Revue du Madame.- L’ex-présentateur du «Grand Journal» signe en cette fin d’année son premier film, Toute ressemblance…, en salles le mercredi 27 novembre. L’occasion d’évoquer pêle-mêle ses angoisses, son rapport à la spiritualité et sa rencontre à Cannes avec Sharon Stone.
Cinquante ans après ses débuts dans le monde de la télévision, Michel Denisot voit plus grand que la «petite lucarne». L’ex-animateur du «Grand Journal» signe en cette fin d’année son premier film, Toute ressemblance…, en salles le mercredi 27 novembre. Il y évoque le quotidien agité d’un présentateur télé chevronné. Difficile d’y voir une simple coïncidence, quand le long-métrage lui-même sème le doute : toute ressemblance avec des personnalités du PAF serait-elle purement fortuite ? Dans ce film qui tient plus du thriller que de la comédie loufoque, Franck Dubosc incarne Cédric Saint Guérande – dit «CSG» -, l’indétrônable présentateur du JT de 20 heures. L’orgueil de l’animateur et ses multiples incartades pourraient bien précipiter sa chute.
Certains y verront un parallèle avec les dérapages de PPDA – par ailleurs présent dans le film. De son côté, Michel Denisot affirme ne pas s’identifier à son antihéros. Fair-play, il admet néanmoins un accès de mégalomanie… et quelques lendemains difficiles. À la tête de l’émission Canal + durant près de dix ans (d’août 2004 à juin 2013, NDLR), puis directeur de la rédaction de Vanity Fair France, l’ancien journaliste esquisse aujourd’hui ses adieux – ou de simples au revoir ? – au petit écran. À 74 ans, il officiera désormais derrière la caméra. À l’instar de ces cinéastes qu’il a lui-même interviewés durant des décennies.
« Passion et nervosité »
Michel Denisot passe derrière la caméra et signe son premier film « Toute ressemblance… », en salles le 27 novembre.
Madame Figaro. – Nous avons évoqué dans nos colonnes les coulisses des tabloïds anglais, entre sexe, mensonges et royauté. Si vous deviez résumer les coulisses de la télévision en quelques mots… ?
Michel Denisot. – Les coulisses de la télévision, c’est beaucoup de passion, de nervosité et en même temps d’incertitude, d’angoisse et de volonté de réussir.
La danseuse étoile Dorothée Gilbert affirme que la vie sentimentale d’une danseuse est «très compliquée». À quoi ressemble celle d’un présentateur télé ?
Dans mon film, le présentateur télé a une vie sentimentale très agitée. C’est un jouisseur qui a un gros ego, il est plus en vue que la majorité des hommes. Mais ce n’est pas un macho non plus. Il s’est séparé de la mère de son fils, car il a fait passer sa vie familiale trop au second plan. Ma vie personnelle n’a rien à voir avec la sienne ! Ce n’est pas du vécu, je ne suis pas divorcé, et je suis marié depuis quarante-cinq ans (Rires).
Une présentatrice star de la chaîne américaine ABC a révélé comment l’affaire Epstein avait été étouffée en 2016. A-t-on déjà essayé de vous brider ?
Parfois, il y a eu des affrontements avec les directions de chaîne sur le traitement d’un sujet – ce qui est normal quand on a une hiérarchie. Mais je n’ai jamais été confronté à une situation de malaise au point de vouloir démissionner. Parfois, pendant les campagnes électorales, c’est quand même un peu tendu en raison des problèmes de temps de parole. On est obligés de recevoir des gens avec qui on n’a pas envie de passer une demi-heure, mais il faut le faire.
En vidéo, « Toute Ressemblance… « , la bande-annonce
Instant »mégalo »
La nouvelle autobiographie de Rihanna pèse 5,8 kilos et rassemble 1050 clichés. Quelle est la chose la plus mégalo que vous ayez jamais faite ?
C’était avec Rihanna, justement. Et je ne l’ai pas fait exprès. Quand je présentais le «Grand Journal», j’ai fait un live avec elle. Les répétitions se sont passées normalement, elle est restée sur scène. Pendant le direct, elle est venue s’asseoir sur mes genoux, et elle s’est approchée de moi. Elle a chanté à 5 cm, front contre front, c’était imprévu. Et mégalo, parce qu’après, j’ai un peu fait le beau avec la photo.
Dans son livre Et c’est cela qui changea tout, Valérie Pécresse raconte un entretien d’embauche lunaire avec Dominique de Villepin. Avez-vous déjà mené une interview complètement insensée ?
Je ne sais pas faire ça. J’ai besoin d’être très structuré dans ma préparation. En général, je ne lâche pas le truc. Donc ça m’échappe un peu parfois, mais jamais vraiment. Je n’ai pas de souvenir que ça soit déjà parti «en sucette», disons.
Sharon Stone a récemment rejoué la scène mythique du croisement de jambes dans Basic Instinct. Quel est votre moment de cinéma préféré ?
C’est celui-là ! Quand Basic Instinct a été présenté à Cannes, j’ai fait l’interview de Sharon Stone et Michael Douglas pour RTL, la veille de la projection. Elle était comme une actrice qui avait envie d’être plus connue. Elle ne savait pas que le film allait avoir cet impact. Elle a monté les marches du festival en actrice, elle les a redescendues en star. Son entrée dans la légende, si je puis me permettre, a été ce film, et cette scène dont vous reparlez et qu’elle assume totalement, ne lui a pas été volée.
« Never complain, never explain »
Des experts du sommeil estiment qu’après une soirée agitée, il vaut mieux dormir une heure et demie, plutôt que de passer une nuit blanche. Quelle est la nuit blanche la plus mémorable que vous ayez jamais passée ?
À Cannes, quand je présentais le «Grand Journal», j’ai fait une nuit blanche pour l’anniversaire d’un membre de l’équipe. C’était un challenge de ne pas dormir du tout jusqu’à l’émission du lendemain. Quand on arrive sur le plateau à 19 heures, on sait que l’on n’a pas l’esprit très clair. On a peur de dire un truc qui n’a rien à voir, d’un seul coup. Un truc qui vous traverse la tête et qu’on ne contrôle plus. Il m’est arrivé d’avoir quelqu’un de très connu et de ne plus me souvenir de son nom, donc j’avais peur qu’il s’arrête au milieu d’une phrase.
«L’élégance, c’est se sentir bien avec tout le monde», estime Carine Roitfeld. Et pour vous, c’est quoi l’élégance ?
L’élégance, c’est de ne jamais se plaindre : «never complain, never explain.»
Nous avons décrypté ce qu’était l’autophobie, la peur de la solitude. Quelle est votre pire angoisse ?
Ma pire angoisse, c’est mourir. Brûlé, noyé, enfin des trucs qui ne durent pas longtemps mais sont très violents. Je ne suis pas très courageux face à la mort, donc si je pouvais mourir en dormant…
Paula White est une pasteure américaine évangéliste, qui vient de devenir la conseillère spirituelle de Donald Trump. Êtes-vous quelqu’un de spirituel ?
Non, mais j’aime côtoyer la spiritualité. J’ai eu la chance, dans mon métier, de fréquenter des gens au sommet, que ça soit Mike Tyson pour la boxe ou le dalaï-lama pour la spiritualité. J’ai passé huit jours à Dharamshala, là où résident le dalaï-lama et son gouvernement en exil. J’étais avec une équipe de Canal+, il n’y avait aucun bouddhiste parmi nous, mais on est revenus plus heureux d’avoir partagé sa pensée, et d’avoir vécu dans un monde de spiritualité qui n’est pas du tout notre quotidien. C’est pour cela qu’il y a un moine bouddhiste dans Toute ressemblance… – par ricochet.
Mariah Carey a immortalisé son dimanche improbable avec Blake Lively, Ryan Reynolds et ses enfants. Avec qui on serait étonné de vous croiser le dimanche, vous ?
Dans ma vraie vie, il n’y a pas de surprise. Le dimanche, je suis souvent avec mes enfants et petits-enfants. Ma vie professionnelle prend tellement de place dans ma vie familiale, que je n’en ai jamais rajouté. J’ai essayé de rester étanche. Donc je ne me promène pas avec des vedettes le dimanche.
Le plus grand regret de la reine d’Angleterre est la catastrophe d’Aberfan. Quel est votre plus grand regret après vos années dans le monde du PAF ?
Je regrette de ne pas avoir vingt ans de moins. Je pense que si c’était le cas, après avoir fait ce film, j’essaierais de ne faire que du cinéma, et plus de télévision.
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