À l’occasion de la sortie du film « Seberg » sur Amazon Prime avec Kristen Stewart, retour sur le destin tragique de l’actrice Jean Seberg, dont la vie a été ruinée par le FBI.
Disponible depuis le 23 juillet sur Amazon Prime, Seberg, porté par Kristen Stewart, revient sur le destin de l’actrice Jean Seberg, victime d’une manipulation du FBI qui a tenté de faire croire que son enfant était le fruit d’une liaison adultérine avec un membre des Black Panthers.
La comédienne a une vie tumultueuse et est l’une des premières parmi ses comparses à s’engager politiquement. Après avoir débuté sa carrière sous la direction d’Otto Preminger, Jean Seberg quitte son Amérique natale pour faire carrière en France, où elle devient une icône de la Nouvelle Vague avec À bout de souffle de Godard. Côté vie privée, après l’acteur et réalisateur François Moreuil, Seberg épouse l’écrivain et diplomate Romain Gary, de 24 ans son aîné. Ensemble, ils ont un fils, Diego, qu’ils font élever secrètement en Espagne pour cacher le scandale de sa naissance avant leur mariage.
Un militantisme qui dérange
Celle qui, à 14 ans seulement, s’inscrivait à la NAACP (organisation américaine de défense des droits civiques), prend ouvertement position en faveur des Noirs et des Amérindiens après l’assassinat de Martin Luther King et se rapproche de Hakim Abdullah Jamal, président de l’Organisation de l’unité afro-américaine et cousin de Malcolm X. Un engagement qu’elle paie cher : elle est classée par le FBI en catégorie 3, celle des dangereux activistes, et est suivie et placée sur écoute dans le cadre du COINTELPRO, programme de contre-espionnage dirigé par John Edgar Hoover. Aux menaces de mort qu’elle reçoit s’ajoutent sa voiture vandalisée, ses chats empoisonnés et une tentative d’assassinat, ou du moins d’intimidation, quand on lui tire dessus un soir.
Victime d’une campagne de dénigrement
Alors que sa carrière décline et qu’elle est séparée de Romain Gary, Jean Seberg s’éprend et tombe enceinte de Carlos Navarra, un révolutionnaire rencontré au Mexique où elle tourne le western Macho Callahan. Le COINTELPRO attribue la paternité de l’enfant à Raymond « Masai » Hewitt, l’un des leaders des Black Panthers. Le FBI ne manque pas de faire circuler cette information, qu’importe s’il s’agit d’une intox, tant que cela cause du tort à l’actrice. Il va en faire à un point insoupçonné : Seberg fait une tentative de suicide le 20 août 1970, qui provoque trois jours plus tard son accouchement prématuré. Le bébé ne survit pas. De retour en France, elle est sujette à des crises de paranoïa, persuadée d’être espionnée, et traverse une profonde dépression.
La descente aux enfers
Dès lors, sa carrière et sa vie privée ne seront plus les mêmes. Le succès n’est pas au rendez-vous pour les quelques films qu’elle tourne (elle passe notamment à côté de La Nuit américaine de Truffaut). Elle tente à nouveau de mettre fin à ses jours en 1973, puis alterne les cliniques de repos et les cures de désintoxication. Métamorphosée et complexée par son nouveau corps, elle s’isole et abuse de l’alcool et des médicaments. Après un séjour dans un hôpital psychiatrique, elle se met en couple avec un homme, Ahmed Hasni, qui la bat et la dépouille, elle qui est déjà fauchée, en la forçant à vendre ses biens. Au cours de leur relation, elle tente de se défenestrer à trois reprises.
Dans la nuit du 29 au 30 août 1979, elle avale l’équivalent de deux mois de traitement de barbituriques et du whisky, avant de prendre le volant de sa voiture. Elle finit par se garer et s’installe sur la banquette arrière, enchaînant à nouveau les pilules. Au matin du 30 août, Hasni signale sa disparition aux autorités qui mettront dix jours à retrouver son corps dans son véhicule, accompagné d’un mot destiné à son fils Diego. Les circonstances de sa mort nourrissent de nombreuses rumeurs, dont celle d’un assassinat lié à un trafic de drogue. Mais aucune preuve n’appuie ces hypothèses. Pour Romain Gary, comme il l’affirme lors d’une conférence de presse chez Gallimard le 10 septembre 1979, le suicide de son ex-femme trouve ses racines dans la campagne de diffamation du FBI dont elle a été victime et qui a causé la perte de son enfant. Jean Seberg repose désormais au cimetière Montparnasse.
Source : Hollywood Crime Stories de Vincent Mirabel, First Document.
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