Si aujourd’hui on la croise sans qu’elle ne fasse sourciller, il n’en n’a pas toujours été ainsi. Lorsqu’elle débarque sur le sol français en 1964, la mini-jupe est un OMNI (objet mode non-identifié) qui, s’il séduit la jeunesse s’attire rapidement les foudres des plus conservateurs.
Mary Quant, la reine des jambes nues
Pour bien comprendre le bouleversement occasionné par ce petit bout de tissu, il faut rappeler qu’à cette époque, les femmes portaient des jupes longues et que le comble de l’indécence était de laisser apparaître un genou. Dans cette ère ultra-conservatrice, une femme a pourtant osé braver les interdits.
Elle s’appelle Mary Quant. Elle est britannique et styliste de profession. Pour séduire les clientes de sa boutique, la jeune femme décide de raccourcir les jupes qu’elle vend et d’appeler sa création « mini-jupe » en référence, dit-on, à la voiture Mini dont elle raffole.
La créatrice Mary Quant et deux de ses mannequins en 1972.
Crédits : Getty.
Onde de choc
Dès ses débuts, la société française se montre réticence faisant de la mini le symbole d’un anticonformisme qui dérange. Ce simple bout de tissu annonce l’arrivée d’une nouvelle ère et choque les milieux bourgeois et bien-pensants de la société française.
Un conflit de générations éclate alors entre les jeunes filles, qui voient dans ce vêtement le moyen d’affirmer leur sexualité et de réclamer leur liberté au grand regret de leurs parents, qui l’assimilent au summum de l’indécence et de la vulgarité.
Jeunes femmes à la célèbre King’s Road Boutique, en 1969.
Crédit : Evening Standard / Getty
Mais le succès est tel chez les adolescentes et les jeunes femmes que la scène artistique s’approprie très rapidement le phénomène. Ainsi, le couturier André Courrèges contribue à populariser la mini-jupe dans le monde entier en lui dédiant sa collection printemps-été 1965. C’est le début d’une grande aventure portée par des stars telles que Catherine Deneuve, Brigitte Bardot ou encore Jane Fonda et Twiggy.
La mini-jupe : la cinquantaine sans une ride
Voilà plus de cinquante ans maintenant que la mini-jupe affiche fièrement les genoux et les cuisses des femmes sur les podiums de mode. Pour traverser les époques sans y paraître, elle n’a eu de cesse d’être réinventée. Droite, évasée, plissée, en cuir, en jean… Quel que soit le modèle, la mini-jupe fait aujourd’hui partie des « indispensables » du vestiaire féminin.
En toutes saisons, les femmes revêtent cette pièce de mode avec des collants et des bottes en hiver ou avec des sandales en été. La mini-jupe se décline en une multitude de formes, de longueurs, de matières et de couleurs pour répondre à tous les besoins. Celle qui était autrefois un objet d’émancipation fait aujourd’hui figure de « basique ».
Revers de la médaille : associée à la liberté féminine, elle sert aujourd’hui de jauge à ce qui est féminin et de ce qui ne le serait pas. Un paradoxe quand on sait qu’elle a permis aux femmes de s’extirper de leurs carcans vestimentaires. Plus que la longueur du tissu, c’est sans doute là son plus beau symbole.
Source: Lire L’Article Complet