Une oeuvre, « si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur« , a lancé Franck Riester lors des deuxièmes Assises pour la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma jeudi 14 novembre à Paris, au moment où Roman Polanski est visé par une nouvelle accusation de viol de la part de la photographe française Valentine Monnier, qui dit avoir été battue et violée par le cinéaste en 1975 à l’âge de dix-huit ans.
Sans jamais nommer le réalisateur, le ministre a estimé que « le talent n’est pas une circonstance atténuante ; le génie, pas une garantie d’impunité« . Deux ans après la naissance du mouvement #MeToo, il a cependant mis en garde contre le « tribunal de l’opinion » et assuré de son souci de protéger « la liberté de créer« .
Soutenir celles qui osent briser le silence
Rendues publiques dans le Parisien quelques jours avant la sortie mercredi du nouveau film de Polanski, J’accuse, les accusations de Valentine Monnier étaient venues s’ajouter à d’autres mises en cause, ces dernières années, toutes prescrites et réfutées par le réalisateur. Roman Polanski est en outre sous le coup de poursuites de la justice américaine depuis 1977 pour relations sexuelles illégales avec une mineure.
Franck Riester, qui avait déjà salué le courage de l’actrice Adèle Haenel, qui a accusé le réalisateur Christophe Ruggia d’attouchements et de harcèlement quand elle était adolescente, a une nouvelle fois exprimé son soutien à « toutes celles qui osent briser le silence« . « Votre parole est nécessaire » et n’est « pas vaine« , a-t-il dit, en annonçant des mesures contre le harcèlement sexuel.
Des référents pour prévenir le harcèlement sexuel
Parmi ces mesures, le versement de toutes les aides du Centre national du cinéma (CNC) sera « dorénavant conditionné au respect, par les entreprises qui les demandent, d’obligations précises en matière de prévention et de détection des risques liés au harcèlement sexuel« . Le ministre est également « favorable à la nomination de référents en matière de prévention et de détection des risques liés au harcèlement sexuel » sur les tournages et pendant les promotions des films. Des formations sur la prévention du harcèlement destinées aux professionnels seront aussi organisées dès 2020.
Enfin, la mise en place d’une « cellule d’alerte et d’écoute à destination des victimes de violence et de harcèlement sexuel et sexiste » dans le spectacle vivant, l’audiovisuel et le cinéma sera accompagnée par le ministère, afin qu’elle « soit opérationnelle dès le 1er janvier 2020« .
Dans ce contexte perturbé, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a également annoncé que le groupe audiovisuel public allait nommer « un référent harcèlement sexuel sur chacun des tournages« .
« Pas de grand film sur l’Affaire Dreyfus »
Alors que Valentine Monnier avait écrit des courriers pour s’interroger sur les financements publics dont bénéficie Roman Polanski, Delphine Ernotte a par ailleurs justifié le choix de France Télévisions de coproduire J’accuse. « Nous avons considéré qu’il n’y avait pas eu de grand film sur l’Affaire Dreyfus« , a-t-elle plaidé, disant cependant « comprendre l’émotion et l’interrogation que peut susciter cette décision« . « Mais au-delà de ce symptôme que représente un réalisateur ou un film en particulier que nous devrions juger, c’est bien un système que nous devons interroger« , a-t-elle estimé.
Lors de la première édition des Assises pour la parité l’an dernier, la ministre de la Culture de l’époque, Françoise Nyssen, avait annoncé la mise en place en 2019 d’un bonus de 15% dans les subventions pour les films dont les équipes intègrent autant de femmes que d’hommes à des postes d’encadrement clés. Faisant le point sur ces mesures, Franck Riester a annoncé que 22% des films agréés par le CNC (soit 29 films) avaient reçu ce bonus. Il s’est félicité que les engagements pris aient été « suivis de résultats« .
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