Gynécologue-obstétricienne et responsable du centre de procréation médicalement assistée (PMA) de Bruxelles, Candice Autin aide des Français pour la gestation pour autrui (GPA), interdite en France. Naître d’une autre, un documentaire à voir sur Arte le mercredi 7 juillet à 22 h 35.

En Belgique, vous ne faites pas de GPA commerciale et il n’y a pas de contrat entre le couple d’intention et la mère porteuse.

CANDICE AUTIN : Nous n’avons pas de cadre légal pour la GPA, un contrat n’a donc aucune valeur. Tout est basé sur le relationnel et la confiance, on ne reçoit que des gens venant directement avec leur mère porteuse. Lors des entretiens, on s’aperçoit vite de la relation qui les unit. Jamais la mère porteuse n’a voulu garder l’enfant. Sa seule motivation est de rendre heureuse sa sœur, cousine, belle-sœur ou amie d’enfance.

À quoi êtes-vous attentive concernant la mère porteuse ?

Il y a plusieurs critères. Il faut par exemple qu’elle ait déjà expérimenté la maternité, tant d’un point de vue médical – il est important d’avoir eu une première grossesse normale – que d’un point de vue psychologique – avoir connu tous les bouleversements émotionnels d’une grossesse, d’un accouchement et des premiers mois de vie du bébé.

La GPA est illégale en France. Comment cela se passe-t-il pour des Français qui demandent votre aide ?

Avant de se lancer dans ce projet avec eux, on leur demande de voir un juriste en droit familial pour les accompagner dans la procédure et de trouver une équipe soignante qui les soutienne. Les parents d’intention doivent pouvoir assister aux consultations car le gynéco donne des renseignements sur la santé du bébé qui les concernent aussi. S’ils sont dénoncés, le père d’intention étant le papa biologique de l’enfant, il peut raconter avoir eu une relation avec la mère porteuse. (Cette dernière accouche sous X, le père reconnaît l’enfant et la mère d’intention l’adopte a posteriori, ndlr)

La mère porteuse ressent-elle ensuite un besoin de reconnaissance ?

Oui, même si elle dit que non et que les voir heureux lui suffit. Par ailleurs, la période après l’accouchement est très critique. L’attention qu’elle a connue pendant neuf mois se reporte sur le bébé et elle peut se sentir vide, abandonnée.

À l’inverse, la mère d’intention ressent-elle une dette envers la mère porteuse ?

Comment peut-elle la remercier du cadeau de la vie  ? Certaines ont besoin de faire quelque chose pour effacer cette dette. D’autres vivent avec.

Et l’enfant dans tout ça ?

Dans la GPA, la situation est évidente car il n’y a pas de photos du gros ventre de maman. Si l’enfant sent que ses parents ne sont pas en souffrance par rapport à ça et qu’ils lui expliquent tout honnêtement, il le vivra normalement.

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