Des recherches avaient déjà montré que les personnes atteintes de maladies mentales, particulièrement de dépression et de schizophrénie, avaient plus de risque d’être infectées par le coronavirus. Mais une nouvelle étude, publiée dans la revue JAMA Psychiatry ce mercredi 27 janvier 2021, montre aussi que souffrir de schizophrénie serait associé à une probabilité plus élevée de décéder de la Covid-19. Ce trouble psychique en serait même l’un des principaux facteurs de risque, le deuxième juste après l’âge.
Un risque 2,7 fois plus élevé
Les dossiers de 260 cliniques et quatre hôpitaux de la ville de New-York (États-Unis) ont été épluchés. Sur les 26.540 étudiés, 7.348 adultes ont été testés positifs à la Covid-19 entre le 3 mars et le 31 mai 2020. Les chercheurs ont ensuite divisé les personnes qui présentaient une maladie mentale en trois catégories — spectre de la schizophrénie (75 individus), trouble de l’humeur (564) et trouble anxieux (360) — et ont comparé leurs données à celles des patients qui ne souffraient d’aucun trouble psychiatrique diagnostiqué.
Les résultats ont été ajustés en fonction des facteurs de risque déjà bien connus (cf. vidéo en tête d’article). Or si les scientifiques n’ont pas trouvé d’association entre troubles de l’humeur ou anxieux avec une mortalité accrue, ils ont constaté que les malades schizophrènes étaient environ 2,7 fois plus susceptibles d’en succomber. En comparaison, ce chiffre s’élève à 3,9 chez les 45-54 ans, à 1,65 chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque ou à 1,28 chez les diabétiques.
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Le système immunitaire en ligne de mire
Pourquoi alors une maladie mentale est-elle liée à un risque augmenté de mourir d’une infection au SARS-CoV-2 ? « C’est à la fois attendu, mais aussi surprenant », explique à Livescience le Dr Donald Goff, professeur de psychiatrie à la NYU School of Medicine et auteur principal de l’étude. Plus généralement, les personnes atteintes de cette affection psychotique vivent 20 ans de moins en moyenne. Et ils décèdent souvent de pneumonie et de maladies virales plutôt que de la schizophrénie en elle-même.
“Il semblerait qu’il y a quelque chose dans la schizophrénie, ou peut-être ses traitements, qui renvoient les malades à un risque de mortalité très élevé. Par exemple, la maladie ou les médicaments pourraient perturber le système immunitaire« , développe le spécialiste. Et en effet, des recherches ont montré que les schizophrènes présentaient des variations dans leurs gènes régulant la réponse immunitaire. Notamment, une activation des protéines qui ciblent les intrus, appelées « cytokines ».
Or il s’avère qu’une cause fréquente de décès lié à la Covid-19 est une réaction excessive du système immunitaire et de ses cytokines, appelée « tempête de cytokines » — ce qui pourrait expliquer le lien nouvellement découvert. Toutefois, l’étude s’est vue limitée par le faible nombre de patients schizophrènes et par le manque de données sur leurs médicaments spécifiques. En attendant de plus amples recherches, les individus atteints devraient être parmi les prioritaires pour les vaccins, indiquent les auteurs.
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