Consommés en trop grande quantité, les aliments et les boissons pèsent sur la vigilance du conducteur, jusqu’à provoquer une somnolence dangereuse au volant. Un cardiologue-nutritionniste fait le point sur ceux à privilégier avant de prendre la route cet été.
La vigilance au volant passe par l’assiette. C’est du moins ce que démontre une étude de l’association d’assureurs Attitude Prévention, «Bien manger pour mieux conduire», publiée en juillet 2019 et menée auprès d’automobilistes en situation réelle de conduite grâce à un simulateur. «Si on attribue la somnolence sur la route au manque de sommeil, à une consommation d’alcool ou de médicaments, on aurait tort d’oublier que l’alimentation a un réel impact sur nos réflexes», constate le Dr Frédéric Saldmann, cardiologue et nutritionniste en charge de l’étude avec le professeur Fabrice Bonnet, médecin endocrinologue. En cette période estivale et afin de limiter les risques d’accident, le professionnel de santé dresse la liste des aliments et des boissons à privilégier avant de boucler sa ceinture.
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Éviter les plats en sauce et les desserts sucrés
Faire le plein d’essence pour la voiture, oui : en revanche, attention à ne pas charger son estomac. «Quarante minutes après un repas, l’énergie du corps travaille pour faire avancer le bol alimentaire vers le tube digestif, au détriment du cerveau», observe le Dr Frédéric Saldmann, cardiologue et nutritionniste. En clair, plus le repas est copieux, plus la dépense énergétique augmente et provoque l’endormissement. À quelle quantité faut-il se fier ? La récente étude d’Attitude Prévention souligne qu’un déjeuner hypercalorique de 1503 calories altère le temps de freinage. «On y arrive très vite avec de la charcuterie sur du pain beurré en entrée, un steak au poivre avec des frites en plat accompagné d’un verre de soda et en dessert un moelleux au chocolat», détaille le spécialiste. Pour s’y retrouver sur le menu, sans forcément sortir sa calculette, ce dernier conseille de bannir en priorité tous les plats en sauce et les douceurs sucrées.
Manger le plus léger possible
Pour alléger son assiette, on s’inspire des régimes alimentaires pauvres en viande rouge avec des légumes et des fruits de saison, avant de terminer par un yaourt. Si l’on souhaite manger des protéines, le Dr Frédéric Saldmann recommande de se tourner vers des viandes blanches comme un blanc de volaille, des poissons maigres ou des œufs, toujours en petite quantité. Néanmoins, il faut avouer qu’on ne retrouve pas forcément ce genre de menu sur toutes les aires d’autoroutes. Dans ce cas-là, le médecin nutritionniste suggère d’opter pour un sandwich simple et une salade.
À la grande surprise des médecins en charge de l’étude «Bien manger pour mieux conduire», l’échantillon des conducteurs qui ont le mieux réussi les tests sont ceux qui ont adopté le régime du jeûne séquentiel avant la conduite, autrement dit ne pas manger pendant quatorze heures d’affilée. «De cette manière, on laisse le temps au corps de se régénérer et on sécrète un peu d’adrénaline, ce qui va augmenter la vigilance», précise le spécialiste en nutrition. S’il ne recommande pas le jeûne séquentiel pour autant, le spécialiste conseille en outre à ceux qui le pratiquent de vérifier avec leur médecin s’il n’y a pas de contre-indication à ce régime, du type tendance à l’hypoglycémie.
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Privilégier les en-cas peu sucrés
Si la faim se fait ressentir au fil des kilomètres, on pourrait penser qu’un sachet de biscuits peut faire l’affaire, voire va nous maintenir éveillés avec son taux de sucre élevé. Grosse erreur d’après le cardiologue-nutritionniste : «si le sucre permet d’augmenter rapidement la vigilance, il entraîne un gros rebond hypoglycémique derrière, un peu comme des montagnes russes». Dans leur étude commandée par l’association Attitude Prévention, les médecins préconisent plutôt de s’offrir une barre de céréales peu sucrée ou des fruits secs (abricots, figues) plutôt qu’un muffin aux pépites de chocolat.
S’hydrater le plus régulièrement possible
Après les fortes chaleurs de ces dernières semaines, on a tendance à abuser de la climatisation en voiture et donc à avoir plus rapidement la gorge desséchée. Selon les conclusions du docteur Frédéric Saldmann et du professeur Fabrice Bonnet, «le cerveau étant sensible aux pertes hydriques, l’organisme va alors avoir plus de difficultés à effectuer des tâches». C’est pourquoi les professionnels de santé insistent sur le fait de s’hydrater fréquemment, avant que la soif se fasse ressentir. Côté boissons, on privilégie sans grande surprise l’eau et on oublie les consommations sucrées. Ces dernières sont contre-productives au volant. «Elles déshydratent, apportent du sucre et donc fatiguent plus qu’autre chose l’organisme», conclut le médecin nutritionniste.
* Initialement publié en juillet 2019, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.
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