Ce lundi 14 septembre, François Debré s’est éteint, quelques heures après Bernard Debré. Journaliste et reporter de guerre de talent, il a vécu une véritable descente aux enfers avec l’amour de sa vie, son épouse Maylis Ybarnegaray.

Il a rejoint l’amour de sa vie. Ce lundi 14 septembre, le journaliste François Debré est mort à l’âge de 78 ans, comme l’a annoncé l’une de ses deux filles, Constance Debré, à l’AFP. Une disparition terrible pour le clan, qui pleure également la mort de l’ancien ministre d’Edouard Balladur, Bernard Debré, décédé la veille à 75 ans. C’est en Touraine que le reporter de guerre a rendu son dernier souffle, là où il s’était retiré depuis quelques années après avoir vécu une véritable descente aux enfers. Journaliste qui a couru le monde et ses conflits, écrivain à succès, il a connu une carrière auréolée de plusieurs prix prestigieux dont l’Albert-Londres pour un essai sur les khmers rouges. Mais il a aussi vécu une existence en marge. Accro à l’opium et à ses dérivés, François Debré est tombé dans l’héroïne pendant des années avant d’être interné par son frère Bernard à l’hôpital Saint-Anne pendant deux ans.

Son addiction, François Debré la partageait avec l’amour de sa vie : Maylis Ybarnegaray, « une fille ravissante, modèle pour les couturiers », comme la décrivait Bernard Debré dans son livre Un homme d’action: De l’hôpital à la politique. L’épouse du journaliste est la fille de Jean Ybarnegaray, un avocat qui a servi dans l’armée lors de la Premier Guerre mondiale. Il a ensuite été élu député du Pays basque et était proches des ligues d’extrêmes droites. Avant la Deuxième Guerre mondial, il a intégré le gouvernement de Paul Reynaud puis des deux gouvernements de Philippe Pétain. Comme son mari, Maylis Ybarnegaray a connu des années d’addictions. Mannequin pendant plusieurs années, elle a sombré en même temps que lui. « J’étais en primaire, ils m’expliquaient qu’ils fumaient de l’opium, que ça n’avait rien d’immoral mais que c’était illégal et qu’il ne fallait donc pas le dire à l’école », racontait leur fille, Constance, au Monde.

La mort de son épouse, « une sanction »

A Paris, François Debré et Maylis Ybarnegaray ont délaissé l’opium pour plus fort, l’héroïne. « Ils ne sont plus flamboyants, deviennent malheureux, consomment de plus en plus de drogue », continuait leur fille dans les colonnes de nos confrères. A 46 ans, en 1988, Maylis Ybarnegaray est morte. De cette disparition, François Debré ne s’en est jamais remis. « On ne guérit jamais. Il y a une détresse que ni les psychiatres, ni la justice, ni les proches ne peuvent régler, » confiait-il à Libération. Persuadé d’avoir une part de responsabilité dans la mort de son épouse, qui n’était pas aussi accro que lui mais « y allait gaiement », selon ses dires, il était rongé par une « culpabilité qui lui poinçonne le ventre ». Pourtant, « sa mort n’était pas forcément le fait d’une overdose », écrivait Bernard Debré, qui assurait que son « frère se reprocha ce drame toute sa vie ». Toute sa vie, François Debré a vécu avec une peine immense. Et un regret encore plus important. « Sa mort, disait-il, je l’ai vécue comme une sanction« .

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