Elle a fait ses premières armes au cinéma en 2019 dans « Une fille facile », de Rebecca Zlotowski. Récompensée pour le rôle de Sofia au Festival de Cabourg, la comédienne a évoqué les commentaires peu flatteurs dont elle était parfois la cible.

Le septième art peut enfin respirer. Un peu. Le 22 juin dernier, les salles obscures ont rouvert leurs portes et les festivals ont même pu reprendre – plus ou moins – leur cours. Celui de Cabourg, par exemple, avait commencé en demi-teinte, depuis l’intimité du Club de l’Étoile de Paris… mais s’est clôturé comme il se doit en Normandie, comme prévu avant la pandémie du coronavirus. L’occasion pour Zahia Dehar de prendre la parole, elle qui a été récompensée du prix du Premier rendez-vous, attribué aux jeunes talents pour leur première prestation cinématographique.

Elle avait préparé un discours poignant. Dans Une fille facile, de Rebecca Zlotowski, Zahia Dehar jouait une jeune escort girl pleine de force et de légèreté. Quand elle s’adresse aux gens, la comédienne de 28 ans semble appartenir à un autre temps, comme figée dans un espace qui n’appartient qu’à elle. Mais elle n’en entend pas moins ce qui se dit à son propos. « On n’est jamais trop libre, ni trop femme ni trop différente, a-t-elle expliqué à Paris Match lors de la 34e édition du Festival de Cabourg. L’inquisition morale et les jugements idiots que je subis depuis dix ans sont douloureux à vivre, comme n’importe quelle discrimination. Il est temps que cela cesse. »

En devenant la nouvelle coqueluche du cinéma français, Zahia Dehar n’a pas fait oublier son passé. D’ailleurs, elle-même l’assume très bien. Pourtant, alors qu’elle assurait la promotion du film de Rebecca Zlotowski, l’actrice avait expliqué avoir envisagé le pire face aux répercussions de la fameuse Affaire Zahia. « Je l’ai vécu comme un choc et une catastrophe, bien sûr. J’ai eu le sentiment que, alors que ma vie adulte commençait à peine, je n’avais plus d’avenir, racontait-elle dans les colonnes des Inrocks. Je me suis sentie bloquée dans une case, celle des femmes bannies, lapidées. Je me suis sentie vraiment très mal. Je pensais même à me suicider, parce que je croyais qu’il n’y avait plus de vie pour moi. Je me sentais comme un monstre qu’il fallait cacher…« 

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