• La deuxième salve des portraits de célibataires de la seizième saison de L’Amour est dans le pré est diffusée ce lundi à 21h05 sur M6.
  • Le public découvrira celui de Delphine, 47 ans, arboricultrice dans le Tarn-et Garonne.
  • Delphine aimerait rencontrer une femme « qui veut vire sa vie pleinement, en s’aimant et en se respectant », a-t-elle confié à 20 Minutes.

« Si un jour j’écrivais un bouquin, le titre serait Ma particularité, c’est ma force », dit-elle entre deux rires. Si Delphine plaisante sur ses projets autobiographiques, sa formule est on ne peut plus sérieuse. « Nos épreuves ou nos souffrances sont notre force. J’ai surmonté la peur d’assumer qui j’étais et j’en ai fait un outil pour mon travail sur moi-même et personne ne me retirera cette force que j’ai en moi », complète cette arboricultrice de 47 ans. Elle est l’une des agricultrices de la seizième saison de L’Amour est dans le pré. Son portrait sera diffusé ce lundi soir : elle recherche la femme de sa vie.

Celle qui a plaqué son métier de factrice en Haute-Savoie il y a une dizaine d’années pour lancer son exploitation de fruits de table dans le Tarn-et-Garonne est la toute première célibataire lesbienne de l’émission de
M6. Elle a pris conscience de son orientation sexuelle à l’âge de 25 ans et a vécu pendant douze ans une histoire d’amour avec Patricia qu’elle présentait comme sa cousine. A l’approche de la cinquantaine, Delphine est prête à vivre ses amours au grand jour.

Qu’est-ce qui vous a décidée à vous inscrire à « L’amour est dans le pré » ?

C’est Patricia, une ex, qui m’a inscrite. On en parlait en plaisantant et un jour, j’ai accepté qu’elle envoie ma candidature. Six mois plus tôt, une autre ex me l’avait proposé, mais elle venait juste de me plaquer et ce n’était pas le moment, j’avais le cœur tout cassé. Aujourd’hui, je suis prête, j’ai envie de vivre une belle relation, de rencontrer une femme qui, à mon avis, viendra de loin parce que dans les alentours, je n’ai pas trouvé (elle rit).

Vous avez des ex bienveillantes…

C’est vrai. Beaucoup me disent que c’est propre au milieu lesbien. Je ne suis pas tout à fait d’accord parce que je me suis fait quitter deux fois en peu de temps, j’aurais pu mal le prendre et refuser de les revoir. Mais je laisse toujours une porte ouverte. Ce sont des personnes qui m’ont aimée, qui ont fait un bout de chemin avec moi, pourquoi ne les aimerais-je pas autrement, dans le registre de l’amitié ?

Quelles seraient les qualités de la prétendante idéale ?

Il faudrait qu’elle ait mené une réflexion sur sa vie et qu’elle ne s’imagine jamais être arrivée. C’est là où j’en suis dans ma réflexion sur mon humanité. Le jour où je dirai que je suis arrivée, c’est que je serai morte. Pour moi, l’incertitude, c’est le déclenchement du changement. Je suis restée longtemps dans la certitude de la religion catholique, du « c’est comme ça et c’est la Vérité ». Je me suis autorisée à faire un pas en arrière. Quand on n’a pas de certitude, on est plus ouvert à ce qui nous entoure. J’aimerais rencontrer une femme joviale, qui aime jouer. Si elle fait de la moto, c’est super. Mais je sais que ce ne sera pas mon clone et ses différences m’apporteront beaucoup. J’aimerais quelqu’un qui veut vire sa vie pleinement, en s’aimant et en se respectant.

Vous avez vous-même fait un cheminement personnel. Dans votre portrait vous dites que vous avez mis du temps à assumer publiquement votre homosexualité. C’est ça ?

Oui, c’était il n’y a pas si longtemps. Il y a eu plusieurs choses. D’abord, il y a eu la mort de mon père. Il avait mené une grande réflexion sur lui-même et sur le monde à la fin de sa vie. Il a été un bel exemple. Je me disais que la vie que je menais n’allait pas, qu’il y avait des incohérences. En regardant une vidéo sur YouTube, je suis tombée sur la phrase toute simple : « Tout est possible, tout peut se transformer ». En la voyant, je me suis dit « Delphine, faut que tu bouges ». Je n’en pouvais plus d’être muette et, quelque part, pas accomplie. L’intention était déjà là. Après, Patricia m’a quittée. Puis, une personne que j’aime beaucoup m’a révélé avoir été violée par son oncle. Je me suis dit qu’elle avait mis trente ans pour parler et je me suis demandé de quoi j’étais victime. De l’homosexualité ? Ce n’est pas être victime. Alors je me suis dit : « Delphine, faut que tu parles ». Ces trois choses m’ont fait bouger. En peu de temps, j’ai fait un saut énorme.

Et vous avez enchaîné les coming-out ?

Certains m’ont dit « Tu aurais pu nous le dire avant ». Cela a été pour moi une claque. Parce que si j’avais pu le faire avant, bien sûr que je l’aurais fait. Chaque chose en son temps. Psychologiquement, je n’étais pas prête à ça. C’était un gros travail, pas seulement sur le regard des autres, mais aussi sur celui que je portais sur moi. Quand j’ai commencé à dire que j’étais homosexuelle, les gens qui étaient gênés sont partis d’eux-mêmes – et il n’y en a pas eu beaucoup. Je crois que le monde agricole est tellement proche de la nature qu’il voit que la différence n’est pas un problème. Et puis les gens savent très bien que la sexualité de quelqu’un n’est qu’une partie de ce qu’il est. Je suis tellement d’autres choses.

Vous êtes la première agricultrice lesbienne de « L’amour est dans le pré ». Vous aimez ce rôle de pionnière.

Je l’ai été souvent dans ma vie (rires) sans le vouloir. C’était un concours de circonstances. J’ai dit à la production que je supposais avoir été choisie parce que j’étais lesbienne et elle m’a répondu que ce n’était pas le cas, que cela faisait des années que des homosexuelles se présentent au casting et ne sont pas retenues, que j’avais été choisie pour moi. Cela m’a rassuré parce que je ne voulais pas que ce soit le côté lesbien qui me donne ma place dans cette aventure.

Les lesbiennes sont très peu représentées à la télévision. Pensez-vous que votre visibilité peut aider d’autres personnes ?

J’en suis persuadée. Je suis à la campagne et à partir du moment où j’ai dit qui j’étais, des hommes en couple avec des femmes actuellement m’ont confié avoir eu des expériences avec des hommes et ils étaient contents de partager ces confidences avec moi. Ils savent que j’ai ramé pour dire qui j’étais alors ils savent qu’ils peuvent se révéler et que je ne les jugerais pas. Quand on libère sa parole, les gens sont plus à l’aise. Pour ma part, j’ai entendu des témoignages de personnes qui ont eu des effets positifs sur moi, pas de lesbiennes, mais de personnes qui luttaient, par exemple, contre la maladie de Parkinson, ou des personnes handicapées, des gens qui ont surmonté un viol, etc., c’est-à-dire des individus ayant fait une force de ce qu’ils ont vécu. Si je pouvais donner du courage à n’importe qui, ce serait super.

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