La France fait figure d’exception en maintenant les écoles ouvertes. Mais face à la propagation du virus, la fermeture des écoles, collèges et lycées est de nouveau sur la table. En Ile-de-France, Valérie Pécresse propose d’avancer les dates des vacances de Pâques pour fermer les écoles le 2 avril.
- Fermeture écoles, collèges, lycées
- Nombre de classes et d’écoles fermées
- Fermetures d’écoles recommandations
- Fermeture d’écoles efficace ?
[Mise à jour du 25 mars à 9h49]. Depuis la fin du premier confinement, le gouvernement refuse de fermer de nouveau les écoles, au vu des conséquences sur le décrochage scolaire, l’aspect social et psychologique pour les enfants. Maintenir les établissements scolaires ouverts est donc une priorité « pour préserver autant que possible l’éducation de nos enfants », a déclaré Jean Castex ce 18 mars 2021. Pour Jean-Michel Blanquer, « il y a tout lieu d’en être fiers » avait-il déclaré ce 2 mars sur France Inter. « L’école n’est pas une variable d’ajustement, elle est fondamentale pour tous les enfants » avait-il ajouté. « Il y a plus d’avantages à ce que les enfants aillent à l’école que d’inconvénient. (…) La fermeture des écoles n’est en aucun cas le remède miracle pour vaincre l’épidémie. En revanche, quand vous fermez les écoles vous êtes sûr de créer des dégâts pour le futur qui sont considérables » a réaffirmé Jean-Michel Blanquer sur LCI ce 21 mars. Enfin, l’ouverture des écoles permet aussi aux parents de continuer à travailler.
Faut-il fermer les écoles, collèges et lycées ?
Le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures restrictives au niveau local dans 16 départements. Suite à un conseil de défense organisé ce 24 mars, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a annoncé que trois autres régions seraient concernées par ces mesures : le Rhône, l’Aube et la Nièvre. Quant au Premier ministre, il a déclaré que le gouvernement allait « continuer dans cette stratégie territorialisée tant que ce sera possible » et qu’il pourrait y avoir un nouveau durcissement de ces mesures. Dans les écoles, la pression sanitaire augmente et le taux d’incidence ne cesse d’augmenter. « Les taux de contamination sont très élevés dans la tranche d’âge 10 à 19 ans et ont presque doublé en deux semaines. Cela signifie que si on ne fait rien dans les lycées, voire les collèges, on va dans le mur« , a prévenu l’épidémiologiste Dominique Costagliola, invitée sur LCI. En outre, les chiffres seraient sous-estimés puisque les tests salivaires ne sont pas encore déployés dans le secondaire et que seuls 10% des élèves auraient accepté les tests antigéniques. Alors que les lycées sont désormais en demi-jauge dans les départements concernés par des mesures restrictives, la question de la fermeture des lycées se pose.
- Selon l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, « ce sont plus les collégiens et lycéens qui représentent un risque pour les adultes de leur foyer que les plus jeunes. » Il estime, sur le plateau de BFMTV ce 23 mars, qu’il faut « serrer la vis » au collège et au lycée, « dans les endroits où ça devient critique (…) et on peut aller jusqu’à une fermeture temporaire complète de l’établissement. C’est une mesure de dernier recours mais effectivement les autres pays n’en sont pas sortis autrement ». Aussi, si le gouvernement tente d’éviter une fermeture des écoles, collèges et lycées, une nouvelle aggravation des cas pourrait le contraindre à prendre de nouvelles mesures « en dernier recours ».
- En Ile-de-France, Valérie Pécresse propose de fermer les écoles le 2 avril en avançant la date des vacances scolaires de 15 jours. « Je me demande si la bonne mesure ne serait pas d’avancer les vacances scolaires de 15 jours afin de fermer les écoles dès le 2 avril » a-t-elle déclaré dans Paris Match.
- La fermeture des écoles : « un ultime recours », selon Gabriel Attal, « parce qu’on sait le coût éducatif » a-t-il déclaré sur France Inter ce 25 mars. Interrogé sur l’avancement des vacances de Pâques, le porte-parole estime que « toutes les propositions sont utiles, surtout quand elles ne nient pas la réalité des faits et qu’elles cherchent à trouver des solutions ». Néanmoins, le gouvernement souhaite encore éviter l’hypothèse de la fermeture des écoles. « Il y aurait un impact et des difficultés pour les familles. On sait le coût social ».
Combien de classes et d’écoles fermées en France ?
Avec seulement 10 semaines de fermeture d’écoles en un an, la France fait figure d’exception en Europe selon des données compilées par l’Unesco et publiées début février. L’Italie a fermé les siennes 30 semaines, complètement ou partiellement, l’Espagne 15 semaines tout comme la Belgique, l’Allemagne 24 semaines et le Royaume-Uni 26 semaines. Seuls quelques pays affichent moins de jours de fermeture que la France : c’est le cas de la Suisse et de l’Islande qui n’ont fermé leurs établissements scolaires que 6 semaines.
« Nous continuerons à fermer les classes des écoles, collèges et lycées au cas par cas, en lien avec les autorités de santé locales, chaque fois qu’un certain nombre de cas nous conduisent à cette décision » avait annoncé Jean-Michel Blanquer. Selon le ministère de l’Education nationale, à la date du 18 mars à 13h, 80 structures scolaires sont fermées en raison du Covid (63 écoles, 11 collèges et 6 lycées). 2018 classes sont également fermées. En ce qui concerne les cas de Covid confirmés, on compte 15484 élèves testés positifs ces 7 derniers jours, et 1809 cas du côté du personnel. Depuis le 12 février, le protocole sanitaire a été renforcé : les classes ferment à partir d’un cas en maternelle, de trois cas en école, collège ou lycée (Covid ou variant anglais), ou si l’élève est positif ou cas contact d’un de ses parents ou d’un membre de sa fratrie (variant brésilien ou sud-africain). Le ministère de l’Education nationale précise que les autorités sanitaires peuvent durcir temporairement et localement ce protocole.
Fermetures d’écoles : quelles recommandations en France ?
- Diviser les classes en deux ? Sur Europe 1, l’épidémiologiste Dominique Costagliola estime que toutes les classes devraient être divisées en deux pour enrayer l’épidémie. « Il vaudrait mieux prendre des mesures de freinage maintenant plutôt que d’attendre encore plusieurs semaines. (…) Il est préférable de couper les classes en deux, ce qui implique d’avoir des locaux supplémentaires. Si toute la classe est là pendant une semaine et pas celle d’après, l’impact n’est pas le même que si les élèves viennent chaque jour, mais seulement réunis par demi-groupes« , avance-t-elle.
- Le Conseil scientifique recommande l’ouverture des écoles. Ce 28 janvier, le président du Conseil scientifique a indiqué qu’il était favorable à l’ouverture des établissements scolaires, malgré la propagation du variant anglais du coronavirus. « Les données anglaises qui initialement suggéraient que le variant anglais était plus transmissible au sein des écoles et des enfants ne nous ont pas convaincus (…) C’est la raison pour laquelle (…) nous recommandions, y compris avec les variants, la poursuite de l’ouverture des écoles, parce qu’il y a d’autres enjeux (…) qui sont des enjeux sociétaux et en particulier pour les enfants qui sont issus des classes les plus fragiles ou socialement défavorisées. Nous restons pour l’instant sur cette position », a déclaré Jean-François Delfraissy. « Les enfants sont aussi un facteur de transmission mais ils ne sont pas un facteur de transmission particulièrement impliqué dans la transmission de ces variants », a ajouté le président du Conseil scientifique.
- Jean-Michel Blanquer toujours favorable à l’ouverture des écoles. Sur LCI, Jean-Michel Blanquer a réaffirmé que l’ouverture des écoles restait sa priorité. « On a réussi à ce que la France soit l’un des pays qui a connu le plus de jours d’écoles pour les enfants. Même dans les hypothèses de confinement, je suis favorable à ce que les écoles soient ouvertes« . Ce 24 janvier, le ministre de l’Education nationale avait également précisé : « Tout notre travail consiste à éviter cette hypothèse, même si elle reste concevable en cas de nécessité absolue. L’école reste essentielle pour nos enfants ». Malgré une hausse des cas de Covid-19 en milieu scolaire, le ministre dit préférer « les modalités qui ont prévalu en novembre, avec les établissements ouverts, d’autant que nous constatons a posteriori que notre stratégie a fonctionné. Tous les scénarios existent naturellement, mais nous partageons cette priorité éducative.
- L’Association Française de Pédiatrie ainsi que les sociétés savantes de pédiatrie plaident pour le maintien des écoles ouvertes. Ils observent depuis plusieurs semaines « une augmentation des consultations, admission aux urgences et hospitalisation pour motifs psychiatriques tels qu’anxiété, idées noires et ou gestes suicidaires souvent dans un contexte de maltraitance », précisent-ils dans un communiqué du 26 janvier. Aussi, « la perspective d’un nouveau confinement avec fermeture des écoles, crèches, collectivités et milieux socio-éducatifs laisse craindre une aggravation des effets délétères indirects de la pandémie déjà objectivés par de nombreux pays sur la santé mentale et sociale des enfants » alertent les pédiatres.
- Fermeture des écoles en dernier recours pour la HAS. La Haute Autorité de Santé recommande de laisser les écoles ouvertes en cas de confinement, et ne les fermer qu’en dernier recours. Sur France Inter, la présidente de la HAS Dominique Le Guludec a rappelé que « nous ne sommes pas dans la pire des configurations : les enfants ne sont pas ou très peu malades, c’est exceptionnel. Les écoles, c’est ce qu’il faut fermer en dernier« . Elle estime que de nouveaux outils comme les tests salivaires permettront de donner plus d’indications d’ici une quinzaine de jours. « On a tous appris que les écoles sont ce qu’il faut fermer en dernier. Il faut s’adapter à la situation épidémique » a-t-elle ajouté.
- L’OMS contre la fermeture des écoles. Dans son rapport épidémiologique hebdomadaire, l’Organisation mondiale de la santé avait fait le point sur l’enseignement et l’éducation, un an après la pandémie. « Les fermetures d’écoles doivent être un dernier recours, elles doivent être temporaires et seulement à un niveau local dans les zones de transmission intense« , préconise l’OMS qui souligne l’impact sur les écoliers les plus démunis, vulnérables ou fragiles. En outre, « plusieurs études ont montré que la réouverture des écoles n’avait pas correspondu à des hausses significatives de transmission dans la communauté ou à des pics d’infection« . Néanmoins, si par la suite, « on trouve que les enfants sont plus touchés, les mesures de santé publique pourraient devoir être ajustées » préconise l’OMS.
La fermeture des écoles, une solution efficace contre la propagation du virus ?
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Afin d’évaluer l’impact des mesures instaurées pour lutter contre le Covid-19, des chercheurs suisses ont analysé 1,5 milliard de mouvements à l’aide de données des opérateurs mobiles helvétiques entre le 10 février et le 26 avril 2020. A noter que la Suisse avait mis en place des mesures de restrictions avant même que le gouvernement fédéral n’impose un confinement partiel et une fermeture des écoles, le 16 mars. Leur étude a été publiée ce 10 janvier. Leur conclusion : la décision de fermer les écoles au printemps 2020 a été l’une des mesures les plus efficaces pour réduire la transmission du Covid-19, en Suisse. « La fermeture des écoles a réduit la mobilité de 21,6 % », détaille Stefan Feuerriegel, le directeur de l’étude auprès de l’AFP. Or, ajoute-t-il, en empêchant les écoliers de se déplacer et de se côtoyer, cela a permis « de réduire la vitesse de circulation du virus ». Selon lui, « si les écoles sont fermées, on peut espérer un grand changement dans les comportements. En effet, « non seulement les enfants restent à la maison, mais ça implique aussi parfois un changement pour les parents. »
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