• Le festival Quais du polar, qui se tient à Lyon ce week-end, met en avant les faits divers dans sa programmation et notamment les « cold case ».
  • Spécialisés dans le traitement des affaires irrésolues, les avocats Didier Seban et Corinne Herrmann animeront un début sur le sujet, samedi après-midi.
  • L’occasion de revenir sur la fascination qu’engendrent les « cold case » mais aussi les dysfonctionnements de la justice.

Ils restent une source inépuisable d’inspiration pour les écrivains. Ils fascinent, intriguent, passionnnent… Le festival Quais du polar, qui se déroule ce week-end à
Lyon, a décidé de mettre à l’honneur cette année les faits divers et plus particulièrement les « 
cold case ». Autrement dit les affaires irrésolues. Didier Seban et
Corinne Herrmann animeront d’ailleurs une conférence à ce sujet samedi après-midi.

En vingt ans, les deux avocats se sont imposés comme les spécialistes des « affaires froides » en France. Ce sont eux qui ont permis de faire condamner Emile Louis pour les meurtres de disparues de l’Yonne. Eux encore, qui ont déterré l’affaire des disparus de l’Isère et relancé la piste Michel Fourniret dans la disparition de la jeune Estelle Mouzin. Eux toujours qui ont repris le dossier du mystérieux tueur en série parisien le « Grêlé ». Sans oublier la résolution du meurtre d’Isabelle Mesnage en 1986, pour lequel Jacques Rançon vient d’être condamné à 30 ans de réclusion criminelle.

« Le fait de ne pas savoir contribue à la fascination »

« Je crois que le plus inspirant dans les cold case, c’est avant tout l’énigme. Le fait de ne pas savoir contribue à la fascination », constate Didier Seban. L’histoire en elle-même également. « Souvent, les affaires irrésolues concernent des meurtres de jeunes femmes. Naturellement, ce sont des histoires terribles. Les gens peuvent s’identifier aux victimes, à leurs familles, poursuit l’avocat. Ils veulent comprendre. Et ils ne comprennent pas pourquoi on ne sait toujours pas, pourquoi l’affaire n’a toujours pas été résolue par la justice. »

Les supputations vont alors bon train. « Chacun a l’impression de tout savoir et a finalement envie de contribuer à l’enquête, de découvrir la vérité », analyse l’avocat. Même lorsqu’il s’agit d’échafauder les théories les plus folles. « Dans toutes les affaires médiatiques, nous avons forcément des gens qui nous contactent pour nous dire de chercher là ou de faire cela. La plupart ont à cœur de bien faire mais parfois, nous avons quelques cinglés », rigole l’homme de loi.

Environ 200 homicides non élucidés en France chaque année

Longtemps à la traîne, la France veut désormais rattraper son retard en matière de résolutions de cold case. Un chiffre ? En 2020, 863 homicides ont été perpétrés sur le territoire. Si le ministère de l’Intérieur se félicite d’en avoir élucidé 75 %, la réalité est pourtant la suivante : 200 n’ont donc pas été résolus. Deux cents, c’est la moyenne chaque année. Faites le calcul et vous obtiendrez un chiffre vertigineux au cours des dix dernières années.

« Typiquement, le problème de notre justice est qu’elle fonctionne en tuyau d’orgue. A chaque affaire, il y a un juge différent et il n’y a aucun rapprochement entre les dossiers, déplore Didier Seban. Or, si l’on veut élucider un dossier, il faut connaître le parcours et le fonctionnement du tueur. » Pour résoudre les affaires, l’avocat et sa collègue enquêtent de leurs côtés, demandent aux familles de chercher dans les archives de la presse locale afin de vérifier s’il y a eu des meurtres ou des condamnations dans la région. Ils relisent également chaque dossier minutieusement. Etablissent des parallèles. Se heurtent souvent aux dysfonctionnements de la justice.

« Il est difficile d’avoir une politique criminelle quand on sait que le parquet est incapable de connaître le nom des victimes de crimes depuis les 20 ou 30 dernières années dans son ressort », tacle l’avocat. Et de nuancer en guise de conclusion : « On commence toutefois à a voir une unité de gendarmerie et de policiers spécialisés dans la résolution des cold case ».

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