Depuis jeudi soir, et la projection officielle d’Une jeune fille qui va bien, en compétition à la Semaine de la critique, tout le monde ne parle que d’elle, et la Croisette s’est trouvée une nouvelle révélation à porter aux nues. À juste titre, tant l’interprétation de Rebecca Marder, renversante de candeur, d’espièglerie et de délicatesse, fait des étincelles dans le premier film de Sandrine Kiberlain.

Elle irradie et subjugue dans le rôle d’Irène, une jeune fille passionnée de théâtre, qui rêve de devenir comédienne et de réussir le concours d’entrée du Conservatoire qu’elle prépare avec fébrilité. Une jeune Parisienne de 19 ans qui veut rire, se chamailler avec son frère, tomber amoureuse, et goûter à la vie aux côtés de sa famille aimante. Cette jeune fille qui va très bien est aussi une jeune fille juive qui ne voit pas- ou qui refuse de voir- qu’autour d’elle le monde, lui, va au plus mal, que l’étau se resserre de jour en jour. 1942, bientôt la Grande Histoire viendra percuter le destin de cette jeune fille radieuse. 

Pensionnaire de la Comédie-Française à 20 ans

A cette belle Irène, bouche cerise et teint de porcelaine, qui veut rester dans sa bulle, Rebecca Marder apporte toute son ardeur et son insouciance, une légèreté candide teintée de fébrilité joyeuse, que traversent à peine quelques fugaces éclairs d’inquiétude. A l’image de son personnage, elle fut tout entière tournée vers le théâtre depuis son plus jeune âge.

Mère journaliste, spécialiste de théâtre, père musicien, la jeune hypokhâgneuse a vingt ans à peine quand Éric Ruf, l’administrateur de la Comédie-Française, la repère alors qu’elle étudie à l’école du Théâtre national de Strasbourg. L’apprentie-comédienne rejoint la maison de Molière à l’issue d’une audition. Toute jeune pensionnaire de la troupe (avant elle, seule Isabelle Adjani avait été intégrée à 17 ans), elle enchaîne les rôles, découvre les alternances, aussi à l’aise chez Racine que Feydeau, généreusement distribuée dans des pièces contemporaines et des créations, dirigée par la crème des metteurs en scène, d’Ivo Van Hove à Christophe Honoré, en passant par la très en vue Julie Deliquet. 

C’est désormais aussi au cinéma, où elle a débuté dès l’âge de 5 ans, qu’il faudra la suivre de très près. A ce premier rôle éclatant, qu’on pourra découvrir dès janvier 2022 en salle, viendra s’ajouter celui de Simone le voyage du siècle, le biopic très attendu d’Olivier Dahan sur Simone Veil (février 2022), dans lequel Rebecca Marder incarne l’illustre femme politique, de l’âge de 15 à 37 ans.

Quatre heures de maquillage quotidien, un défi pour la jeune actrice que l’on découvrira également à l’affiche du prochain film d’Arnaud Desplechin, aux côtés de Léa Seydoux et Emmanuelle Devos. A côté des lumières qui sans nul doute l’attendent et l’éclaireront dès l’automne prochain, les projecteurs et le succès cannois ne livrent encore qu’un sobre avant-goût. 

Rebecca Marder à la cérémonie des Césars 2020.

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