Certaines personnes soulèvent des montagnes pour défendre une cause. Comme Francine qui, avec son mari Patrick, offrent une deuxième vie aux animaux en perdition. Elle raconte.

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Francine Violas, 55 ans, co-fondatrice du zoo-refuge La Tanière. Avec son mari Patrick, ils forment un couple uni par la passion des animaux. Ils ont d’abord fait fortune dans la téléphonie mobile avant de fonder ce lieu de sauvetage et de soins, de vie et de fin de vie pour les animaux en souffrance. Un concept unique en Europe que chacun peut aider grâce à un don. Le zoo-refuge La Tanière ouvrira ses portes au public le 14 octobre.

www.lataniere-zoorefuge.fr

Au cœur de la Beauce, à côté de Chartres, une immense structure de vingt hectares recueille des centaines d’animaux domestiques et sauvages en détresse. Ici, entourés d’une équipe qui leur est dévouée nuit et jour, les animaux se reconstruisent et coulent enfin des jours heureux.

Un zoo pas comme les autres

« La Tanière n’est pas un zoo classique. Ni but lucratif, ni recherche du plus beau spécimen d’une espèce pour valoriser le refuge. Les animaux qui n’entrent pas dans les programmes d’espèces en voie d’extinction sont tous stérilisés. Alors pas de naissance, ni de nurserie. Ici, tous les animaux ont une histoire et un passé souvent chaotique : maltraités, détenus illégalement, issus de trafics, utilisés dans les cirques ou les laboratoires, ils sont recueillis pour vivre enfin une existence paisible. C’est le principe de notre mission : puisque c’est l’homme qui a mis ces animaux en situation de contrainte, il leur doit une nouvelle vie faite de respect et de bien-être. Lorsqu’ils arrivent, nous leur donnons un nom, une identité, en signe de reconnaissance individuelle.

Cannelle incarne l’histoire de La Tanière. Cette petite femelle macaque de vingt et un ans, a passé dix-neuf ans de sa vie dans un laboratoire pour servir la recherche scientifique. Quand elle est arrivée au refuge, elle était toute pâle – car elle n’avait jamais connu que la lumière des néons. Ici, pour la première fois de son existence, elle a découvert qu’elle avait des congénères, vu le ciel et humé le vent, senti l’herbe sous ses pieds. Aujourd’hui, elle est la doyenne des macaques issus de la recherche que nous avons accueillis grâce à un accord passé avec les laboratoires pour leur éviter l’euthanasie. Elle est belle, vive et a pris la jolie couleur d’un petit bagel doré.

Une histoire d’amour et de passion

L’amour des animaux m’a toujours habitée. Mais aussi celui des hommes et de de la nature. Et bien sûr l’amour de Patrick, mon mari. Dès notre rencontre, adolescents, nous avons eu cette passion l’un pour l’autre. J’ai bâti toute mon existence pour essayer d’être à la hauteur de l’estime que j’ai pour lui. Ensemble, nous avons beaucoup travaillé, pas du tout par désir de posséder, mais pour parvenir à mettre toujours la barre de notre vie un peu plus haut. Quand, après dix ans de galère, nous avons saisi la balle au bond de la téléphonie mobile, nous avons obtenu des moyens d’action pour aider les plus démunis et les plus faibles. Cela nous a conduit à créer la Tanière. Nous nous y sommes consacrés corps et âme, sans rien laisser au hasard, malgré les innombrables imprévus.

Les animaux sauvages doivent rester dans la nature…

Le 14 mai 2011, nous avons accueilli les premiers animaux du refuge : trente-quatre daims saisis en Normandie. Détenus illégalement et sans soins particuliers, ils risquaient de contracter la tuberculose. Beaucoup d’animaux de la faune sauvage – renard, marcassin, faon, etc. – sont retirés de leur milieu naturel par des gens qui croient les aider et pouvoir s’en occuper. Or ils doivent les laisser dans la nature, même lorsque les animaux ont l’air égarés et sans défense. Un jeune orphelin trouvera une mère de substitution. La nature saura subvenir à ses besoins. L’homme qui le récupère se met en infraction et le condamne. L’animal lui sera retiré, au mieux il vivra définitivement en captivité mais bien souvent il sera euthanasié, surtout si son espèce est considérée comme « nuisible ».

Nous sommes entourés de personnes exceptionnelles

Le jour de la capture des daims, qui courent aujourd’hui dans une prairie du refuge, nous avons fait une rencontre qui a changé notre vie en la personne de Florence Ollivet-Courtois, une vétérinaire spécialiste de la faune sauvage de renommée internationale. C’est pourquoi je n’ai jamais oublié cette date… Lorsqu’on réalise le projet de sa vie, il est primordial de s’entourer d’experts et de personnes aussi engagées que vous dans la même cause. Florence fait désormais partie du noyau dur de La Tanière. Paolo et Lisa complètent cette équipe de passionnés. Ce couple, qui a travaillé 25 ans dans le monde du spectacle, est arrivé en 2015 avec enfants et animaux (ours, otaries et chiens loups). Lisa a le don de rassurer les animaux. Elle est leur première « soigneuse » à leur arrivée en quarantaine où elle les acclimate en douceur à leur nouvelle vie et leur prodigue les premiers soins quotidiens. Avec Paolo, ils se chargent alors du medical traning, une méthode faite de jeux et de contacts pour habituer les animaux à être manipulés sans contrainte dans le cadre de soins ou d’examens médicaux. Grâce à eux, nous avons osé approcher un tigre pour la première fois !

Une équipe parfaitement synchronisée

Si la Belgique a été parmi les premiers pays européens à interdire les animaux sauvages dans les cirques, elle est paradoxalement devenue également la plaque tournante du trafic animalier. N’importe qui peut donc se procurer un singe, un reptile ou un jeune fauve là-bas. Lors des opérations de sauvetage – essentiellement des saisies d’animaux détenus illégalement -, nous agissons toujours en coopération avec les autorités administratives qui nous mandatent. L’équipe est synchronisée pour récupérer ces animaux que l’on découvre souvent en piteux état : encagés à 3, 4, ou 5, souvent dans une insalubrité totale, enchaînés à une grille, affamés, malades, terrorisés… Si certains propriétaires de cirques amoureux de leurs animaux préfèrent nous les confier, d’autres les abandonnent ou les laissent mourir de faim dans des camions. Les signalements nous permettent d’agir. C’est ainsi que nous avons sauvé nos tigresses Xena et Isabella. Nous avons aussi recueilli Léo et Zampa, deux lions victimes d’une pratique illégale en Espagne qui consiste à dégriffer ces félins tout-petits et à les castrer pour ensuite être photographiés sur les plages ou dans les boites de nuit avec des touristes…

Un équipement médical de pointe

Voir un animal reprendre des forces et le goût de vivre est un émerveillement. Nous avons également vocation à les soigner et disposons d’un équipement vétérinaire de pointe pour réaliser des radios, des échographies, des analyses de sang et des interventions sur place. L’équipe de vétérinaires est dirigée par Florence. Hélas, il est parfois trop tard quand l’animal arrive au refuge. Ce fut le cas de Mischa. Cet ours de spectacle alors âgé de 22 ans avait subi tellement de mauvais traitements que malgré toute l’attention de l’équipe 24h/24h, il n’a pas survécu. Une des plus douloureuses épreuves que nous ayons eu à vivre…

Mais la plupart des sauvetages atteignent leur but : l’animal, même s’il en garde longtemps les stigmates et l’empreinte au fond de ses yeux tourne ici une nouvelle page de sa vie… « 

A lire :

Une famille pas comme les autres, de Patrick et Francine Violas, éditions Albin Michel. Ce livre retrace l’aventure exceptionnelle des fondateurs du zoo-refuge La tanière. Sortie le 1er octobre.

Les grandes histoires de la Tanière zoo-refuge, de Patrick et Francine Violas, éditions Flammarion Père Castor. Ce livre jeunesse retrace cinq sauvetages d’animaux pensionnaires de la Tanière. Sortie le 30 septembre.

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