Si la fête des célibataires n’en était pas une jusqu’au XXe siècle, elle cultive aujourd’hui son esprit drôle et suranné dans les maisons de couture et les grands magasins.
«Sainte Catherine d’Alexandrie, aide-moi. Ne me laisse pas mourir célibataire. Un mari, sainte Catherine, un bon, sainte Catherine ; mais plutôt un que pas du tout», priaient autrefois, chaque 25 novembre, les jeunes femmes non mariées de 25 ans révolus, qui coiffaient alors un grand chapeau vert (pour l’espoir) et jaune (pour la foi) afin d’être remarquées par un éventuel soupirant. Aujourd’hui, peu de Françaises perpétuent la tradition. Excepté dans les ateliers de haute couture, les grands magasins, les joailliers et certaines écoles de mode qui célèbrent la patronne des modistes, moins pour trouver un mari que pour s’amuser.
En images, six clichés exclusifs du livre Dior par Peter Lindbergh
Dior dans l’objectif de Lindbergh : un ouvrage en deux tomes retraçant soixante-dix ans d’histoire de la maison.
Alek Wek, dans le tailleur Bar créé par Christian Dior.
Ensemble de la ligne Corolle, collection Haute Couture, printemps-été 1947.
Saskia de Brauw dans une robe Diorama.
Ligne Corolle, collection Haute Couture, printemps-été 1947.
Kiki Willems dans une robe Nuit de Grenade par Yves Saint Laurent.
Collection Haute Couture, printemps-été 1960.
«C’est la date la plus importante du calendrier, pour nous, chapeliers des studios de création ! explique Stephen Jones, modiste qui dessine, entre autres, les chapeaux de Dior depuis 1997. Monsieur Dior aimait tant cette journée, et l’exercice me plaît davantage chaque année. D’ailleurs, la première fois que j’ai créé des modèles pour la maison, c’était à l’occasion des catherinettes, il y a plus de vingt ans ! Chaque année, Maria Grazia (Chiuri, directrice artistique des collections femme, NDLR) et moi-même offrons une centaine de chapeaux, ce jour-là, à nos célibataires travaillant pour la mode et les parfums, mais aussi à nos nicolas, le pendant masculin. Nous les coiffons d’un accessoire frais et élégant, reflétant l’esthétique de Dior.»
« Un jour festif et bon enfant »
Ce jour-là, l’excitation est à son comble dans les ateliers couture de Paris. Pour les maisons de luxe, c’est l’opportunité de mettre en avant les petites mains et les arpètes, qui seront peut-être les prochaines «premières». Loin de s’essouffler, la tradition s’est même élargie, il y a quelques années, à l’ensemble des équipes de ces maisons, des services marketing aux boutiques. Vendredi dernier à 9h30, au Théâtre des Champs-Élysées, les catherinettes et nicolas des grandes griffes (Chanel, Dior, Louis Vuitton, Cartier, Nina Ricci) participaient au traditionnel défilé organisé depuis vingt-cinq ans par le Comité Montaigne. «C’est un jour très festif et bon enfant où nous fêtons les générations montantes, explique Alain Quillet, président du Comité Montaigne. Suite au défilé devant le jury qui leur dessert le prix de l’élégance, de l’originalité et de l’extravagance, tous partent en procession jusqu’à l’Hôtel de Ville. Puis, dans leurs maisons respectives, un déjeuner est servi en leur honneur.»
En vidéo, le défilé Dior printemps-été 2020
Demain, vous pourrez encore assister à quelques réjouissances au Printemps Haussmann, où les jeunes employées qui auront coiffé sainte Catherine iront dans les étages et sous la coupole, à la rencontre des clients pour faire voter en faveur de leur création. «Depuis 1920, le grand magasin aussi célèbre ses collaboratrices, raconte Xavier Gaudemet, responsable culture de marque au Printemps. C’est un jour libéré pour ces jeunes filles qui se font maquiller et chapeauter par leurs équipes de presse, marketing, maroquinerie… Les ateliers de retouches donnent leurs chutes de tissu et l’on organise une serpentine. Deux règles simplement : les chapeaux, en jaune et vert, doivent refléter leur métier.»
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