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Crainte de ne pas sentir son accouchement, que le travail s’éternise… de plus en plus de femmes sont réticentes à se faire poser une péridurale. Quelles sont les alternatives pour soulager la douleur ? L’éclairage du Pr René Frydman, gynécologue-obstétricien.

Avec la vogue de la naturalité, de plus en plus de femmes veulent reprendre la main sur leur accouchement. Et accoucher sans péridurale, cette méthode d’anesthésie qui consiste à injecter un liquide dans le bas de la colonne vertébrale. D’après des données de l’enquête nationale périnatale, un quart des femmes enceintes souhaiteraient accoucher sans péridurale mais la moitié d’entre elles auraient finalement recours à cette analgésie. Pourquoi ces réticences ?

Avec la péridurale, un accouchement moins efficace ?

« La péridurale peut légèrement ralentir le travail« , précise le Pr René Frydman, auteur de « L’accouchement aujourd’hui » (ed. Hachette). « Dans quelques cas peu fréquents, il arrive que certaines femmes ne sentent plus rien du tout« . Aujourd’hui, dans certaines maternités, il est possible de doser soi-même la quantité de produit anesthésiant afin de trouver le bon équilibre entre la conscience de ce qui se passe dans son corps et la gestion de la douleur. Y aurait-il plus de recours à des instruments en cas de péridurale ? « J’insiste sur le fait que les femmes doivent assister aux séances de préparation à l’accouchement« , souligne le gynécologue. « On y explique comment respirer pour accompagner la contraction et pousser le bébé vers l’extérieur. C’est d’autant plus important que la péridurale atténue les sensations. « 

Quelle que soit la décision de la future maman, la consultation avec un anesthésiste est obligatoire si une anesthésie générale s’avérait nécessaire. Dans certains cas, très rares, la péridurale peut être contre-indiquée. Allergie aux produits anesthésiants, déformation importante de la colonne vertébrale (scoliose), troubles de la coagulation, forte obésité, infection dermatologique ou encore fièvre le jour J.

Des effets secondaires limités

La région où est posée la péridurale ne touche pas la moelle épinière, donc pas de risque pour la mère, ni même pour le bébé. Dans 1 à 2% des cas, la péridurale peut provoquer des maux de tête. Ce peut être dû à une perforation de la dure-mère par l’aiguille de ponction. Le médecin doit parfois intervenir en pratiquant un blood patch, une injection de sang dans l’espace péridural pour rétablir la pression du liquide céphalorachidien.

Changer d’avis, c’est possible

Que l’accouchement dure 2h ou 12h, qu’il survienne en pleine nuit ou non, difficile de présumer des réactions de la future maman car chaque accouchement est différent. Le seuil de tolérance à la douleur aussi. « L’équipe médicale tient compte de la personnalité de la femme pour lui offrir un panel de possibles« , explique le spécialiste. Bon à savoir : le choix d’accoucher sans péridurale n’est pas définitif. Le Pr René Frydman rassure, on peut toujours changer d’avis si la douleur devient insupportable. Il existe une technique appelée rachianesthésie, une sorte de péridurale de courte durée. Elle est pratiquée en fin d’accouchement. Si elle fonctionne immédiatement, son effet est limité à 4 heures.

Soulager la douleur des premières contractions

Pour les femmes qui voudraient dominer la douleur, de multiples possibilités sont offertes. De plus en plus de maternités sont équipées de baignoire pour prendre un bain chaud. Ballon, liane accrochée au plafond, musique, marche avec un monitoring sans fil, la future maman peut tester des positions différentes pour se soulager pendant les contractions. Cela vaut le coup de se renseigner sur les dispositifs mis en place dans l’établissement au moment de l’inscription à la maternité.
La préparation à l’accouchement, une étape indispensable
« Pendant les séances de préparation à l’accouchement, les femmes vont apprendre des respirations qui permettent de soulager la douleur« , explique le gynécologue. Il existe également des préparations spécifiques : yoga, sophrologie, haptonomie, chant prénatal. A chacune de choisir sa discipline en lien avec ses affinités. L’objectif : surmonter la douleur, sans se faire dépasser.

Les alternatives antidouleurs

Certaines maternités proposent des techniques pour soulager la douleur pendant l’accouchement.

Le gaz hilarant

« C’est une technique efficace en début d’accouchement« , précise le Pr René Frydman. Dès que l’on sent la contraction venir, un masque est posé sur le nez de la future maman qui diffuse un cocktail de protoxyde d’azote et d’oxygène. Comme la technique ne peut être répétée trop longtemps, une péridurale peut devenir nécessaire.

La réflexothérapie lombaire

La méthode consiste à injecter de l’eau distillée mélangée à un anesthésique. Cela permet de soulager les douleurs lombaires, notamment en cas « d’accouchement par les reins« , quand la tête du bébé dans le bassin appuie sur le sacrum.

L’acupuncture

Grâce à cette médecine chinoise pratiquée par certaines sages-femmes et médecins, des aiguilles sont placées sur des points précis (ventre, pied, mains), pour favoriser la relaxation. Cela stimulerait la production d’endorphines et faciliterait le déclenchement naturel du travail. Le hic, c’est que si le praticien n’est pas disponible le jour J, il faudra se tourner vers une alternative.

L’hypnose

Cette technique aide à gérer les sensations ressenties du début à la fin de l’accouchement. A partir de métaphores, d’anecdotes et de souvenirs, le praticien guide la future maman dans la recherche de ses propres ressources. Cela ne nécessite pas de préparation en amont. Même bémol que pour la méthode précédente, rien ne permet de s’assurer de la présence d’un praticien formé et disponible au moment de l’accouchement.

La neurostimulation électrique transcutanée

Cette méthode, connue pour soulager les douleurs de dos, peut être utilisée au moment de l’accouchement. C’est un boîtier muni d’électrodes que l’on place dans le dos de la future maman. Les impulsions électriques stimulent les voies nerveuses de la moelle épinière, ce qui bloque la transmission de la douleur. Cet appareil fonctionne bien notamment en première partie du travail.

Y a-t-il des cas où la péridurale s’avère nécessaire ?

Dans certains cas, il est recommandé d’avoir recours à une péridurale. Par exemple si une manoeuvre est nécessaire (par exemple, le bébé est en siège), s’il s’agit d’un gros bébé pour lequel des instruments pourraient être nécessaires ou encore des jumeaux, car une manipulation est nécessaire pour le deuxième.

A lire : L’accouchement aujourd’hui, du Pr René Frydman, Christine Schilte, ed. Hachette

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