Isabelle Huppert a estimé samedi, à un festival en Birmanie, que l’industrie française du cinéma, une nouvelle fois secouée par des affaires d’abus sexuels, devrait mieux « protéger économiquement » les femmes. Ces affaires ont poussé le gouvernement français à annoncer plusieurs mesures cette semaine pour lutter contre les violences sexuelles dans le cinéma.

Dans un témoignage bouleversant, l’actrice française Adèle Haenel avait récemment accusé le réalisateur Christophe Ruggia d’« attouchements » et de « harcèlement » quand elle était adolescente, tandis que Roman Polanski est visé par une nouvelle accusation de viol de la part de la photographe française Valentine Monnier, qui dit avoir été battue et violée par le cinéaste en 1975 à l’âge de 18 ans. Ce dernier a nié, menaçant de l’attaquer en justice.

« Boycotter [Polanski] ? Non, je ne pense pas »

Interrogée sur la façon dont l’industrie française du cinéma pourrait mieux protéger les femmes, Isabelle Huppert a répondu : « Elle peut commencer par les protéger économiquement, déjà. Ça, c’est un bon début, une bonne approche. Mais ce n’est pas que dans le cinéma, c’est dans tous les domaines. Les femmes ont toujours été discriminées ».

Quant à boycotter le dernier film de Roman Polanski, J’accuse, elle s’est prononcée par la négative. « Boycotter ? Non, je ne pense pas. C’est un problème qui est très très compliqué », a-t-elle dit, ne souhaitant pas s’exprimer plus sur ce sujet.

Isabelle Huppert a ouvert vendredi le festival du film MEMORY ! dans le plus vieux cinéma de Rangoun, récemment restauré. L’événement a débuté par la projection de La cérémonie (1995), de Claude Chabrol, dans lequel joue Isabelle Huppert. Récompensée en 2017 d’un Golden Globe pour son rôle d’une femme violée dans Elle, de Paul Verhoeven, pour lequel elle a raté de peu l’Oscar, Isabelle Huppert a joué dans plus de 120 films, dont huit seront visionnés au festival.

« J’ai toujours été féministe sans le savoir »

« Pratiquement tous mes films parlent de la condition féminine, de ce que ça veut dire d’être une femme qui se bat pour survivre », a-t-elle expliqué. « J’ai toujours été attirée par des personnages de femmes qui sont au centre (…) des femmes qui se révoltent, qui se libèrent, féministes. Je dirais que j’ai toujours été féministe sans le savoir », a-t-elle ajouté, appelant les femmes birmanes voulant travailler dans le cinéma à se lancer et croire en elles-mêmes, car « il faut déjà franchir tellement d’obstacles dans la vie qu’il ne faut pas s’en créer à soi-même ».

Le festival birman MEMORY ! en est à sa septième édition et présente cette année 70 films, dont des classiques birmans restaurés.

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