exceptions d’aventurier·e·s né·e·s, nécessite une attention encore plus rigoureuse que pour les adultes débutant·e·s.

« Choisissez l’endroit avant de partir. Il faut qu’il ne soit pas trop éloigné de votre point de départ afin de pouvoir faire facilement demi tour en cas de problème. Prenez soin de vous renseigner sur la force du vent et son orientation. Le mieux est d’avoir repéré auparavant à l’occasion d’une randonnée en journée. Optez pour un endroit bien plat, sans trop de cailloux, exposé au soleil mais pas au vent », note le site Petit bivouac. « Evitez aussi les alpages occupés par les animaux ».

On y trouve également quelques destinations appropriées dans les massifs et parcs français : le Charmant Som, en Chartreuse ; le lac Fourchu, dans le Taillefer ; le lac d’Aubert, dans les Pyrénées ou encore le plateau d’Ambel, dans le Vercors.

6- Ne pas trahir son passage

Ne rien laisser derrière soi, c’est l’une des règles d’or quand on campe en extérieur. Ça passe par ramasser tous les déchets que l’on serait susceptible d’avoir engendrés, mais aussi par un comportement respectueux de la faune pendant son séjour. « Evitez de parler bruyamment et de faire trop de bruit, sachez vous fondre dans le paysage », avise Trek Magazine. Une attitude qui ne fera qu’embellir l’expérience. Alors, il n’y a plus qu’à.

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