L’influence de ces femmes de lettres sur la société de leur temps dépasse de beaucoup le cadre feutré de leurs hôtels particuliers.
Juliette Récamier
Si un salon littéraire peut être vu comme un microcosme de la société, celui que Juliette Récamier tient à Paris s’apparente à une monarchie. D’abord parce qu’il est notamment le reflet de la Restauration (1814-1830) et que la salonnière entretient des liens étroits avec les milieux royalistes. Ensuite parce que cette Lyonnaise, née Julie Bernard en 1777, exerce un véritable empire sur les hommes. Cette femme, célèbre pour sa beauté, est la plus portraiturée de son temps, devant l’impératrice Joséphine ! Parmi ses illustres admirateurs, le prince Auguste de Prusse, Lucien Bonaparte (un frère de Napoléon) ou encore le politique et romancier Benjamin Constant. Mais à partir de 1819, un seul homme occupe ses pensées, François-René de Chateaubriand, auquel elle reste attachée jusqu’à la mort de l’écrivain en 1848. Elle ne lui survit que dix mois.
Madeleine de Scudéry
En 1659, Molière se moque du langage artificiel et affecté des adeptes de la préciosité dans Les Précieuses ridicules. Madeleine de Scudéry est particulièrement visée. Cette native du Havre, issue d’une vieille famille italienne, est orpheline très jeune. Son oncle l’élève avec son frère Georges. Opposée au mariage, elle restera célibataire toute sa vie. Elle est l’auteure de deux romans fleuves au style ampoulé, Artamène ou le Grand Cyrus et Clélie, histoire romaine, qui comptent chacun dix volumes. Madeleine de Scudéry fonde également un salon précieux en 1652. Tous les samedis, elle reçoit le Tout-Paris dans le quartier du Marais, dont la marquise de Sévigné, Madame de La Fayette (qui écrira La Princesse de Clèves) et François de La Rochefoucauld (auteur des Maximes).
Catherine de Vivonne
Le goût immodéré de cette femme brillante pour l’art de la conversation remonte à son enfance, lorsqu’elle assistait aux échanges entre son père, ambassadeur français en Italie, et ses amis érudits. Mariée en 1600, à l’âge de 12 ans, cette amoureuse des arts et des lettres s’installe à Paris avec son époux, le futur marquis de Rambouillet. Elle établit elle-même le plan de son hôtel de la rue Saint-Thomas-du-Louvre (disparu). Dès 1610, elle fait de la « chambre bleue » un haut lieu de la vie mondaine parisienne, éloigné des intrigues de la cour. Les troubles de la Fronde de 1648 à 1653 voient le déclin du salon précieux d’Arthénice (anagramme du prénom Catherine, composée par le poète François de Malherbe).
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