Tout était écrit dans son roman. L’autrice Florence Porcel a porté plainte pour viol contre l’ancienne vedette de la télévision,
Patrick Poivre d’Arvor. Des accusations qu’elle dévoile dans Pandorini, sorti en toute discrétion début janvier. Le célèbre journaliste nie ces accusations, « absurdes et surtout mensongères » selon lui. Il s’est dit jeudi « révolté par la manière dont on cherche à l’instrumentaliser pour assurer la promotion d’un roman ».

Dans ce récit de 220 pages (édition JC Lattès), l’autrice de 37 ans, qui avait signé jusque-là des livres de vulgarisation scientifique, met en scène une narratrice qui lui ressemble beaucoup et un acteur extrêmement célèbre qui vient de mourir, Jean-Yves Pandorini. Aucun indice ne permettait de comprendre qui est ce fameux Pandorini. On le sait aujourd’hui parce que cette chroniqueuse scientifique et ex-animatrice de télévision (sur France 5) a porté plainte contre l’ancien présentateur du 20 heures de TF1.

« On ne va pas se mentir : c’est mon histoire »

Le jour de la sortie, le 6 janvier, Florence Porcel écrit sur Instagram : « On ne va pas se mentir : c’est mon histoire. Je l’ai transformée en fiction parce que je ne peux pas donner le nom de cette rencontre, pour des raisons évidentes ». Mais le livre passe inaperçu. L’actualité ce jour-là est accaparée par un autre récit, qui doit sortir le lendemain, La Familia grande, où Camille Kouchner décrit les
viols dont son jumeau a été victime, de la part de son beau-père Olivier Duhamel, qu’elle rend reconnaissable.

Florence Porcel assume aujourd’hui avoir fait le choix inverse de Camille Kouchner, dont le livre s’est vendu à 300.000 exemplaires et a engendré un vaste débat de société sur l’inceste, l’impunité et le huis clos familial. « Ce roman est une pure fiction, Pandorini est un personnage de pure fiction, la narratrice aussi. Mais, effectivement, je me suis inspirée de ma rencontre avec une personnalité », expliquait-elle à la radio RCF jeudi, avant la révélation de la plainte par le quotidien Le Parisien.

« Moi en tant que personne, ça ne m’intéressait pas. Lui en tant que personne, ça ne m’intéressait pas non plus. On existe déjà dans la vraie vie, donc ça n’avait aucun intérêt. Sinon j’aurais écrit un témoignage. Mais ce n’était pas mon objectif : moi, vraiment, je voulais prendre le recul nécessaire pour construire les personnages comme des archétypes, pour que mon récit qui est effectivement personnel et intime devienne universel et que beaucoup de femmes se retrouvent », poursuivait-elle.

Harvey Weinstein à la française ?

Vers le début du roman, la narratrice explique ce qui l’a amenée, un soir de 2004, dans le bureau d’un acteur également producteur, mais elle oblitère les faits criminels. Et à la fin, après de longues années de malaise pour se défaire de l’emprise exercée par cet homme qu’elle dit avoir follement aimé, elle détaille crûment ce qui fut sa première relation sexuelle, achevée dans une forte douleur physique.

Pas de plainte, ni d’avocat, ni de juge, puisque l’acteur est mort et enterré. Dans des articles de presse ou retranscriptions de débats télévisés fictifs, le débat est vif : Pandorini, homme « qui aimait beaucoup les femmes », « séducteur », ou « démon », « prédateur », Harvey Weinstein à la française ?

Dans la vraie vie, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire. Le Parisien affirme que la plainte de Florence Porcel évoque deux viols, l’un à TF1, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), après un journal télévisé en 2004, et l’autre au siège de la société de production A Prime Group en 2009. Sollicitées, les éditions JC Lattès ne pouvaient pas préciser les ventes du roman.

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