Impayés, procès, soupçons de travail dissimulé et de pratique commerciale trompeuse : le chef Christophe Leroy a laissé bien des affaires derrière lui durant sa carrière. Aujoud’hui épinglé pour des dîners clandestins et ses liens avec Pierre-Jean Chalençon, il ajoute un autre scandale à son lourd passif.

Pierre-Jean Chalençon

La polémique ne faiblit pas : le 2 avril dernier, M6 dévoilait au grand public l’existence de « clubs privés » qui fonctionnent de la même manière qu’un restaurant : cartes, menus à prix très élevés, service à table et ambiance feutrée… Ces soirées qui s’organisent malgré les restrictions sanitaires scandalisent. Mais certains des organisateurs ne se sont pas vraiment cachés, bien au contraire : Pierre-Jean Chalençon avait par exemple annoncé l’ouverture d’un « club des gastronomes » dans son Palais Vivienne, avec son « ami Christophe Leroy ». Lorsqu’il n’est pas avec son camarade, ce chef de 57 ans a son propre club, le Leroy’s Business Club, dans un appartement à deux pas des Champs-Elysées. Un nouvel établissement pas vraiment caché, puisqu’il l’avait fièrement présenté il y a quelques semaines dans Ouest-France : il a même été visité par plusieurs critiques gastronomiques et même par des célébrités en janvier dernier. Christophe Leroy est désormais au cœur du scandale, ce qui n’est pas nouveau pour lui : durant sa carrière, l’homme a cumulé les affaires

Christophe Leroy attaqué sur sa cuisine « naze »

En découvrant les photos des plats de Christophe Leroy publiées sur Instagram, bien des internautes avaient éclaté de rire. Le Parisien en remet une couche ce 6 avril dans un portrait au vitriol du chef. On y apprend que même durant son heure de gloire, à Saint-Tropez dans les années 90, la qualité n’était pas toujours au rendez-vous. A l’époque, il cuisinait à La Table du marché et aux Moulins de Ramatuelle. « La Table du marché, j’y ai été en 98, c’était un scandale au niveau de la cuisine, c’était naze, raconte un gastronome préférant rester anonyme dans Le Parisien. Leroy avait des people dans son restaurant tous les jours. Tous ces gens, quand ils faisaient une fête, appelaient Christophe. Il s’est toujours intéressé à cet univers. Ça le faisait briller, et surtout, derrière, il y a de l’argent. » Celui qui aime se faire appeler le « chef des stars » assure avoir cuisiné pour le mariage de Johnny Hallyday et Adeline Blondieau et aime poser avec des célébrités sur Instagram.

En 2000, Christophe Leroy avait développé sa Table du marché en ouvrant une version de son restaurant à l’Hôtel des Dromonts à Avoriaz. Les anciens employés n’en gardent pas tous un bon souvenir. Tony, un chef de 29 ans qui y était à l’époque commis, a assuré dans Le Parisien que l’homme n’avait « rien d’un grand chef » et servait juste une « cuisine de brasserie avec une belle nappe ». Sa gestion a été très critiquée : « À Avoriaz, il avait des impayés partout, notamment chez Métro. On devait aller faire des courses à Carrefour pour les clients de l’hôtel ! », a raconté Tony. L’ancien commis a raconté au Parisien qu’il n’avait pas reçu ses derniers salaires et qu’il avait dû se battre pendant quatre ans, en allant jusqu’à lancer une procédure aux Prud’hommes, pour enfin les obtenir. La même chose a été reprochée à Christophe Leroy de l’autre côté de la Méditerranée.

Plus d’un million d’impayés au Maroc pour Christophe Leroy

Au début des années 2000, le chef s’était installé au Maroc, où il a géré plusieurs affaires dont Les Jardins d’Inès à Marrakech. Comme l’avait révélé le magazine marocain Telquel en 2017, le chef aurait laissé 10 millions de dirhams de loyers impayés (soit près d’un million d’euros) en quittant le pays. Du matériel aurait également disparu, pour 3 millions de dirhams, soit plus de 280 000 euros. En avril 2017, le chef a été poursuivi au Maroc pour « complicité d’abus de confiance » et a même été soupçonné d’avoir « tapé dans la caisse », rapporte Le Parisien. L’affaire est évoquée par une source française au Maroc dans le quotidien : « Il est parti sans payer personne, je me suis fait payer parce que j’avais demandé des chèques personnels. Mais tous ceux qui ont travaillé à la confiance ont été plantés. Il a été exfiltré du pays alors qu’il aurait dû être condamné ». En 2017, Telquel assurait que « les témoignages des anciens employés non payés se comptent par dizaines » : « Falahi, le jardinier, s’est introduit dans la chambre de Christophe Leroy pour le réveiller pendant sa sieste et obtenir son dû, rapportait le magazine marocain. Un plongeur a menacé de se taillader les veines sur place. Idem côté fournisseurs. »

Cette même année 2017, Christophe Leroy a aussi tout perdu en France. Ses deux restaurants de la côte d’Azur, dont Les Moulins de Ramatuelle, ont été placés en liquidation judiciaire avec un passif de dettes de près d’1,2 million d’euros. Au moins huit autres sociétés de Christophe Leroy avaient été placées en redressement ou liquidation judiciaire précédemment. A l’été 2017, nouvelle déconvenue : son restaurant ouvert avec Pamela Anderson, La Table du marché by Pamela, a fermé neuf jours après son ouverture. « J’ai dû retirer mon nom de ma collaboration d’avec Christophe Leroy, avait annoncé l’actrice sur Instagram. Je ne peux pas fermer les yeux sur le mauvais traitement du personnel ni sur le manque de respect total. » Comme le résumait une source de Telquel, le chef était « grillé sur toute la côte ».

Un procès devrait avoir lieu en septembre 2021

Comme le rapportait Var-Matin à l’époque, Christophe Leroy a tenté de mettre fin à ses jours en 2017. Il a finalement su se relever, malgré de lourds démêlés judiciaires : la justice s’est intéressée aux conditions, a priori suspectes, de la liquidation des Moulins de Ramatuelle. Le chef a été renvoyé en correctionnelle en octobre 2019 « sur diverses préventions dont banqueroute, usage de faux, exécution de travail dissimulé et pratique commerciale trompeuse », a indiqué Var-Matin. Le procès devrait avoir lieu en septembre 2021 à Fréjus. D’ici là, d’autres ennuis pourraient arriver : le procureur de Paris Rémy Heitz a ouvert dimanche dernier une enquête pénale à la suite du scandale sur les dîners clandestins. Des soirées difficiles à nier, Christophe Leroy ayant maintes fois partagé des photos de ces événements sur les réseaux sociaux…

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