Acheter des vêtements sans salir la planète, ni lessiver ceux qui les confectionnent, c’est possible… à condition de décrypter les informations des fabricants.
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L’industrie de la mode pollue beaucoup. Selon l’Ademe (Agence de la transition écologique), elle émet 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre (GES), soit davantage que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. Du lieu de production du coton jusqu’à sa mise en rayon, un jean peut avoir fait le tour de la Terre. Mais il n’a pas seulement voyagé, consommé de l’énergie et produit des GES. Il a aussi nécessité pour sa fabrication beaucoup d’eau, voire des produits toxiques pour l’environnement et les êtres humains. Et les « petites mains » qui ont récolté le coton, celles qui l’ont tissé ou qui l’ont façonné n’ont pas toujours œuvré dans des conditions décentes. Et il en va ainsi pour l’essentiel de notre garde-robe. À l’instar de ce qui se joue dans le domaine de l’alimentation avec la dynamique bio, chacun a un rôle à jouer pour que cette industrie devienne plus vertueuse, d’un point de vue environnemental et social. Comment ? En achetant des vêtements et des chaussures plus éthiques. Une démarche qui nécessite quelques efforts de décryptage des étiquettes.
L’art et la matière
Le choix du tissu a un impact. Les fibres synthétiques (polyester, Nylon, élasthanne, viscose…) proviennent du pétrole ou de la transformation de matériaux naturels (bois, bambou, soja…) par des procédés chimiques. Privilégiez donc les vêtements en étoffes recyclées. Des créateurs s’en sont fait une spécialité. « Notre lingerie et nos maillots de bain sont réalisés ainsi. Au lieu d’utiliser du plastique neuf, donc d’en recréer, nous choisissons exclusivement des matières existantes. Des bouteilles et des chutes de tissus synthétiques sont broyées, remises à l’état de poussière, puis en fil de polyester, de polyamide ou d’élasthanne », explique Margot Dargegen, fondatrice de Nénés Paris. Quant aux matières d’origine végétale, certaines se révèlent moins nocives pour l’environnement : le lin, le chanvre ou le coton issus du recyclage ou de l’agriculture biologique, qui emploie moins d’eau et de pesticides. Gare également aux traitements appliqués (coloration, blanchissement, tannage…). Ils requièrent des procédés ou des produits toxiques pour l’être humain et l’environnement.
Labels, des chiffres et des lettres
Pour vous y retrouver, cherchez les labels les plus exigeants. Global Recycled Standard (GRS) certifie que le vêtement contient au minimum 50 % de fibres recyclées. Global Organic Textile Standard (GOTS) assure que 95 % des textiles proviennent de l’agriculture biologique, quand BioRe veille à ce que la proportion atteigne au moins 75 %. GOTS vérifie également que toutes les étapes de fabrication sont respectueuses de l’environnement et n’utilisent donc pas de métaux lourds toxiques, de formaldéhyde, de phtalates, etc. Les labels Oeko-Tex et Bluesign interdisent l’usage de produits chimiques toxiques pour la nature et pour la santé humaine durant toute la chaîne de production. Enfin, le label People for the Ethical Treatment of Animal (PETA) atteste que le vêtement n’est constitué d’aucune matière animale (cuir, fourrure, soie…).
Garder les mains propres
Vouloir s’habiller plus éthique nécessite aussi de s’intéresser aux conditions dans lesquelles travaillent les salariés du secteur. « La mode est une gigantesque boîte noire dans laquelle se déroulent les pires horreurs humaines imaginables et qui sont évidemment loin des intentions des consommatrices et des consommateurs », lance Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France qui, à travers son label Fairtrade, garantit un prix juste et stable aux coopératives et s’assure que les employés évoluent dans un environnement sûr. Le label Fair Wear Foundation constitue un gage de non-recours à des enfants et de rémunération décente des salariés. Enfin, GOTS certifie des conditions de travail dignes.
Pousser les bonnes portes
Des boutiques en ligne ou physiques se sont spécialisées dans la mode éthique. « Nous choisissons des produits labellisés : GOTS, GRS, Oeko-Tex… Nous avons aussi des marques sans label. Dans ce cas, nous exigeons des preuves comme les factures ou les contrats des fournisseurs », indique Marie Nguyen, cofondatrice de WeDressFair, un site et une boutique lyonnaise qui sélectionnent les marques suivant des critères humains et écologiques. De jeunes créateurs s’inscrivent dans cette démarche et ouvrent leur propre boutique en ligne (Nénés Paris, Les Hirondelles, etc.). Quant aux grandes marques, elles s’y mettent… timidement. H&M propose des cotons estampillés Fairtrade ou Better Cotton Initiative, un label bien moins exigeant. Reste que nos envies vertueuses se heurtent parfois au coût plus élevé de ces vêtements éthiques, mais pas forcément rédhibitoire. « Un jean [responsable] se vend au tarif d’un Levi’s et une paire de baskets à celui d’une paire de Nike », indique la commerçante. Le prix à payer pour adopter une démarche raisonnée !
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