• Le fait que les salles ne rouvrent pas le 15 décembre est une mauvaise surprise pour les professionnels du cinéma.
  • La plupart ne sait pas encore comment réagir, mais ne croit pas à une réouverture le 7 janvier.

Dire que les professionnels du cinéma ne sont pas contents des annonces de Jean Castex, repoussant l’ouverture des salles au 7 janvier est très en dessous de la réalité. « Déprimé, ulcéré, sidéré » selon ses propres termes, Richard Patry, président de la
Fédération nationale des cinémas français ne mâche pas ses mots pour 20 Minutes. « C’est incompréhensible s’étrangle le chef de file des exploitants de salles. Le gouvernement reconnaît qu’il n’y a pas de cluster dans les salles de cinéma, il nous félicite pour notre travail et notre respect des conditions sanitaires, puis fait tomber le couperet ! C’est comme si on voulait encourager les gens à rester enfermés chez eux à regarder les films sur les plateformes. »

Wonder Woman 84 de Patty Jenkins et Mandibules  de Quentin Dupieux font partie des nombreux films dont on ne sait pas trop ce qu’ils vont devenir après cette annonce. Mais ils ne sont pas les seuls. « Ce ne sont pas tant pas tant les décisions sanitaires que nous pouvons comprendre, mais la façon dont elles sont annoncées sans la moindre concertation avec les professionnels, confie Etienne Ollagnier de la société de distribution 
Jour ême 2Fête, qui devait sortir Slalom  de Charlène Favier le 16 décembre. C’est quand même dingue d’apprendre sur BFM TV à quelle sauce on va être mangés. » La chaîne de télévision avait annoncé les décisions dès ce jeudi matin.

Dégoût et incompréhension

Amel Lacombe, de la société de distribution Eurozoom, ne décolère pas non plus. Elle devait sortir deux films japonais, Violet Evergarden de Haruka Fujita et Little Zombies de Makoto Nagahisa : « Le gouvernement ne comprend visiblement pas le fonctionnement du cinéma, martèle-t-elle. On ne peut nous rouvrir du jour au lendemain dans cette industrie, rappelle-t-elle à 20 Minutes. Il faut effectuer une campagne de promotion et les frais engagés dans ce domaine sont irrémédiablement perdus. » Mais il n’y a pas que l’argent qui entre en ligne de compte, les artistes aussi en prennent pour leur matricule. « Je suis effondré pour Maiwenn et ADN dont la sortie est sacrifiée pour la deuxième fois après avoir été tronquée dès le lendemain de sa sortie, le 28 octobre dernier », confie Jean Labadie du Pacte à 20 Minutes. Lui non plus ne sait pas ce qu’il va faire pour cette sortie ou celle du Discours de Laurent Tirard, initialement prévu pour le 23 décembre.

Obligés de sortir en salle

« Ce qui nous fait enrager, c’est qu’on nous a fait miroiter une reprise et que la décision semble injuste et arbitraire alors que tant de commerces qui semblent plus dangereux que les salles de cinéma restent ouverts » ajoute Amel Lacombe. Elle est contrainte de sortir ses films en salle par contrat et ne reçoit aucun aide de l’état qui réserve celles-ci aux distributeurs de films français. Etienne Ollagnier est lui aussi coincé. « J’ai déjà investi trop d’argent dans la promotion de Slalom pour que le film puisse être rentable en VOD. Si on nous avait prévenus avec un peu d’avance, je n’aurais pas poursuivi la campagne d’affichage du film. »

Sceptiques pour le 7 janvier

Personne ne croit à une réouverture le 7 janvier et surtout pas l’exploitant Richard Patry. « On rouvrirait avec quels films ?, soupire-t-il. Les distributeurs ne peuvent pas être partants pour recommencer à investir sans la moindre certitude. » En effet, cette date semble trop proche des fêtes pour que des chiffres sérieux de baisse de la pandémie puissent être obtenus. « On a l’impression que la culture est la variable d’ajustement de gouvernement, insiste Jean Labadie. Ce qui s’est passé ce soir le confirme ! » Les professionnels du cinéma doivent se réunir rapidement pour décider de la suite. « On se couche effondrés mais on se relèvera demain pour de nouveaux combats. On en a assez des subventions : on veut faire notre métier », assène le distributeur Etienne Ollagnier. Et nous les spectateurs, on veut retourner au ciné !

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