Cinéma, expositions, livres… Tous les quinze jours, Madame Figaro propose sa sélection culturelle. Voici les cinq événements à ne pas rater.
Chamoux + Dedienne : alliage explosif
L’humoriste se met en scène dans son nouveau spectacle intitulé Le temps de vivre.
Qu’ont-ils en commun ces deux-là, Camille Chamoux et Vincent Dedienne ? Un goût pour la fantaisie, l’humour, le clown. Aussi à l’aise sur les plateaux de cinéma que sur les planches… On les appelle des humoristes, version stand up. À son actif, la comédienne a plusieurs one woman shows comme Camille Attaque, Née sous Giscard, L’Esprit de contradiction. Son nouveau spectacle, Le Temps de vivre, décline une affiche alléchante : complicité de Camille Cottin et mise en scène de Vincent Dedienne. Et pose la question suivante : «Avec qui devons-nous nous réconcilier pour être heureux dans la vie ?» Avant de répondre : «Avec le temps, va», dernière phrase du chef-d’œuvre de Léo Ferré. En attendant Chamoux et Dedienne ont concocté une tentative de dédramatisation, un 70 minutes, qui défie le temps. Carpe diem !
Le temps de vivre, théâtre du Petit Saint Martin, à partir du 10 septembre.
Extra ! En avant la littérature
Paquebot Pompidou, au festival Extra, au centre Pompidou.
La quatrième édition de ce festival de la littérature vivante, qui célèbre toutes ses formes : lectures, performances, littérature exposée, visuelle ou numérique, poésie sonore, rencontres publiques… tombe à pic. Si la pandémie de coronavirus a accentué la chute de la vente des livres (fermeture des librairies), les initiatives se sont multipliées sur le web et les réseaux sociaux, preuve s’il en est de la vitalité de la vie littéraire. Ateliers d’écriture, journaux de confinement, goût pour la poésie. Le festival Extra ! , organisé en sept chapitres, thématisé autour du concept de l’île (évasion et enfermement) nous embarque dans une odyssée. Au programme des musiques-fictions sur des textes d’Annie Ernaux, de Maylis de Kerangal, un week-end spécial rentrée littéraire avec Jean Rolin, Lola Lafon, une journée d’hommage au poète John Giorno le 19 septembre durant laquelle sera remis le prix Bernard Heidsieck. C’est extra !
Extra ! , au Centre Pompidou, du 11 au 27 septembre.
« Police », une affaire humaine
Déjà, le casting des trois policiers est parfait : Virginie (Virginie Efira) dont la détresse se lit dans le regard, Erik (Gregory Gadebois) qui est un de nos meilleurs acteurs et Aristide (Omar Sy), impeccable dans ce registre dramatique. Ensuite, il y a l’histoire qui prend à rebours les intrigues policières et autres thrillers. Les policiers sont confrontés à un cas de conscience : ils sont obligés de reconduire un migrant d’origine tadjike à la frontière. Sur le chemin de l’aéroport, Virginie comprend que le prisonnier risque la mort de retour dans son pays et essaie de convaincre ses collègues de le laisser s’échapper… Anne Fontaine signe un faux polar, une variation sur des personnages à la croisée de leurs vies. Mission accomplie.
Police, un film d’Anne Fontaine. En salles depuis le 2 septembre.
Joseph Koudelka, une ode aux ruines
Éleusis, Grèce, de Joseph Koudelka, à la BNF.
On sait depuis Roland Barthes et son essai La Chambre claire que la photographie a partie liée avec la mort. Pour la série Ruines, qui donne son titre à l’exposition, Joseph Koudelka a parcouru 19 pays, photographiant les hauts lieux de la culture grecque et latine – de la France à la Syrie, en passant par le Maroc, la Sicile, la Grèce, la Turquie – berceaux de notre civilisation. Résultat de ce projet unique dans l’histoire de la photographie : 110 panoramas, en noir et blanc, disent la beauté chaotique des ruines, monuments transformés par le passage du temps, la nature qui reprend ses droits, les désastres de l’histoire. Certains paysages, comme à Palmyre, ont aujourd’hui disparu. Ne subsistent que des traces photographiées. Et la nécessité de sauvegarder un tel héritage.
« Joseph Koudelka. Ruines », à La BNF, du 15 septembre au 16 décembre.
Yoga, entre méditation et dépression
Yoga, d’Emmanuelle Carrère, aux éditions P.O.L.
Yoga se lit d’une traite. Et c’est tout l’art de la narration d’Emmanuel Carrère de happer son lecteur. Voilà trente ans qu’on le lit ainsi, depuis La Moustache, roman d’un cas paranoïaque en passant par L’Adversaire, récit sur l’affaire Romand, D’autres vies que la mienne ou Un Roman russe, espèces d’autofiction… jusqu’à Royaume, sa lecture subjective et passionnante des Évangiles. Son dernier opus fait tenir ensemble des choses qui ne semblent pas liées : le yoga, la dépression, la méditation, le terrorisme, la crise migratoire, l’aspiration à l’unité et le trouble bipolaire… Entre fiction et réel, Emmanuel Carrère livre dans ce miroir romanesque la difficulté d’être, les naufrages de la vie, la possible reconstruction. Un livre drôle, bouleversant, éminemment sincère, celui d’un grand écrivain.
Yoga, d’Emmanuel Carrère, éditions P.O.L, 400 pages, 22 €.
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