Dans « En infiltré·e·s », la deuxième saison de son documentaire, Océan part à la rencontre de personnes transgenres, intersexes et non-binaires. Émotions et déconstruction sont au programme. Rencontre.

Strasbourg Saint-Denis, sous les premiers soleils de plomb de Paris. Le comédien Océan nous accueille, la chemise hawaïenne rouge vif au corps et le visage irradié d’un sourire qu’on peut difficilement lui ôter. Et pour cause : la deuxième saison de sa web-série documentaire « Océan » est sur le point de sortir (ce jeudi 17 juin, sur France TV Slash). Intitulée « En infiltré·e·s », elle fait suite à une première salve d’épisodes où l’acteur filmait pas à pas sa transition, que premières prises de testostérones et dialogues nébuleux avec sa mère rythmaient. Mais cette fois-ci, exit les seuls états d’âme : Océan fait vibrer d’autres voix. Celles de femmes et d’hommes transgenres dont les récits singuliers invitent à la déconstruction. Pourquoi le genre ? Quelles oppressions vivent-elles ? Autant de questions que soulèvent ce voyage initiatique aussi saisissant.

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ELLE. Après une première saison très intimiste, qui suivait toutes les étapes de votre transition, pourquoi avoir voulu en réaliser une deuxième ?  

OCÉAN. En effet, c’était vraiment une saison centrée sur moi. Mais de toute façon, je n’étais pas capable d’élargir plus, parce que c’était déjà tellement bouleversant, tellement d’émotions ; c’était la phase de ma transition où il y avait le plus de changements physiques et dans ma vie quotidienne. Mais la contrepartie était que ça donnait l’impression que j’étais « le trans de service », le seul visible et qu’on interviewait, alors que finalement j’ai un parcours très atypique, du fait de mes nombreux privilèges : d’être blanc, plutôt bourge, et d’avoir quarante ans, donc une autonomie matérielle, lorsque je débute ma transition. Et quand bien même le spectre de la transidentité est très large et qu’il n’y a pas d’histoire type : la mienne n’était pas représentative. De là, j’ai eu envie d’ouvrir, de montrer ma communauté et les différents parcours qui s’en dégagent, de mettre en lumière des personnes [trans et racisée ou trans et victime de grossophobie, etc.] que je trouve absolument extraordinaires, et plus intéressantes que moi en réalité (rires). Puis, je trouvais aussi intéressant de parler du passing, de ce que ça produit quand tu es féministe radical, comme moi, et que, tout d’un coup, on te prend pour un mec cisgenre dans l’espace public.  

ELLE. À propos du passing (le fait d’être considéré, en un premier coup d’œil, comme une personne cisgenre, dont le genre correspond au sexe assigné à la naissance), est-ce que vous vouliez, après avoir transitionné, être assimilé à un homme cis ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que ça fait de ne plus être genré au féminin ?  

O. Je ne parle jamais d’« après ma transition », dans le sens où j’ai toujours été, et serai toujours, une personne trans. Car mon identité s’est construite dans cette complexité d’être une personne assignée femme qui vit des oppressions spécifiques et ça, je ne l’efface pas. Et c’est quelque chose qui s’est articulé bien plus précisément après ma transition et en vivant, en plus, d’autres violences quotidiennes dues à ma transidentité : on ne passe jamais du côté dominant et je ne serai jamais un mec cis. Et tant mieux d’ailleurs ! Parce que si je tiens à être reconnu comme un homme – et ça peut sembler paradoxal –, je ne m’identifie pas aux hommes cis, mais bien comme un homme trans. C’est particulier.  

Et je pense que ce passing m’a apporté un confort dans l’espace public : je ne suis plus sexualisé et j’ai a priori moins peur des regards. Mais, d’un autre côté, beaucoup de choses restent, et les complexes en sont un exemple flagrant. En transitionnant, je m’étais dit que je n’en aurai plus, car les mecs s’en foutent quand ils ont du bide, mais pas du tout ! Il y a tellement de chose qu’on intériorise en tant que femme, dont la grossophobie. Maintenant aussi, les mecs vont être plus sympas avec moi, il y a comme des trucs de connivence. 

ELLE. Et c’est pour ça que vous avez donné le titre « En infiltré·e·s » à cette saison ? Parce que vous vous infiltrez ces groupes « masculins » ? 

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