Qui ne connaît pas les danseuses de Degas, ces petits rats dont le peintre a si admirablement saisi la grâce et la fragilité ? L’Opéra a été au centre du travail du peintre, tout au long de sa carrière. Mais il ne s’est pas contenté d’y peindre les danseuses. Il y a trouvé une grande variété de sujets comme l’explique Henri Loyrette, commissaire de l’exposition au musée d’Orsay : « C’est la salle, c’est la scène, ce sont les coulisses, c’est aussi le peuple de ceux qui sont à l’opéra, les danseuses, les musiciens, les abonnés… Bref tous ceux qui font en quelque sorte l’Opéra. »
Pour Degas, l’Opéra est le champ de tous les possibles. Il y trouve une diversité d’éclairages et de points de vue. C’est aussi un véritable laboratoire technique. « L’Opéra n’est pas seulement un monde qui donne à Degas des sujets, des formes, des émotions mais c’est aussi celui où il va puiser d’éternelles, d’incessantes réinventions techniques, explique Marine Kisiel, conservatrice au Musée d’Orsay. Tout ce qui est novateur techniquement chez Degas, l’apparition du monotype, le fait de commencer à sculpter, l’idée des papiers colorés, le pastel aussi, tout cela part de l’Opéra. »
Cette diversité des supports utilisés par Degas, on la retrouve pleinement dans l’exposition qui réunit des peintures, des estampes, des dessins, des sculptures, des éventails et même des négatifs sous verres, soit plus de 200 oeuvres. Toute la carrière de Degas est couverte : de son premier portrait à l’Opéra, celui de la danseuse Eugénie Fiocre en 1867, aux œuvres les plus tardives, envahies par la couleur. Le peintre parlait lui-même d’une orgie de couleurs.
« Danseuse aux bouquets » peint vers 1895-1900 en fait partie. Ce tableau, venu des États Unis, est exposé pour la première fois en France. « C’est une danseuse dans un paysage. Rien n’apparaît de la scène. Elle est dans ce paysage totalement aberrant en quelque sorte, extrêmement coloré. Elle est éclairée des feux de la rampe. Il y a ces bouquets qui gisent à ses pieds et elle salue, décrit Henri Loyrette. Curieusement, elle est vêtue d’un tutu noir, ce qui n’apparaît jamais dans l’œuvre de Degas. Il y a quelque chose à la fois d’admirable je dirais mais aussi de tragique. Il faut penser que c’est la première œuvre qui apparaît lors des ventes après décès de l’artiste. »
On imagine la surprise que ce fut parce qu’on ne connaissait absolument pas ce Degas-là.Henri Loyrette, commissaire de l’expositionà franceinfo
Ces œuvres tardives comme toutes les autres sur l’Opéra, Degas les a peintes dans son atelier en puisant dans son imaginaire.
« Degas à l’Opéra », un reportage d’Anne Chépeau.–‘—-‘–
« Degas à l’Opéra », à découvrir jusqu’au 19 janvier au musée d’Orsay.
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