Dimanche 10 novembre, Sylvia Auchter perdait la vie, poignardée à plusieurs reprises par son mari. Sa fille, qui a participé ce dimanche à une marche blanche, dénonce l’inaction des forces de l’ordre.
Elle s’appelait Sylvia, elle avait 40 ans. Cette Alsacienne est morte dimanche 10 novembre, poignardée à plusieurs reprises par son mari. Sa fille Stella, qui venait d’arriver sur place, l’a vu agonisée dans la cour d’une rue en travaux. Encore sous le choc, la jeune femme n’a pas hésité à dénoncer, dès le lendemain du meurtre, l’abandon des femmes victimes de violences conjugales. «Cela fait trois, quatre ans qu’ils étaient ensemble et trois, quatre ans qu’elle est rouée de coups, qu’elle n’a jamais voulu parler par peur pour elle et pour le défendre. On voit où ça mène aujourd’hui», a-t-elle déploré au micro de France Bleu. Avant de raconter les derniers instants de sa mère : «J’ai eu le temps d’escalader le portail, de fracturer la porte pour essayer d’entrer, pour voir ma mère se prendre le dernier coup de couteau dans la carotide. Elle s’est relevée, est venue vers moi et c’était fini.»
Pour Stella, 20 ans, les forces de l’ordre ont failli face aux appels à l’aide de sa mère : «Personne n’a voulu nous écouter. Personne n’a voulu nous aider. C’était juste des « Allez porter plainte madame ».» Auprès de Libération, la fille de la victime poursuit : «Pour les gendarmes, c’était elle qui devait partir, notamment parce que Jacky [le mari de Sylvia] était alcoolisé. Mais elle n’avait aucun moyen de quitter la maison !»
En vidéo, «La plainte de ma fille n’a pas été prise au sérieux», une mère de victime témoigne
« Justice sera faite »
Une marche blanche a été organisée pour rendre hommage à Sylvia Auchter, 131e victime de violences conjugales. (Oberhoffen-sur-Moder, le 17 novembre 2019.)
Pour rendre hommage à Sylvia, près de 300 personnes se sont rassemblées ce dimanche 17 novembre à Oberhoffen-sur-Moder dans le Bas-Rhin pour une marche blanche. Le cortège, parti vers 10 heures de la mairie de la petite commune de quelques 3000 habitants, a rejoint l’immeuble où cette assistante de service hospitalier avait perdu la vie aux environs de 23 heures, une semaine plus tôt. Sous les yeux rougis de sa fille Stella, les participants portaient pour la plupart un vêtement rose, comme elle le souhaitait, indique l’AFP. Tous ont ensuite déposé de nombreux bouquets de roses et des bougies devant la grille de l’immeuble. Sur une banderole, ces quelques mots: «Repose en paix, on ne t’oublie pas Sylvia. Justice sera faite.»
«Je n’accepte pas ce qu’il s’est passé. Ce n’est pas normal qu’on enlève une vie comme ça», a réagi Jean Satori, venu de Strasbourg avec sa fille et son ex-conjointe qui était une amie de la victime. Ce dernier se souvient de Sylvia comme d’une «fille joyeuse et agréable». Christine, une habitante de Bischwiller, elle, ne connaissait pas la victime mais elle est venue soutenir sa famille. «Cela ne devrait plus se produire en 2019 qu’une femme se fasse assassiner comme ça», a-t-elle dénoncé, critiquant l’inaction des gendarmes.
136 féminicides depuis le début de l’année
Arrêté le jour même du meurtre, le mari de Sylvia Auchter, dont elle avait demandé le divorce, a été mis en examen mardi 12 novembre pour «meurtre sur conjoint» et placé en détention provisoire. Les secours n’avaient pu que constater le décès de sa femme, retrouvée devant la baie vitrée de leur salon, selon le parquet.
La victime avait pourtant déposé en octobre une plainte à l’encontre de son conjoint, âgé de 58 ans. Celui-ci devait répondre à une convocation judiciaire en décembre. Critiquée par la fille de Sylvia Auchter, qui déplore le délai d’intervention des gendarmes, la Gendarmerie nationale a confié à son inspection générale, l’IGGN, «un audit sur l’ensemble de l’intervention».
Selon le décompte non officiel de la page Facebook «Féminicides par compagnon ou ex», 136 féminicides ont déjà été dénombrés en 2019.
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