Le mois de juin est un mois de commémoration et de militantisme qui permet à la communauté LGBTQ+ de crier sa fierté. La mode s’implique de plus en plus avec des collections « rainbow ». Mais entre pinkwashing et vrai engagement, il n’est pas facile de déceler les bons et les mauvais élèves.
Le mois de juin ne représente pour la plupart des gens que le début de l’été et des apéros sur les quais. Pour la communauté LGBTQ+ aussi, à la seule différence que ce mois est dédié à son histoire, à la commémoration des luttes et à la revendication de l’égalité. Le mois de juin marque en effet l’anniversaire des émeutes de Stonewall qui ont pris place le 28 juin 1969, lorsqu’un raid de police fait une énième descente homophobe dans ce bar où se retrouvaient transgenres, drag queens, homosexuel.le.s, bisexuel.e.s ou encore prostitués… La population de Greenwich Village se révolte alors et les affrontements dureront pendant plusieurs semaines.
Militantisme ou appel de l’argent ?
Aujourd’hui, si les droits des personnes LGBTQ+ sont de plus en plus respectés dans de nombreux pays, bon nombre de batailles restent encore à livrer. Les marches des fiertés, organisées tous les mois de juin/juillet, sont l’occasion de faire entendre ces réclamations d’égalité. La mode, fidèle alliée de la communauté queer depuis des décennies, s’est alors donnée comme mission d’apporter son soutien à celles et ceux qui sont encore opprimés, même en France. On assiste alors, chaque année, au même bal des marques qui dévoilent leur collection capsule « rainbow » ou « pride ». Une initiative plus que louable en apparence mais qui, parfois, ne l’est pas totalement.
En effet, se servir des luttes d’une population opprimée pour sortir en exclusivité un tee-shirt avec une police arc-en-ciel pour son propre profit : ce n’est pas respectueux. Des personnes homosexuelles, bies et transgenres meurent encore dans des camps de la mort en Tchétchénie, par exemple. Il semble très inapproprié de surfer sur ce mois de fête pour vendre une collection, somme toute jolie. C’est ce qu’on appelle alors : du pinkwashing. Dans les faits, c’est donner à sa marque une image d’allié LGBTQ+ sans vraiment agir pour améliorer la cause de cette communauté. Il y a quelques années, le pinkwashing était très répandu et les marques utilisaient le mouvement LBTQ+ pour leur simple profit. Après avoir été interpellées à nombreuses reprises par les acteurs de la communauté queer, ces dernières se sont considérablement réduites.
Évidemment, le problème n’est pas de créer une collection Pride, bien au contraire. Mais la moindre des choses reste de reverser au moins la moitié (voire l’intégralité) des bénéfices aux associations de défense des personnes queer. En 2020, il reste encore malheureusement des grandes marques qui ne reversent rien aux associations, ou alors très peu. Car ne reverser que 10 ou 20 % d’un tee-shirt à 100€, on pourrait penser que c’est se moquer de la cause…
Les bons élèves
Fort heureusement, les directeurs artistiques des maisons de couture sont de plus en plus conscients de ces combats et de la réelle nécessité à soutenir les associations grâce à leur plateforme. Ces marques font partie des bons élèves de la mode, ceux qui reversent quasiment la totalité de leurs bénéfices à une charité et s’engagent sur le long terme contre la discrimination et pour l’inclusion. Burberry a été l’une des premières maisons à prendre la parole sur le sujet des violences LGBTphobes, notamment sur le lieu de travail. Aujourd’hui la maison menée par Riccardo Tisci réaffirme son engagement avec une collection capsule de foulards en soie, tee-shirts, shorts, débardeurs estampillés aux couleurs de l’arc-en-ciel. Les bénéfices seront reversés à trois organisations opérant pour la communauté LGBTQ+ : UK Black Pride, Stonewall et l’ Albert Kennedy Trust.
Même scénario chez la maison AMI Paris. L’enseigne du chic parisien, fondée par Alexandre Mattiussi, a tenu à soutenir la cause queer avec une collection aux couleurs rainbow. L’intégralité des bénéfices sont reversés à l’association GLAAD qui permet la représentation et l’accélération de l’acception des personnes LGBTQ+ à travers le monde. Vestiaire Collective a eu l’excellente idée de créer une campagne de charité grâce à ses membres qui ont déniché dans leurs armoires des pièces uniques aux couleurs du drapeau créé par Gilbert Baker en 1978. L’intégralité des bénéfices de cette vente seront reversés aux associations Stonewall & Marsha P. Johnson Institute. On applaudit également Levi’s et Calvin Klein. Régulièrement, la marque de jean produit des spots de pubs et des campagnes avec des mannequins queers et de couleurs. Cette année, elle a souhaité prôner le slogan : « Use Your Voice ». La marque de denim s’est associée à Self Evident Truths, un projet de photographie queer, pour immortaliser celles et ceux qui n’ont plus peur d’être qui ils sont. 100% des bénéfices sont reversés à OutRight Action International. Même constat du côté de Calvin Klein. La griffe de prêt-à-porter lance une collection capsule mais aussi toute une campagne au parfum de revendication de soi : #Proudinmycalvins. La maison new-yorkaise a également collaboré avec Outright pour ces spots vidéo où l’on peut découvrir Tommy Dorfman de « 13 Reasons Why » ou encore la chanteuse drag queen Pabllo Vittar. Oui, derrière l’arc-en-ciel peut se cacher un vrai ciel bleu ou un triste orage.*
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