Après des mois de confinement, sans compétition, Matthias Dandois commence enfin à voir le bout du tunnel. Le multiple champion du monde de BMX flatland a repris un rythme d’entraînement soutenu en cette fin d’année et devrait (on préfère utiliser le conditionnel par les temps qui courent) prendre la direction du Japon en janvier pour participer aux Chimera Games. GQ a eu l’occasion de s’entretenir avec l’athlète français et de discuter de ses habitudes d’entraînement, de l’importance de travailler avec des nutritionnistes, de se préparer mentalement ou encore d’analyser son sommeil. Au printemps dernier, Matthias Dandois nous avait raconté comment se passait son confinement aux Etats-Unis, avec sa compagne le mannequin Constance Jablonski. Une période où l’athlète français a continué de se maintenir en forme avec des séances de renforcement musculaire mais aussi en découvrant le yoga et la méditation.

A New York, le sportif de 31 ans s’était aussi amusé à se filmer en train de rider dans les rues désertes de la ville, ce qui avait donné des images contemplatives et assez poétiques. Il a tenté de nouveau cette expérience cet automne à Paris et vient de sortir un projet plus abouti intitulé Unlock Down. Dans cette vidéo, la légende du BMX explore les lieux les plus célèbres et prestigieux de la capitale. On le voit réaliser ses prouesses sur les Champs-Elysées, sur la place de l’Etoile, à Montmartre et même dans l’Opéra Garnier. Avant de parler de ses workouts ou encore de son régime alimentaire, Matthias Dandois nous explique avoir pensé ce film comme une sorte d’ode à Paris. “Quand je suis rentré à Paris en juin, je me suis dit que j’allais faire la même chose ici : des images de jour de Paris vide. Sauf qu’il y avait toujours pas mal de gens dans la rue donc c’était impossible. Un soir, en rentrant de l’entraînement à 23 heures, je me suis dit que la solution était de faire une vidéo de nuit, dit-il. On a essayé de faire quelque chose de joli, de presque mélancolique. Ce sont des images qu’on a jamais vues de Paris, de la ville qui s’est éteinte pendant quelque temps et qui commence à se rallumer.”

Le confinement, un nouveau départ 

Lors de notre appel FaceTime, Matthias Dandois se trouve sur le skatepark de la station de métro La Chapelle, prêt à s’entraîner. Tous les jours, ce dernier ride 2 à 3 heures l’après-midi, ce qu’il ne pouvait pas faire en début d’année. “Je suis resté assez fit tout au long du confinement parce que si j’avais commencé à me dire ‘Ok, j’ai six mois off, c’est la fête’ pour reprendre après ça aurait été un peu compliqué, estime-t-il. À vrai dire, ça fait 15 ans que je voyage vraiment tout le temps à droite à gauche et le fait de rester au même endroit et de garder une vraie routine d’entraînement quotidienne m’a fait me sentir mieux que jamais. Tous ces trajets, ces changements d’horaires, ça me cassait vraiment d’habitude.”

Aujourd’hui, le champion a gardé ses bonnes habitudes et en a pris d’autres. Il fait 15 à 20 minutes de yoga au réveil avant d’aller promener son chien à Montmartre et d’en profiter pour travailler son cardio en effectuant une dizaine de montées et descentes des marches qui mènent au Sacré-Coeur. Avant de déjeuner, il enchaîne ensuite chez lui avec une séance de renforcement musculaire de 30 à 45 minutes, principalement des exercices au poids de corps, avec des élastiques ou TRX. “Comme je suis grand et que mon vélo est petit, j’ai eu pas mal de problèmes de bas du dos tout au long de ma carrière alors pour prévenir ça, je dois vraiment travailler la ceinture abdominale. Le planking sur les coudes c’est un exercice que je fais tous les jours par exemple. C’est primordial pour moi ce genre d’exercices, explique-t-il. Je travaille les bras et les épaules davantage pour me protéger des éventuels impacts que pour gagner en muscle. Soulever beaucoup de fonte pour être baraque, ce n’est pas un truc pour moi. Dans mon sport, je dois rester sec, le plus léger possible, le plus véloce possible.”

“Le yoga m’a permis de vraiment faire disparaître mes maux de dos et beaucoup gagner en souplesse. C’est une discipline où tu progresses énormément et c’est ça que j’adore dans le sport.”

La nouvelle habitude la plus marquante que Matthias Dandois a prise pendant le confinement, c’est la pratique quotidienne du yoga (yin et vinyasa), une petite demi-heure le matin et le soir. “Au début, j’en ai fait avec ma copine qui me traînait à des cours et pour moi c’était juste un truc de hippie avec du patchouli… ça me saoulait un peu. Mais à partir de mars je m’y suis mis fort et finalement j’adore ça. Le yoga m’a permis de vraiment faire disparaître mes maux de dos et beaucoup gagner en souplesse, se réjouit-il en précisant qu’il utilise l’application Down Dog. C’est une discipline où tu progresses énormément et c’est ça que j’adore dans le sport. Au début du confinement, je n’arrivais pas du tout à toucher mes orteils avec mes doigts et maintenant j’arrive à passer ma paume sous mes pieds, à me faire un bisous sur les genoux… Je suis refait, je peux poster des trucs impressionnants sur les réseaux sociaux (rires).” 

Au cours de notre conversation, Matthias Dandois nous explique que son quotidien a radicalement changé depuis ses plus jeunes années en tant que pro. Sponsorisé par Red Bull, l’athlète français a aujourd’hui accès à l’Athlete Performance Center, un centre installé en Autriche et qui dispose de plus ou moins toutes les installations dont un sportif peut rêver pour réaliser des examens physiques et se tester. “Je suis entouré d’une équipe qui m’aide vraiment à être un meilleur athlète : je suis en contact très régulièrement avec un nutritionniste pour savoir comment m’alimenter au quotidien et surtout pendant les compétitions car c’est super compliqué ça ; j’ai un mec qui me change mes routines d’entraînement à la maison tout le temps ; j’ai un coach mental que je peux appeler après une compétition si je me suis loupé et que je ne me sens pas bien, résume-t-il. Quand j’étais kid, je me disais ‘tu fais du BMX, tu n’as pas besoin de tout ça. Mais en grandissant, et en y ayant accès, on s’aperçoit des bienfaits. Ça te donne un vrai avantage.”

“Avoir des routines c’est quelque chose de primordial quand on est sportif. C’est quelque chose de vachement rassurant.” 

En plus d’avoir affiné sa préparation physique au fil du temps, Matthias Dandois prête aujourd’hui davantage attention à son alimentation, sa préparation mentale et son sommeil. Celui qui partage son temps entre Paris et New York nous confie manger plus sainement qu’avant, avoir largement ralenti sa consommation d’alcool et suivre une alimentation à 70% plant-based. “Je mange encore des œufs et du poulet mais le reste j’ai tout arrêté par choix écologique. J’ai freiné sur la viande rouge parce que je pense qu’on en mange trop, surtout aux Etats-Unis, où j’habite depuis 7 ans. Les mecs mangent ça matin, midi et soir. Je me suis intéressé à la super food – les graines de chia, tout ça… – et à ce que tel aliment va t’apporter à tel moment, raconte-t-il. C’est hyper intéressant de travailler avec un nutritionniste pour apprendre ce genre de choses.”

“Si tu manges un gros plat de pâtes avant une compétition par exemple, tu vas te sentir éclaté. Il vaut mieux se faire des pâtes la veille et manger des amandes et des fruits secs avant la compétition. Ce genre de choses, si on ne te le dit pas, tu ne le sais pas forcément, dit Matthias Dandois. Une compétition, ça dure trois jours, c’est donc trois jours de stress, et le stress ça ne me donne pas faim. Avant j’avais du mal à trouver comment faire, j’avais peur de manger un truc et de ne pas me sentir bien après et en même temps si je ne mangeais rien j’étais à court d’énergie rapidement. Maintenant j’ai mes petites recettes de granola bar à faire soi-même, je prends des abricots secs, des amandes, un peu de sucre… J’ai installé cette routine et c’est quelque chose de vachement rassurant. C’est quelque chose de primordial quand on est sportif, on est fait pour avoir des routines.”

Structurer des habitudes, répétées encore et encore, c’est ce qui permet à l’octuple champion du monde de gérer la pression, notamment les 30 secondes avant un passage, nous explique-t-il. C’est ce moment où la pression monte et où les jambes peuvent trembler. “Le cerveau c’est un muscle et si tu lui envoies plein d’informations d’un coup du genre ‘oh je panique, je suis en stress’ et bien il va être moins efficace pendant la compétition. Pour éviter ça, il faut mettre en place une routine chez toi quand tu n’es pas en situation de stress pour réussir à te mettre dans ta bulle. Par exemple : mettre tes écouteurs, jouer la même musique, serrer tes poignets, faire tes lacets d’une certaine manière, ajoute le sportif. Travailler sur ça va permettre de calmer ton cerveau au moment voulu. Il va tellement être habitué à faire ces gestes que tu ne vas pas dépenser toute cette énergie en stress.”

Matthias Dandois prête également une attention toute particulière à ses cycles de sommeil et porte d’ailleurs une bague connectée qui relève tout un tas de données concernant ses périodes de repos (sommeil léger, profond, niveau de stress…). Cet accessoire lui permet d’adapter ses séances d’entraînement quotidiennes en fonction de sa forme du jour, de forcer un peu ou au contraire de ralentir la cadence. Tu auras beau bien t’entraîner et bien manger, si ton sommeil est pourri, tout ça ne sert à rien, avance-t-il. “L’algorithme de la montre calcule mon niveau d’activité le jour également et va me dire comment je vais me sentir au cours de la journée. Je checke ça le matin et par exemple si je suis à 86% ça veut dire que ça va être une bonne journée, que je vais pouvoir pousser mon corps plus que d’habitude. A l’inverse, si j’ai fait une grosse activité la veille, que j’ai moins bien dormi et que j’ai été plus stressé, mon score sera peut-être de 53%. Là je vais davantage faire attention car le risque de blessure est plus élevé. Ce sont des infos hyper intéressantes qui me permettent de jauger en partie l’intensité des mes entraînements.”

Les rythmes d’entraînement, les régimes alimentaires et les méthodes de récupération évoqués par les athlètes dans cette série leurs sont propres et ont le plus souvent été pensés par une équipe médicale dédiée. Il ne convient pas de pratiquer la même activité sportive ni d’adopter les mêmes habitudes alimentaires, parfois radicales, de ces derniers sans l’avis préalable d’un professionnel de santé.

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