Des chercheurs lyonnais ont confirmé que l’étain utilisé dans les implants Essure était responsable d’effets secondaires. Une première étape pour de nombreuses victimes, dont les douleurs n’ont pas été prises au sérieux pendant plusieurs années.

Un scandale sanitaire de plus ? Une étude réalisée par le laboratoire Minapath à Lyon, a démontré que la soudure à l’étain de l’implant contraceptif Essure était à l’origine d’une part significative des effets secondaires ressentis par certaines femmes ayant eu recours à ce dispositif médical. Commercialisés en France par Bayer jusqu’en 2017, ces micro-ressorts métalliques étaient introduits dans les trompes de Fallope afin de produire une contraception permanente et irréversible. En France, près de 175 000 femmes ont choisi cet implant. Il laisse aujourd’hui plusieurs dizaines de Françaises avec des effets indésirables à vie.  

Des symptômes ignorés par le corps médical  

Chute de cheveux, douleurs articulaires, saignements voire symptômes de dépression et migration de l’implant. Pendant longtemps, les douleurs observées par certaines femmes après la pose de l’implant Essure ont été ignorées. « On a opposé à ces femmes que tout se passait dans leur tête, qu’elles étaient hystériques, dépressives », déclare pour France 3, Me Caroline Paris qui défend d’anciennes porteuses de l’implant contraceptif. Lorsque les troubles étaient établis, le système de santé réfutait tout lien avec Essure. Aujourd’hui, malgré le retrait de l’implant, plusieurs femmes ressentent encore des douleurs insupportables. 

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En 2019, une trentaine de patientes excédées par l’omerta autour du dispositif médical ont décidé de porter plainte contre X pour « blessures involontaires ». Début 2020, quatre anciennes porteuses de l’implant sont allées plus loin en agissant contre l’État. Elles réclamaient une étude indépendante et des indemnisations.  

La toxicité de l’étain pointée du doigt 

En avril, une première étude réalisée par une société lyonnaise a constaté la présence de particules d’étain dans les tissus de cinq femmes sur dix. Les résultats des travaux publiés mardi sont encore plus parlants. De l’étain a été retrouvé sur l’ensemble des femmes explantées, soit 18 cas.  

Pour le Dr Michel Vincent, président du laboratoire Minapath, la pénétration de l’étain dans les tissus entraîne des réactions inflammatoires jusqu’à la paroi de l’utérus. « Nous formons l’hypothèse que l’étain de la soudure ne provoque pas seulement des effets locaux, mais qu’il se transforme dans l’organisme en organo-étain dont on connaît les effets neurotoxiques », développe-t-il pour «  Le Monde ». Il espère que les résultats publiés permettront de déclencher une étude plus importante, sur 500 ou 1 000 femmes ayant des implants Essure depuis au moins 5 ans. 

Pour les patientes, ces observations sont une première étape vers la reconnaissance de leur statut de victime. Mais la colère reste grande. Une question reste en suspens : comment a-t-on pu autoriser ce dispositif sans s’être assuré de son innocuité ? Bien des réponses restent à fournir.  

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