Il y a huit ans, Antony a décidé de parler pour la première fois à ses parents de son homosexualité. Josiane, sa maman, nous raconte le chemin qui l’a menée du rejet, presque viscéral, à la compréhension. Elle en témoigne dans Le Monde en face : mon enfant est homo, diffusé le mardi 19 novembre à 20h50, sur France 5.

Si l’on remonte un peu à l’adolescence d’Antony, que saviez-vous de sa vie sentimentale ?

Josiane : Rien ou presque. Il était souvent entouré de filles, ne sortait pas beaucoup. Nous pensions : il est très discret, un jour viendra… Nous ne voulions pas en savoir davantage.

Avant son coming out, avez-vous le souvenir qu’Antony ait évoqué le sujet de l’homosexualité au moins une fois avec vous ?

Non, ce sujet n’a jamais été abordé à la maison, même de façon détournée.

Quel était à l’époque votre sentiment vis-à-vis de l’homosexualité ? Rejet ? Malaise ?

Ce n’était pas de l’homophobie. L’homosexualité, c’était juste impossible pour notre enfant, chez les autres, cela ne nous dérangeait pas. Mais nous n’avions pas non plus de personnes homosexuelles dans notre entourage. Quand la télévision montrait deux personnages homos par exemple, nous changions de chaîne, même en présence d’Antony. Ce qui devait être terrible pour lui.

À 27 ans, alors qu’il ne vivait plus chez vous, Antony a décidé de vous révéler qu’il préférait les garçons…

Nous étions à table, lui, sa sœur et nous ses parents. En entendant ses mots, le ciel nous est brusquement tombé sur la tête, vraiment cette impression. Nous avons beaucoup pleuré, la journée, la nuit… Notre réaction entraînait chez nous la honte, la peur et le refus de lui faire du mal.

Vous avez appelé vos proches pour leur annoncer que votre fils était homo. Pourquoi ?

La charge émotionnelle était si lourde que nous devions absolument la partager. Nous recherchions aussi un mot ou une phrase qui nous aurait fait chaud au cœur.

Ce week-end-là, Antony est reparti en vous laissant une longue lettre.

Il nous a laissé un très beau cahier dans lequel il expliquait sa vie d’ado, son attirance envers les garçons qu’il ne souhaitait pas mais qui s’imposait à lui, son cheminement long et difficile jusqu’à l’acceptation de sa différence. Beaucoup de souffrances auraient pu être évitées si nous avions accepté de voir.

Sur les conseils d’Antony, vous avez participé à un groupe de parole et d’écoute…

Après notre première réaction si négative, nous devions agir vite pour ne pas le laisser avec ce sentiment de rejet. Nous sommes allés à l’antenne toulousaine de «Contact», une équipe formidable qui nous a apporté une aide précieuse et des rencontres qui nous ont permis de relever la tête. Et de nous questionner. Nous avons fait un pas, puis un autre… Le chemin est long mais nous avançons encore.

Accompagner Antony lors de la Marche des fiertés à Paris, c’était important ?

Nous n’avons jamais laissé tomber Antony. Il était de toute façon la même personne la veille de son coming out et le lendemain. La seule chose qui changeait c’était que nous savions qui il était. Nous ses parents, nous avons refusé de voir son difficile quotidien d’adolescent pour nous protéger en égoïstes. Aujourd’hui, grâce à lui, nous avons beaucoup réfléchi sur l’acceptation des différences en tout genre, nous pouvons lui dire merci pour cet enrichissement personnel et cette ouverture d’esprit qu’il a suscitée chez nous.

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