Dans un court-métrage très cinématographique, signé Matteo Garrone, Maria Grazia Chiuri dévoile une collection haute couture entièrement dédiée à l’art divinatoire, thème récurrent de la maison depuis Christian Dior, grand adepte des cartomanciennes.
Depuis son arrivée à la tête de la maison Dior, Maria Grazia Chiuri ne cesse de faire des évocations et références appuyées à l’art divinatoire, comme une façon de prolonger l’œuvre de Christian Dior. Le couturier était un grand adepte des cartomanciennes et autres diseuses de bonnes aventures depuis que l’une d’entre elles lui avait prédit son ascension fulgurante lorsqu’il n’était âgé que de 14 ans. Cette fois-ci, c’est toute sa collection Haute Couture printemps-été 2021 que Maria Grazia Chiuri a dédié au tarot. Dans un contexte de pandémie mondiale, où l’avenir reste perpétuellement incertain, la directrice artistique de Dior envisage le tarot comme une invitation à s’interroger sur soi, un outil dans cette quête existentielle. « Je crois en la possibilité que chacun de nous puisse définir son propre avenir par ses choix et son travail quotidien. Je n’ai pas envie de connaître l’avenir à travers les cartes. Ce qui me fascine dans le tarot, c’est le rôle qu’il peut jouer dans l’exploration de notre vie intérieure, et comment il nous permet d’en savoir plus sur la part cachée de nous-mêmes, » indiquait récemment la directrice artistique de la maison Dior.
En vidéo, le film « Le Château du Tarot » du défilé Dior haute couture printemps-été 2021-2022
Une héroïne en pleine introspection
Pour donner vie à sa vision, la créatrice a collaboré une nouvelle fois avec Matteo Garrone. Le cinéaste italien – auteur entre autres de Gomorra ou Pinocchio -, signe le film de cette collection présentée uniquement online, comme il l’avait déjà fait en juillet dernier. Baptisé « Le Château du tarot », ce court-métrage très cinématographique a été tourné au château de Sammezzano, près de Florence en Italie. « Avant ce projet, j’ignorais tout du tarot, raconte Matteo Garrone. Mais, j’ai très vite été fasciné par l’histoire de ce jeu divinatoire qui a inspiré de nombreux peintres du XVe et XVIeme siècle. Le scénario s’est rapidement dessiné dans mon esprit : il s’agissait de raconter le cheminement intérieur d’une jeune fille qui consulte une voyante afin de découvrir qui elle est vraiment. En discutant avec Maria Grazia, nous avons réfléchi aux cartes et aux arcanes qu’elle pourrait rencontrer au cours de cette introspection. » La collection est née de ce dialogue créatif.
Le travail d’orfèvre des petites mains
Dans ce château qui est comme le labyrinthe de sa vie, l’héroïne se retrouve confrontée à de multiples choix symbolisés par des personnages aux allures dignes des princesses de la Renaissance, incarnant les arcanes majeurs du jeu du tarot : L’Impératrice surgit en robe longue de velours dévoré imprimé or zodiac, La Tempérance apparaît en robe drapée d’une pièce de velours à l’imprimé Mille Fleurs peint à la main, Le Bateleur figure en long manteau brodé de plumes et robe en soie flammée grise… Tout le travail des petites mains des ateliers de haute couture se révèle dans ces robes ouvragées. Un vestiaire grand soir qui prête au rêve, à l’espoir de lendemains plus festifs. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si la Mort intervient en dernier, spectaculaire dans sa robe plissée en gaze, entièrement brodé de bijoux cristaux, qui a nécessité 1200 heures de travail. « Cette carte peut sembler effrayante car elle indique la fin de quelque chose, souligne Matteo Garrone. Mais elle n’est pas forcément négative. En réalité, elle signifie qu’un nouveau chapitre peut s’ouvrir, elle évoque le renouvellement, la renaissance. »
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