• Le Motif sort son EP « Première partie » ce vendredi.
  • Avant de se lancer en tant que rappeur, il a travaillé plusieurs années en tant que producteur pour de nombreux artistes.
  • « 20 Minutes » a rencontré ce pro du « hit ».

Il était temps que Le Motif sorte de l’ombre. Encore peu connu du grand public, Olivier Lesnicki de son vrai nom, part à la conquête des charts qu’il côtoie pourtant déjà très régulièrement. Du haut de ses 30 ans, il est une pointure dans le monde du rap francophone, où il officie depuis plusieurs années en tant que producteur. Il se cache ainsi derrière de grands succès comme Réseaux de
Niska, Carton rouge de Lorenzo, ou encore PMW de la rappeuse
Shay, qui n’est autre que sa sœur.

Mais c’est le devant de la scène que Le Motif tente désormais de conquérir, en devenant lui-même artiste. C’est ainsi que ce vendredi, il présente Première partie, un EP de huit titres. « J’étais arrivé à un stade où j’avais des morceaux et des idées que je proposais aux autres artistes, mais dans cet univers ils n’arrivaient pas à se retrouver, confie-t-il à 20 Minutes, une semaine avant le jour J. J’étais la seule personne à pouvoir porter ces chansons. It’s time ! »

De l’ombre à la lumière

C’est au côté de sa sœur cadette que Le Motif a fait ses premières armes. En 2016, la belge Shay, protégée de Booba (elle a depuis quitté le label 92i) sort son fracassant premier album Jolie Garce. Une histoire de famille, puisque Olivier, qui s’adonne à la musique depuis l’âge de 6 ans (« ma mère m’avait acheté un enregistreur à cassette sur lequel j’enregistrais des petites chansons »), en prend les commandes, en tant que réalisateur. « Avant j’étais personne, le seul qui s’était intéressé à mon travail c’était Booba. A la sortie de cet album les artistes et leurs labels ont commencé à m’appeler », explique-t-il. Les projets s’enchaînent et de grands noms du rap font appel à ses talents de producteur et de topliner, citons entre autres Niska, Siboy ou SCH.

Des collaborations passionnantes et instructives, mais qui peuvent sacrément mettre la pression quand on souhaite soi-même tenter sa chance dans le rapgame. « Ce qui me freinait c’est quelque chose qu’on a tous : la peur de l’échec. Quand tu produis pour des grands artistes et que ça fait des énormes scores, tu commences à te comparer et tu te dis que si tu sors ton truc et que ça ne fait pas ça, est-ce que tu mérites d’exister… », s’épanche-t-il. Mais Le Motif a plus d’un talent dans sa besace.

Passion « documentation »

A commencer par sa productivité et son sens du défi. Pendant un mois cet été, par frustration de voir ses projets repoussés (notamment à cause du coronavirus), Le Motif s’est lancé le challenge de produire « Un son par jour » sur YouTube. L’idée ? Créer quotidiennement une nouvelle chanson, tout en dévoilant par la même occasion le processus d’élaboration dans une sorte de carnet de bord musical. « J’ai toujours partagé, avant YouTube je faisais pas mal de stories, j’ai par exemple documenté la naissance de ma fille. Je ne le referais peut-être pas aujourd’hui ! », reconnait-il en souriant. Sur la trentaine de sons qui ont vu le jour, le morceau Ma Love (créé avec son comparse le producteur Heezy Lee), s’est distingué aux yeux des internautes, et a intégré la tracklist de l’EP.

Quelques mois plus tôt, l’artiste s’était déjà illustré dans un autre exercice de « documentation » avec « Faire un hit en quarantaine », une vidéo de près de 12 minutes dans laquelle il décortiquait la naissance d’une chanson : l’enregistrement, l’écriture ou encore les techniques pour retravailler la voix. Un travail pédagogique qui coule de source pour lui : « C’est ce que je fais de mieux, c’est dans mes gènes. J’ai juste filmé le travail que je fais toujours. Il y a tout un processus de décryptage que je fais quand j’écoute une chanson ». Une démarche didactique et une déconcertante facilité à créer. C’est donc si simple que ça de donner vie à un « hit » ? « C’est très difficile et quand je passe cinq minutes à faire une chanson, ça m’a pris en fait toute une vie, reconnaît l’artiste. C’est la somme de mes expériences qui me permet de sortir un texte en cinq minutes. Mais si tu m’enlevais un an de ma vie ce texte ne sortirait pas. »

En route vers une playlist évolutive ?

Cet EP Première partie, Le Motif le souhaitait comme « le summum de [ses] ambitions artistiques ». Il a notamment fait appel à de véritables musiciens sur quasiment tous les titres. « A un moment la musique par ordinateur a ses limites, que ce soit dans la couleur, dans la chaleur… Je voulais que ce soit quelque chose d’authentique, poussé à son maximum », précise-t-il. On y retrouve des titres mélancoliques comme Hiver Turquoise, et à l’opposé des morceaux comme Ma Love ou Next, plus propices au dancefloor. Ou encore la « ballade rap » Playlist, entêtante, composée en pleine confusion sentimentale. « C’est mon morceau préféré de l’EP, celui qui me touche le plus,, analyse-t-il. J’ai essayé d’exprimer tout, du meilleur comme du pire. Dans la passion, tu peux arriver à avoir des idées destructrices, toxiques, qui ne devraient pas exister et qui malheureusement nous traversent le cerveau. »

Un premier avant-goût du Motif avant l’album ? « La vérité c’est que je ne crois plus trop au format musical album, assume-t-il. Tout le projet de ma vie ça devrait être une playlist infinie sur laquelle j’ajoute des sons, où j’en enlève parfois. Une espèce de flux continu. On n’est pas à l’abri que Première partie soit le dernier projet que je sorte et qu’après ce soit juste une playlist évolutive », s’amuse-t-il. Avant de savoir où l’avenir le mènera, on devrait le retrouver aux côtés de la rappeuse et topliner
Meryl, rencontrée sur Antidote (le second album de Shay), son double au féminin et son alter ego vocal. « Hors de question que je quitte cette terre sans avoir fait un projet commun avec Meryl ! », affirme l’artiste. C’est bien noté.

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