Alors que le monde entier attend les vaccins, un nouvel espoir apparaît dans la lutte contre la Covid-19 sous la forme d’un médicament expérimental, le Molnupiravir.

Administré par voie orale ou intraveineuse, cet antiviral développé à l’origine pour traiter la grippe, aurait réussi à bloquer la transmission du virus en 24 à 36h chez le furet, selon des chercheurs de l’Université de Géorgie (Etats-Unis). 

Dans un article publié sur la revue en ligne Nature Microbiology ce jeudi 3 décembre, des chercheurs de l’Université Emory (Etats-Unis) indiquent que l’antiviral MK-2282 / EIDD-2081, plus communément appelé Molnupiravir, serait « un formidable complément à la campagne de vaccination ».

Un médicament efficace chez l’animal

Le Monulpiravir a déjà montré des effets anti-grippaux chez plusieurs animaux, mais les chercheurs ont cette fois-ci voulu le tester sur les furets, car ces animaux possèdent les mêmes récepteurs à coronavirus que les humains.

« Nous pensons que les furets sont des modèles de transmission pertinents car ils transmettent rapidement le SARS-CoV-2 mais ne développent pas une forme sévère de la maladie dans la plupart des cas, ce qui ressemble de près à la propagation du SARS-CoV-2 chez les jeunes adultes », note le docteur Robert Cox, co-directeur de l’étude.

Au cours de l’étude, six furets ont donc été infectés par la Covid-19 : trois d’entre eux ont reçu une dose du médicament, tandis que les autres ont eu une injection d’un placebo.

Chacun d’eux a ensuite été placé avec deux autres furets n’ayant été ni infecté ni traité contre le virus.

Au bout de quatre jours, tous les animaux ayant été en contact avec le groupe placebo ont été contaminés. En revanche, après huit jours de tests quotidiens, les chercheurs n’ont constaté aucune contamination parmi les animaux ayant été placés avec les furets traités. 

« Lorsque nous avons placé des animaux infectés et bénéficiant d’un traitement avec des furets contacts ne recevant pas de traitement, aucun de ces derniers n’a été infecté », a déclaré Josef Wolf, doctorant et co-auteur de cette étude.

De multiples bénéfices

Si ces effets sur le furet se traduisent chez l’Homme, les patients atteints de la Covid-19 traités avec le médicament pourraient devenir non infectieux dans les 24 heures suivant le début du traitement.

« Il s’agit de la première preuve qu’un médicament administré par voie orale peut bloquer rapidement la transmission du SARS-CoV-2 », explique le docteur Richard Plemper, co-directeur de cette étude.

Ce n’est pas le seul intérêt de ce traitement : il permet également de bloquer l’évolution de la maladie et ainsi empêcher l’apparition de formes graves et réduit la durée de la phase infectieuse, ce qui diminue l’impact émotionnel et socio-économique de la pathologie.

En France, les personnes diagnostiquées positives doivent rester au minimum sept jours en isolement. 

Des essais cliniques ont d’ores et déjà été lancés sur l’humain. Le médicament est actuellement en phase II/III d’essai clinique. Il est testé sur des patients atteints de la Covid-19 à trois différentes doses toutes les 12 heures pendant 5 jours. 

Mais il faudra patienter encore pour obtenir des résultats concrets : les premières données devraient être disponibles à partir de mai 2021. D’ici-là, Ridgeback Biotherapeutics et Merck, les laboratoires associés au projet, devront lever les doutes nés de précédentes versions du Molnupiravir qui auraient eu des propriétés mutagènes produisant des malformations congénitales.

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