Mercredi 12 août 2020, Selim Fourniret a publié un communiqué exprimant sa colère contre le téléfilm que TF1 prévoit de consacrer à son meurtrier de père. L’occasion de revenir sur la vie du fils unique de Michel Fourniret et Monique Olivier.

Restez informée

Être le “fils de” n’a jamais été facile. Encore moins pour Selim Fourniret. Son nom est si difficile à porter qu’il a préféré en changer. Car, à presque 33 ans, il est le fils unique de Michel Fourniret et de Monique Olivier. Son père a été condamné à la perpétuité pour l’enlèvement et le meurtre de sept adolescentes, et sa mère également condamnée à la prison à vie pour complicité dans ces crimes. Tout bascule pour lui en 2003, alors qu’il se tient devant le journal télévisé. Âgé de 14 ans seulement à l’époque, Selim apprend que son père est un violeur pédophile et un assassin, tandis que sa mère était sa complice depuis toujours. Dix-sept ans après l’arrestation de ses parents, le fils de l’ogre des Ardennes ne parvient pas à tourner la page. Lundi 10 août 2020, TF1 a démarré le tournage du téléfilm Fourniret, la traque, réalisé par Yves Rénier. Philippe Torreton interprètera le tueur, Isabelle Gélinas sera sa femme Monique Olivier, et on retrouvera aussi François-Xavier Demaison et Mélanie Bernier au casting. Mais ce projet de fiction a véritablement révolté Selim. Dans un communiqué partagé sur Twitter par le journaliste Oli Porri Santoro, il exprime sa colère. “À chaque fois que je m’en sors, ils me remettent dedans”, commence-t-il.

Le fils de Michel Fourniret “révulsé” par le téléfilm de TF1

Selim Fourniret explique ensuite avoir “longtemps résisté à l’appel de suicide” – contrairement à sa demi-sœur Marie-Hélène, qui a mis fin à ses jours le 20 février 2006 – et révèle que ses plaies ne seront “probablement jamais cicatrisées”. Aujourd’hui, Selim raconte avoir refait sa vie à l’étranger. Mais le téléfilm de TF1 le replonge à nouveau dans sa peine : “Monsieur Yves Rénier, vous vous êtes minablement décidé tant à poursuivre son œuvre qu’à amasser de l’argent sur le dos des enfants morts. Je déplore l’attrait morbide de la société du spectacle pour la souffrance. Votre goût du sang me révulse, écrit-il. “Comment osez-vous faire faire de cette interminable tragédie une… fiction ? Comment osez-vous érigez Michel au rang de héros d’un film ? [….] Rien qu’à l’idée de savoir que TF1, la première chaîne d’Europe, soit capable de hisser deux violeurs d’enfants au rang d’icône, j’en ai la nausée. Connaissant Michel mieux que quiconque, sachez M. Rénier, que vous lui faites là le plus beau cadeau dont un tueur en série puisse rêver : vous allez canoniser sa fresque sanglante avec des moyens hollywoodiens”, déplore le fils de Michel Fourniret.

Selim Fourniret “interdit” à TF1 de se servir de lui “comme d’une propagande commerciale” et exige que son nom ne soit pas mentionné. Il demande l’annulation du projet et affirme qu’il n’hésitera pas à traîner la chaîne devant une cour de justice. Et si le fils du “couple diabolique”, comme il surnomme lui-même ses parents, semble à ce point écœuré, c’est car les actes de Michel Fourniret et de Monique Olivier ont véritablement ruiné son existence et continuent de le hanter chaque fois qu’il tente de fermer l’œil. C’est en 2018 que le fils du tueur en série était sorti du silence pour la première fois. Selim s’était alors confié sans détour à Oli Porri Santoro pour son livre Le fils de l’ogre. Un ouvrage sur lequel il était revenu sur le plateau de Sept à Huit : “Selim Fourniret n’existe plus. ​Mes parents sont morts. Maintenant c’est Monique Olivier et Michel Fourniret. Ce sont deux inconnus”, avait-il témoigné à visage couvert. Il racontait alors le souvenir d’un père ordinaire, mais colérique : “Il s’énervait souvent pour des broutilles, jamais de violence physique, juste des cris, de la violence verbale. Il était très autoritaire. J’en voulais même plus à Monique qu’à Michel car nous avions une complicité, elle et moi, se souvenait-il alors. “Si les proches des victimes arrivent à leur pardonner, je pourrai le faire. Mais comme ce ne sera pas possible, je ne pourrai pas”, avait-il conclu à l’époque.

Selim a revu Michel Fourniret en prison

Depuis la sortie de son livre, Oli Porri Santoro est régulièrement questionné à propos de sa rencontre avec le fils de l’ogre des Ardennes. “Il a cette phrase terrible : ‘Je ne dois ma survie qu’à ma lâcheté.’ Il considère que s’il avait été courageux, il se serait donné la mort, s’est notamment rappelé le journaliste dans les colonnes de Society. Car dans l’esprit de certains Français, Selim est et restera le fils d’un monstre. “Il y a encore aujourd’hui des gens qui le menacent, des personnes haineuses qui disent qu’il peut crever parce que, de toute façon, c’est dans son ADN”, raconte Oli Porri Santoro. Selim ne veut plus avoir à faire avec ses géniteurs. Pourtant, il avait repris contact avec Michel Fourniret en 2014, à la demande d’Oli Porri Santoro. Il avait alors entretenu une relation épistolaire avec son père, dans le but de lui faire avouer d’autres meurtres. Le 16 janvier 2016, il lui avait ainsi rendu visite au parloir de la prison d’Ensisheim, en Alsace. Ainsi, le détenu 5.451 reconnaissait sa responsabilité dans le meurtre de la britannique Joanna Parish en 1990.

Revoir son père en prison, lui a permis pour la première fois de faire face à l’homme qui lui a gâché la vie”, a expliqué Oli Porri Santoro sur NJR12 en mars 2020. De son côté, le journaliste a été surpris de cette visite : “Je m’attendais à voir un ‘ogre’, et je me suis retrouvé devant un homme de petite taille avec des mains disproportionnées par rapport à son corps”, explique-t-il à nos confrères. “Quand il vous mime la façon dont il étranglait ses victimes, avec un large sourire, c’est impressionnant. Mais ce qui m’a le plus étonné, c’est sa peau. Il n’a pas la peau d’un homme qui a souffert de l’incarcération ou du travail”, poursuit-il avant d’ajouter : “Il fait croire à tout le monde qu’il a des problèmes de mémoire, et que c’est un vieux papy maintenant, un peu fatigué. Mais c’est faux.” Pour Oli Porri Santoro, pas de doute, Michel Fourniret “se rappelle tous les prénoms de ses victimes, des proches de ces dernières, des adresses”. “Malheureusement, contrairement à nous, il sait combien de personnes il a tuées”, déplorait-il alors. Depuis, le tueur en série a notamment reconnu le meurtre d’Estelle Mouzin, disparue en 2003 à l’âge de 9 ans et jamais retrouvée. Ce n’est que le 5 mars 2020 que Michel Fourniret a avoué avoir enlevé, séquestré, violé et étranglé la petite fille.

? Vu que les médias #mainstream ont refusé de le publier ? Voici le communiqué #officiel de #Selim, fils de #Fourniret en réaction au tournage de la fiction @TF1 par @yves_renier @afpfr @Cyrilhanouna @TeleLoisirs @Telestarmag @Tele7 @Telestarmag @hondelatte @KonbiniFr pic.twitter.com/6K0WhzBPl9

Source: Lire L’Article Complet