En salle le 28 octobre, ADN est le 5e long-métrage de Maïwenn. La réalisatrice et actrice y met en scène un clan familial multiculturel, éclaté lors de la mort de son doyen, s’inspirant de ses propres origines algériennes.
Marie Claire : Comment vous est venue l’idée d’ADN ?
Maïwenn : Cela faisait des mois que je travaillais sur le projet d’un film d’époque (un biopic sur la comtesse du Barry, ndlr). Mon producteur, Pascal Caucheteux, m’a fait la proposition de tourner très vite un film à partir de notes sur mes origines algériennes. L’idée était de renouer avec l’urgence, la légèreté de fabrication et l’innocence de Pardonnez-moi, mon premier long métrage (réalisé en 2006, ndlr). Un premier film est toujours comme un paradis perdu.
Ce cinquième long métrage traite aussi de la famille et creuse la même veine autobiographique…
Je n’aime pas beaucoup le terme « autobiographique », ça me fait penser à « automobile », « automatique » ! On réalise certains films pour fantasmer des choses qu’on aurait pu ou voulu vivre. À l’inverse, ADN est inspiré de ma vie. Je n’ai aucun mal à le reconnaître. Mais il ne s’agit pas d’un simple copié-collé. Je me sers de ce qui m’est arrivé pour le transposer en fiction à travers un système de filtres. J’exagère chaque trait.
ADN est inspiré de ma vie. Je n’ai aucun mal à le reconnaître. Mais il ne s’agit pas d’un simple copié-collé.
Comme cette héroïne que vous jouez et qui ressemble à Amy Winehouse ?
On me dit tout le temps que je lui ressemble… Je voulais un personnage qui se grime car elle ne sait pas qui elle est. Son maquillage est une métaphore pour dire qu’elle se cache. Elle ignore d’où elle vient.
Ce fut votre cas… jusqu’à un certain point ?
Je dirais que la mort de mes grands-parents a bouleversé quelque chose. Leur disparition a mis une montre à mon poignet. Elle m’a donné l’heure du temps. J’ai pris conscience de mes origines et sans doute de qui j’étais. Mon identité profonde. J’ai une histoire particulière avec mes grands-parents. Ils ont été très aimants. Ils m’ont construite, alors que je n’ai jamais été protégée par mes parents.
Justement, ne craignez-vous pas qu’une partie de votre famille – et du public – voie en ADN un règlement de comptes ?
Chez moi, l’envie de s’exprimer part d’une souffrance, et la famille est forcément mêlée à cette souffrance. Je pense que les artistes sont en première ligne sur cette question. Cela ne doit pas les empêcher de créer.
Je filme surtout pour ceux qui n’ont pas les mots.
Avez-vous le sentiment d’appartenir à une génération de petits-enfants d’immigrés, et dans quelle mesure cet héritage vous inspire-t-il ?
Peut-être. Mais je filme surtout pour ceux qui n’ont pas les mots. Je crois qu’on entretient avant tout un rapport personnel à ses origines. Mes sœurs sont insensibles à l’Algérie. Je suis la seule à avoir pris la nationalité algérienne. Elles ont emprunté le chemin inverse, elles ne sont pas dans la revendication. Moi, j’ai une double vie en Algérie. Ça donne un sens à mon quotidien. J’y retrouve les seules sensations de bien-être liées à mon enfance.
(*) ADN de Maïwenn, avec aussi Louis Garrel, Fanny Ardant, Marine Vacth, en salles le 28 octobre.
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