Invitée exceptionnelle de notre magazine, le top model Naomi Campbell a été notre rédactrice en chef pour un numéro spécial, dont elle signe l’édito.
À mes débuts, très peu de femmes noires défilaient. Certains grands couturiers, comme Azzedine Alaïa, mon papa, ont bousculé le système en faisant travailler sans discrimination des mannequins de couleur. Il y eut aussi Monsieur Saint Laurent, bien sûr, puis Gianni Versace. S’ouvrit alors une séquence de mode devenue légendaire. Depuis mes 18 ans, je me bats pour la diversité et l’inclusivité, et ce discours, mon discours, a été diversement reçu.
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On me disait «difficile» parce que je refusais d’être stéréotypée ou ostracisée, et que je n’acceptais pas d’être moins payée que les autres modèles. Les choses ont progressé, mais la route est encore longue. La mort tragique de George Floyd, l’apparition du mouvement Black Lives Matter et une vraie prise de conscience font que rien ne sera plus jamais comme avant, et on ne peut que s’en réjouir. Il s’agit désormais de comprendre et d’accompagner les nécessaires changements de civilisation.
C’est à mon tour de faire entendre ma voix pour les autres. Pas seulement pour la communauté des mannequins, mais aussi en faveur des talents créatifs africains. Pour moi, l’Afrique n’est pas une découverte : je la porte aux nues depuis près de trente ans. J’y vais régulièrement, de plus en plus fréquemment, et je tiens absolument à ce que ces jeunes créateurs soient visibles, considérés et reconnus au même titre que ceux du reste du monde.
Naomi : robe en tulle, Nicolas Lecourt Mansion, t-shirt en coton recyclé, Pangaia. Boucles d’oreilles et bracelets (À gauche) Goossens, collier Aurélie Bidermann, bracelet (À droite) Chloé, escarpins Jimmy Choo. Maquillage Pat McGrath par Angloma.
À gauche. Les filles : robe en coton blanc et robe en polyester recyclé, Ester Manas, sweat en coton recyclé, Pangaia, et robe en mesh, Marine Serre. tongs Kenzo. À droite.
Naomi : manteau en gabardine, Prada, robe en toile, Miu Miu. Boucle d’oreille, Charlotte Chesnais, colliers et bagues personnelles, sac Coperni, escarpins Paco Rabanne.
Alpha : chemise en coton, Miu Miu, jupe en lin, Zimmermann. Chapeau Kenzo, sac porté en tablier, Mansour Martin, sac rose Corto Moltedo.
Naomi : robe en mousseline de soie brodée de plumes, Saint Laurent par Anthony Vaccarello. Boucles d’oreilles, Charlotte Chesnais.
La grandeur de l’Afrique passe par sa jeunesse – son énergie, sa vibration, sa passion, ses savoir-faire uniques. Elle est là, bouillonnante, prolifique et créative, et l’avenir de l’Afrique est entre ses mains. Les cartes sont rebattues, les pays commencent à bouger, une nouvelle donne voit le jour. Pour ce numéro exceptionnel de Madame Figaro, j’ai choisi d’être photographiée à Lagos, au Nigeria, par Prince Gyasi, un jeune artiste ghanéen. En trente-quatre ans de carrière – c’est fou de le constater –, je peux compter sur les doigts d’une main les fois où j’ai travaillé avec des photographes noirs… Il est urgent d’éveiller les consciences. Connecter ma culture. Connecter les cœurs.
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