Ce dimanche soir, M6 diffuse une enquête exclusive sur la mort de Marie Trintignant, morte en 2003 sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat. Un féminicide devenue le triste symbole des violences conjugales.
Le 26 juillet 2003, à Vilnius en Lituanie, Marie Trintignant achève le tournage du téléfilm Colette mis en scène par sa mère Nadine. Tandis qu’elle passe la soirée avec son compagnon Bertrand Cantat, une dispute éclate dans le couple. Un affrontement violent qui coutera la vie à l’actrice âgée de 41 ans.
Dans le cadre d’une soirée spéciale, M6 diffuse ce dimanche soir une enquête consacrée à la mort de la comédienne, devenue le triste symbole des violences conjugales. C’est la première fois que les images de l’audition du chanteur de Noir Désir face aux juges lituaniens sont rendues publiques. Pour la majorité des gens, Bertrand Cantat restera celui qui a frappé à mort Marie Trintignant. L’artiste, lui, n’aura de cesse de plaider «un tragique accident».
D’après Marlène Schiappa, ce meurtre apparaît aujourd’hui comme un «cas d’école». La secrétaire d’État, invitée à réagir face à la caméra, considère en effet que l’affaire Cantat coche toutes les cases du féminicide.
En vidéo, Marlène schiappa sur l’affaire Cantat : « Quand on aime quelqu’un, on ne la tue pas »
Un auteur qui minimise sa responsabilité
Dans la version qu’il livre à la justice, en août 2003, Bertrand Cantat plaide la dispute qui a mal tourné. «C’était un accident et une lutte. Il n’y avait aucun coup porté, véritablement qui pouvait donner la mort», estime la nouvelle icône du rock français, qui réfute alors totalement l’emploi du terme «crime». Pourtant, ce récit, confronté à de nouveaux témoignages révélés par M6, montre que le chanteur – comme la plupart des hommes violents – aurait en réalité cherché à minimiser sa responsabilité dans l’affaire. Voire même à cacher la vérité.
Fait plus surprenant encore : le musicien, âgé de 39 ans à l’époque, a tout fait pour se dédouaner. Il assure que c’est Marie Trintignant elle-même qui a lancé les hostilités : «Elle est devenue très très agressive, elle m’a frappé d’un coup de poing au visage.» Par la suite, il dépeindra un portrait peu flatteur de la comédienne, une femme qui consommait beaucoup d’alcool et de drogues.
Une vérité distordue
Bertrand Cantat face à la justice lituanienne. (Vilnius, le 31 juillet 2003.)
Durant son audition, Bertrand Cantat est interrogé sur les circonstances de la dispute, qui se déroule cette nuit-là dans l’une des chambres d’hôtel de Domino Plaza. «Je lui ai mis des claques, et pas des petites baffes, je ne peux pas mentir, déclare-t-il, la gorge serrée. C’est des grandes baffes. J’avais des bagues à mes doigts. C’est parti comme ça.»
Face à la justice lituanienne, le Béarnais avoue avoir donné «quatre, cinq ou six» coups «fort fort». Pourtant, la réalité aurait été encore plus violente, bien au-delà des gifles qu’il dit avoir assenées. Selon le rapport d’autopsie, Marie Trintignant a été frappée avec acharnement : une vingtaine de traces de coups, plusieurs hématomes sur le visage, un éclatement des os du nez, une plaie au niveau de l’arcade sourcilière ainsi que les deux nerfs optiques quasiment détachés (ce qu’on retrouve dans le «syndrome du bébé secoué»).
Le crime passionnel, une stratégie de défense
Mais comment Bertrand Cantat en a-t-il pu arriver à un tel degré de violence ? Pour Nadine Trintignant, cela ne fait aucun doute : sa fille était sur le point de rompre. «Je suis sûre que le matin, elle lui avait dit que c’était fini», affirme la réalisatrice. «Il y avait tout le temps des disputes (…) Le dernier jour de tournage, elle était joyeuse, [Marie] m’a dit : « Je me sens libre ». Est-ce qu’elle avait dit « je reprends ma liberté » et c’est pour ça qu’il y a eu la suite…», s’interroge-t-elle encore.
Si la majorité des auteurs de féminicides passent à l’acte au moment de la séparation, d’autres le font par jalousie. Dans l’affaire Cantat, c’est un SMS du mari de Marie Trintignant, Samuel Benchetrit, qui aurait mis le feu aux poudres. Obsédé par la relation que continuait d’entretenir l’ancien couple, Bertrand Cantat reconnaît être «entré dans une colère noire». «Le coeur du problème est là : on s’aimait comme des fous. Des fois, je lui disais : « On s’aime trop. » Elle me répondait toujours : « Ça ne peut pas être trop, on s’aime jamais trop »», raconte-t-il en pleurs, quelques semaines après la disparition de l’actrice. Pour Marlène Schiappa, une telle défense est absurde. «Quand on aime quelqu’un, on ne la tue pas. Et je pense que ce ne sont pas des crimes d’amour, mais des crimes de possession. C’est très différent», rappelle la ministre.
Rattrapé par un passé violent
Rapatriée en France, Marie Trintignant meurt finalement le 1er août 2003, laissant derrière elle quatre enfants. C’est dans sa cellule numérotée 357 que Bertrand Cantat apprend le décès de sa compagne. Condamnée à huit ans de prison, le chanteur bénéficie d’une libération conditionnelle en 2007. Trois ans plus tard, sa compagne Krisztina Rády se suicide. Pour ses proches, la violence de Bertrand Cantat est responsable de cette mort. Comme le révèle Agnès Tassel, la maquilleuse présente sur le tournage de Colette, Marie Trintignant s’était confiée à elle entre quelques prises. Cette dernière lui avait fait part du passif de son amant, qui aurait été violent avec les «quatre femmes qu’il a[vait] aimées».
Malgré tout, Bertrand Cantat entend revenir sur le devant de la scène. Il a prévu son come-back en 2020. Reste que chacune de ses apparitions crée la polémique. Ainsi, la salle Le Rocher de Palmer, en Gironde, a annulé le concert prévu le 31 mars prochain en raison de «pressions multiples et d’une censure».
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