ARCHIVE. La lumineuse comédienne Sandrine Bonnaire s’est glissée dans l’univers sombre de Xavier Durringer avec le film Rouge Sang rediffusé ce soir sur France 2. Lors de la première diffusion de cette fiction en 2014 l’actrice avait évoqué son rôle de flic peu conventionnel dans une interview accordée à Télé 7 Jours. Nous vous proposons de relire notre entretien.

Pourquoi le personnage d’Alma Schneider a-t-il retenu votre attention ?

Sandrine Bonnaire : J’ai aimé son style, un peu rockeuse et frondeuse. C’est une femme pète-sec qui casse les codes du milieu pour arriver à ses fins, comme jouer au poker, la nuit, dans des lieux illicites. Elle se fiche de ce qu’on pense d’elle.

Mise au placard pour son mépris de la hiérarchie et ses excès de langage, Alma est parachutée de Paris à Brest. Mais elle ne semble pas du tout affectée…

Elle a une vraie force de vie. C’est une femme libre, ce qui fait toujours un peu peur aux hommes, comme aux deux brigadiers sous ses ordres ! Sa fonction, c’est d’enquêter, de trouver les coupables. C’est une justicière. Un pied coupé découvert en haut d’une falaise, et la voilà lancée ! Rien ne l’arrête.

Si Alma ne manque vraiment pas d’énergie, ne cache-t-elle pas aussi quelques fêlures ?

Elle est au bord des larmes à la vue d’un cadavre qu’on déterre. Xavier Durringer, le réalisateur, voulait montrer que dans ce milieu-là, violent et masculin, c’est encore plus difficile pour une femme. Cette scène souligne la force, mais aussi la fragilité d’Alma, sa fascination pour le monde des hommes et sa féminité.

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L’univers de Xavier Durringer vous était-il familier ?

Nous avions depuis longtemps le désir de travailler ensemble. J’avais beaucoup aimé ses premiers films, J’irai au paradis car l’enfer est ici ou Chok-Dee, où il mettait en scène des voyous et des caïds. Le personnage d’Alma a d’ailleurs un côté caïd ! Il voulait une histoire noire et âpre.

Brest, où vous avez tourné l’an dernier, en plein hiver, semble être le lieu idéal pour situer l’action…

Tout à fait ! C’est une ville cinégénique, à la fois austère et graphique, qui dégage un certain mystère. Mais le tournage, au moment des tempêtes, a été très éprouvant. On avait froid, il pleuvait, le rythme était soutenu, et en plus j’avais un texte avec des termes techniques… J’aurais adoré avoir des scènes physiques. J’ai moi-même une vraie passion pour le sport : j’aime courir, j’aime la vitesse. Mais à part porter le froid de Brest sur mes épaules, je n’ai fait aucune cascade !

Dure et autoritaire, Alma ne semble baisser les armes qu’avec César Istria (Bernard Le Coq), médecin légiste passionné d’archéologie, qui l’aide dans son enquête…

Ce sont deux solitudes qui se retrouvent. Ils se confient, se font du bien mutuellement. Alma devient un peu sa fille de substitution et, en même temps, elle le pousse à renouer contact avec la sienne. J’avais adoré Bernard dans le Van Gogh de Pialat (il jouait Théo, ndlr). Ça me suffisait pour avoir envie de tourner avec lui !

N’y a-t-il pas un peu de vous dans cette Alma fonceuse et pleine d’énergie ?

Oui, comme elle, je n’aime pas les raccourcis. Je suis assez cash. Je me sens très féminine et, en même temps, je peux fronder un homme sans problème !

Rouge sang est diffusé mercredi 23 juin à 21h05 sur France 2.

Interview Emmanuelle Touraine

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