La bataille de Caster Semenya contre la Fédération internationale d’athlétisme (FIA) est loin d’être terminée. Ce mardi 8 septembre, la Cour suprême suisse s’est rangée derrière l’avis de l’institution en confirmant que la triple championne du monde et double championne olympique du 800 mètres, doit « prendre un traitement hormonal pour participer aux épreuves officielles » sur sa distance fétiche.

En cause : son hyperandrogénie, une surproduction de testostérone d’origine génétique. Pour concourir auprès des femmes, la FIA veut l’obliger à prendre un traitement hormonal, pour rééquilibrer son taux d’hormones mâles.

Avec cette nouvelle décision, Caster Semenya, âgée de 29 ans, ne pourra pas courir sa distance-phare, le 800 mètres, dans la catégorie « femmes ».

Déboutée pour la deuxième fois

“Je suis très déçue par cet arrêt, mais je refuse de laisser World Athletics* me droguer ou m’empêcher d’être qui je suis”, a ainsi réagi l’athlète dans un communiqué, tout en promettant de se battre “pour les droits humains des femmes athlètes, sur la piste et en dehors, jusqu’à ce que nous puissions courir aussi libres que nous sommes nées”. 

C’est la deuxième fois que la justice donne raison à la Fédération. Dans un arrêt du 25 août, publié mardi 8 septembre, le tribunal fédéral suisse a ainsi validé la réglementation internationale d’avril 2018, imposant à ces athlètes présentant des « différences de développement sexuel » (DDS) de faire baisser leur taux de testostérone avec des médicaments, sans quoi elles ne pourront participer aux épreuves internationales (dont les distances sont comprises entre 400 mètres et 1 mile).

“Nous nous réjouissons ainsi de la décision de la Cour suprême suisse de confirmer notre règlement sur les athlètes DSD (avec des différences du développement sexuel, ndlr) comme étant légitime et proportionné. Ces cinq dernières années, World Athletics (ex-IAAF) s’est battu pour offrir des droits et opportunités équitables à toutes les femmes et les filles qui pratiquent notre sport aujourd’hui et dans le futur, s’est félicitée la Fédération internationale d’athlétisme dans un communiqué. 

Un combat qui dure depuis de dix ans

Depuis plus de dix ans, Caster Semenya est ainsi devenue le porte-étendard du combat des athlètes hyperandrogènes, enchaînant les recours judiciaires. En juin 2018 par exemple, le tribunal avait décidé de suspendre, pour Caster Semenya seulement, et de façon « super-provisoire » le règlement de l’IAAF. Mais la justice suisse a annoncé, le 30 juillet, avoir décidé de lever finalement cette suspension « super-provisoire ».

« Cette décision va empêcher Caster Semenya de défendre son titre aux Championnats du monde en septembre », commentent les avocats de l’athlète. Et celle-ci réagit : « Je suis très déçue qu’on m’empêche de défendre mon titre mondial difficilement acquis, avait-elle alors réagi Caster Semenya. Mais cela ne me dissuadera pas de continuer mon combat pour les droits de toutes les athlètes femmes concernées. » Francine Niyonsaba, du Burundi, et Margaret Wambui, du Kenya, toutes deux médaillées aux JO de Rio en 2016, sont, par exemple, elles aussi hyperandrogènes. 

L’Afrique du Sud mobilisée 

Durant les mois de procès, tout le pays de Caster Semenya était mobilisé pour défendre l’une de ses meilleures athlètes. Tokozile Xasa, la ministre sud-africaine des Sports, avait soutenu la plainte déposée par la championne : « Ce qui est en jeu ici n’est rien moins que le droit de chacun à faire du sport, selon elle. Le corps des femmes, leur bien-être, leur capacité à gagner leur vie, leur vie privée, leur sentiment d’appartenir au monde est remis en question. »

Son don génétique devrait être célébré, pas faire l’objet de discrimination

« Comment se fait-il qu’une athlète féminine, dont on dit qu’elle a des niveaux élevés de testostérone, doit rivaliser avec les hommes, alors qu’un homme, dont les niveaux de testostérones et d’oestrogènes sont plus faibles, n’a pas le droit de rivaliser avec les femmes ? Où est la parité ? », s’était alors interrogé à la télévision Mokoditloa Eliakim Moemi, directeur des sports du gouvernement sud-africain.

Une campagne de soutien avait été lancée sur les réseaux sociaux avec le hashtag #NaturallySuperior (« Naturellement supérieure »), pour rejeter la comparaison avec les sportifs dopés, tandis que les avocats de la plaignante martèlent dans un communiqué daté du 14 février, que « son don génétique devrait être célébré, pas faire l’objet de discrimination ».

*World Athletics = Fédération Internationale d’athlétisme 

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