Alors que l’élection de Miss France 2020 se déroulera le 14 décembre 2019 à Marseille, Paris Match a interviewé Miss Guadeloupe, alias Clémence Botino.

Quel âge avez-vous ?

J’ai 22 ans.

Où avez-vous grandi ?

J’ai grandi en Guadeloupe, dans la commune du Gosier.

Pourquoi souhaitez-vous devenir Miss France ?

Miss France est un rêve de petite fille qui continue d’habiter la jeune femme que je suis aujourd’hui. Devenir Miss France est aussi une façon de m’imposer, de partager mes idées, d’argumenter et d’agir, car c’est une opportunité et une chance de mettre en avant certaines causes. En tant qu’historienne, j’ai conscience de l’importance de notre patrimoine, de notre Histoire. L’incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris nous a montré à quel point cette dernière était fragile. On vit dans une société où l’essentiel se perd et j’aimerais mettre l’accent sur les valeurs et les principes qui nous lient. Devenir Miss France, c’est aussi faire de belles rencontres et vivre des évènements uniques à travers la France. C’est l’occasion de promouvoir ma région, mon pays à travers ses richesses, ses spécificités mais aussi d’apprendre à connaître tout ce que les régions françaises ont chacune à offrir.

Racontez-nous votre parcours ?

Mon parcours est très atypique. Après un baccalauréat scientifique mention très bien, j’ai choisi de partir vivre une année aux Etats-Unis, j’avais à peine 17 ans. J’ai étudié dans une école internationale à Miami et vécu en colocation avec trois autres filles de nationalités différentes. La meilleure méthode pour devenir bilingue très rapidement ! C’est d’ailleurs là qu’est née ma passion pour la salsa. A Miami, j’ai réalisé que les sciences m’attiraient beaucoup moins que l’authenticité des filières littéraires. J’ai donc décidé d’intégrer à mon retour en Guadeloupe une classe préparatoire littéraire. Mon champ de connaissances s’est élargi sur des sujets divers en lettres, en philosophie, en langue et bien sûr en histoire. J’ai poursuivi par une troisième année de licence d’histoire à l’université Paris-Sorbonne à Paris. Aujourd’hui je suis en master d’histoire de l’art dans cette même université et je me suis spécialisée en histoire de la mode. Je suis passionnée par ce domaine et je souhaiterais m’orienter vers la conservation de patrimoine de la mode.

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Qu’est-ce qui vous différencie des autres candidates ? Quel est votre point fort ?

Je dirais ma maturité ! Je n’aurais pas été la même si je m’étais présentée à 18 ans. Même si on peut être très mûre à 18 ans, j’ai beaucoup de recul sur les choses et je sais m’adapter aux situations. C’est cette maturité qui m’a permis de définir ce projet, de le construire et aujourd’hui de le porter. Je suis également très déterminée et très réfléchie, je n’agis jamais sur un coup de tête.

Pensez-vous avoir «un talon d’Achille» qui pourrait jouer contre vous ?

Ma plus grande faiblesse est aussi ma plus grande force. Je crois en mes projets, j’ai travaillé pour et je me suis durement préparée. Le plus important est de garder à l’esprit ses objectifs, et de ne pas dévier. Cela nécessite un travail sur l’esprit, que j’ai entamé bien avant l’élection de Miss Guadeloupe. Je suis prête, j’ai le soutien de mes proches et je dirais tout simplement que je crois en moi. J’ai relevé plusieurs challenges dans ma vie, j’ai connu la réussite, mais aussi l’échec. Toutes ces expériences m’ont permis de grandir et de justement croire en mes capacités. Cette année, j’ai décidé d’être ma plus grande alliée.

Comment a réagi votre famille lorsque vous vous êtes embarquée dans cette aventure ?

Ils ne m’ont pas crue ! J’avais toujours eu comme coutume de déclarer à la fin de chaque élection Miss France que je serai candidate l’année d’après. Ils pensaient que ça allait passer, comme tous les ans… Mais en mars 2019, ils ont réalisé à quel point j’étais déterminée. Mon père a alors accepté l’idée, mais cela a été plus compliqué pour ma mère. Tout cela lui paraissait farfelu, abstrait, elle m’a avoué que jusqu’à la veille de l’élection Miss Guadeloupe 2019, elle pensait que j’allais changer d’avis. Je suis très proche de ma famille, nous sommes très soudés. Aujourd’hui ils sont très heureux et sont sans cesse surpris par l’engouement autour de ma candidature. Beaucoup d’amis de mes parents me soutiennent de manière indéfectible et cela les touche énormément. Le plus surprenant a été la réaction de mon frère de 20 ans, même s’il n’est pas très démonstratif, il est très fier.

Quelle Miss France dans l’histoire vous a particulièrement marquée ? Pourquoi ?

Je me dois de faire référence aux deux Miss Guadeloupe qui ont été Miss France, Véronique de la Cruz (1993) et Corinne Coman (2003), cependant je me reconnais dans ce que véhicule Flora Coquerel (2014). J’admire également son parcours car je la trouve très polyvalente. Elle porte différentes casquettes, que ce soit dans l’humanitaire, la mode et la beauté. Elle allie classe et douceur.

Quelles sont les causes qui vous sont chères ? Quel combat mèneriez-vous si vous devenez Miss France ?

Je dirais le rapport entre les générations et l’isolement des personnes âgées. Notre population est vieillissante et trop souvent «vieillir» est synonyme d’obsolescence. Dans mon travail d’historienne, je rencontre souvent des personnes âgées qui ont des choses à m’apprendre. En effet la transmission orale est essentielle et présente. Nos grands-parents sont des archives vivantes, ils font partie de notre patrimoine et de notre histoire. Que l’on soit âgé ou jeune, nous avons tous quelque chose à dire et nous devons participer à l’élévation de notre société.

Parlez-nous de votre région, pourquoi êtes-vous fière de la représenter ?

La Guadeloupe, c’est mon papillon, mon petit paradis. Scindée en deux par un bras de rivière qu’on appelle la Rivière salée, on retrouve des paysages sauvages, montagneux, autour du volcan de la Soufrière en Basse Terre. On y trouve également des plages de sable blanc, non loin des falaises du Nord de la Grande Terre. En plus des paysages idylliques, c’est toute une culture qui parle à travers la cuisine, le carnaval, la musique, la danse, le sport, la littérature, la peinture. Je suis fière de représenter la culture guadeloupéenne, j’ai même choisi de l’étudier. Dans mon master d’histoire de l’art j’étudie le «costume créole», c’est une recherche que j’ai décidé de mener. C’est un peu comme un voyage sur les traditions vestimentaires et la transmission de savoir-faire.

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Je suis prête à prendre le coeur des Français

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Au-delà de l’élection avez vous déjà un projet professionnel ?

A travers mon parcours, j’ai pris le temps de mûrir mon projet professionnel. L’histoire de la mode est un domaine tout nouveau et très peu connu que j’ai découvert par hasard. Aujourd’hui on constate que de nombreuses maisons de couture en France et ailleurs possèdent des musées ou organisent des expositions lors d’évènements clés. Je me suis donc vite passionnée pour les métiers dédiés à la valorisation de patrimoine de ces maisons de couture. Certaines sont vieilles d’un siècle et les archives qui s’enrichissent au fil des ans sont un véritable trésor. Devenir conservateur de patrimoine, c’est comme protéger notre histoire et remplir mon devoir de mémoire.

Avez-vous un modèle, une personne qui vous inspire ?

Il y a une artiste que j’admire beaucoup, il s’agit de Melody Gardot. C’est une interprète de jazz et de soul, une bossa nova de talent, que j’écoute souvent. Pour moi, sa musique transcende tous les styles et s’inspire justement de plusieurs cultures et instruments. Le plus touchant, c’est son parcours et les raisons pour lesquelles elle a débuté la musique. Elle a été victime d’un accident grave lorsqu’elle était jeune, et a pu se relever grâce à la musique. Ses textes et ses mélodies retranscrivent toutes ces émotions et ces vibrations.

Les concours comme Miss France sont souvent critiqués par rapport à l’image de la femme qu’ils véhiculent. Qu’en pensez-vous ?

Il y aura toujours des polémiques, mais je dirais tout simplement que les choses ont bien évolué. Je respecte l’avis de chacun, mais on ne peut nier que l’image de la femme dans les concours de beauté, tout comme dans la société, a changé. Aujourd’hui ce sont des femmes qui osent, qui évoluent dans des spécialités et des domaines divers. Ce sont aussi des femmes qui s’assument, disent ce qu’elles pensent, argumentent. Nous sommes très loin de la représentation physique, elles n’hésitent pas à donner leurs avis sur des questions d’actualité et j’ajouterais que ce nouveau modèle de Miss contribue au rayonnement des femmes en général. Elles incitent les jeunes filles à être elles-mêmes et à vivre de leurs passions. Aujourd’hui on peut être miss et médecin, miss et avocate, miss et ingénieure et dans mon cas miss et historienne de l’art. D’ailleurs mes professeurs d’histoire me soutiennent avec beaucoup d’enthousiasme pour l’élection Miss France, c’est la preuve que les mentalités ont évolué.

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Etes-vous un cœur à prendre ?

Non, mais je suis prête à prendre celui des Français.

Pouvez-vous nous raconter un événement marquant de votre vie ?

Le jour où j’ai obtenu mon permis de conduire… après quatre tentatives bien sûr. En Guadeloupe nous sommes tributaires des moyens de transport et avoir son permis c’est véritablement obtenir la clé de la liberté. Je l’ai obtenu en 2017 et je crois bien que ça a été mon hallenge le plus difficile.

Quel est votre film préféré ?

Le film «Ghost» est un de mes classiques. Cette romance fantastique est super car elle nous fait à la fois rire et pleurer. Petit clin d’œil à l’interprétation de la grande Whoopi Goldberg, qui amène une touche d’humour à une histoire tragique. Ce film permet aussi de découvrir Patrick Swayze dans un registre différent de «Dirty Dancing». Quant à la bande originale, elle sublime ce scénario touchant.

Quel est votre plat préféré ?

C’est un plat typiquement antillais qu’on appelle court-bouillon de poissons. Il s’agit d’un poisson mariné dans un bouillon, à base de beurre rouge, qu’on mange avec du riz blanc. Un vrai délice.

Pratiquez-vous un sport ?

Cette année j’ai eu la chance de commencer la boxe française. C’était un bon moyen de me tonifier et de vider mon esprit. C’est un sport qui nécessite beaucoup d’endurance et d’agilité ! C’était un vrai challenge pour moi, même si j’ai encore beaucoup à apprendre. En dehors de la boxe, je fais principalement du fitness pour entretenir l’esprit et le corps. Lorsque je suis en Guadeloupe, je n’hésite pas à faire des footings au bord de l’eau, c’est un bon moyen de se ressourcer.

Quels sont vos secrets beauté ?

Je ne pense pas avoir de secrets, il faut juste adopter des gestes simples. Par exemple je prends soin de mes cheveux. J’utilise des produits d’origine naturelle, comme des masques composés d’huile de ricin et d’huile de coco, c’est toujours une bonne façon de les revitaliser. Pour le maquillage, je dirais d’abord l’anti-cernes ! Le climat en France hexagonale a tendance à nous donner un teint grisâtre, c’est donc un essentiel pour l’effet «bonne mine». J’aime beaucoup le blush aussi, il ramène une petite touche rosée au teint. Cependant, je pense que l’essentiel pour bien entretenir sa peau, c’est de mettre un point d’honneur à toujours bien se démaquiller ! Plus jeune ma mère me répétait sans cesse qu’une nuit sans se démaquiller, revenait à huit jours de perdu pour la peau… Autant vous dire que je ne me couche jamais sans me démaquiller.

Quelle est votre chanson préférée ?

Je pense tout de suite à la chanson de Sting «Englishman in New York». C’est un artiste que j’aime beaucoup et cette chanson, en plus d’être un vrai chef-d’œuvre, porte un message fort.

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