A l’instar du réalisateur de French Connection, toute une génération de cinéastes a bousculé les codes du cinéma américain au début des années 70. Une révolution dans le fond et dans la forme, dont le nom résonne encore aujourd’hui : le Nouvel Hollywood.
William Friedkin. À la seule mention de ce patronyme, tout cinéphile est pris de frissons incontrôlés. D’abord parce que le réalisateur américain, qui a signé avec French Connection (1971), l’un des plus grands polars des seventies, a toujours été précédé d’une réputation d’homme caractériel. Ensuite parce qu’il a signé l’un des films d’horreur les plus traumatisants de l’histoire, L’Exorciste (1973). Le nom de Friedkin est également associé au mouvement le plus important du cinéma américain de l’après-guerre : le Nouvel Hollywood.
À la fin des années 1960, le monde est en ébullition, sociétale mais aussi artistique. Si la France a eu sa Nouvelle Vague avant Mai 68, les États-Unis sont en proie à bien des soubresauts. La guerre s’enlise au Vietnam et les mouvements contestataires s’intensifient. Miroir de la société, le cinéma n’échappe pas au phénomène de remise en cause de l’ordre établi. De nombreux réalisateurs décident de s’affranchir de la tutelle des « majors », les grandes sociétés de production. Ils veulent une liberté artistique totale avec le fameux « final cut » (droit de décision sur le montage) et signent des œuvres plus réalistes et parfois violentes. La plupart des analystes situent le début du Nouvel Hollywood à Bonnie and Clyde (1967), d’Arthur Penn, dont l’acteur principal et producteur, Warren Beatty, a dû batailler ferme contre son studio pour imposer sa vision radicale et glamour du couple de hors-la-loi.
Une jeune génération prend le pouvoir
De très nombreux cinéastes rejoignent le mouvement. William Friedkin donc, considéré comme le plus sauvage de la bande, mais aussi Francis Ford Coppola, Stanley Kubrick ou Woody Allen, des cinéastes déjà célèbres. Mais c’est surtout avec ses nouveaux talents, tout juste diplômés, que le Nouvel Hollywood assoit sa réputation. Brian De Palma, Steven Spielberg, Martin Scorsese, George Lucas, Terrence Malick : tous apportent un vent de fraîcheur avec leurs premiers films radicaux, sombres et sexualisés. Comme Spielberg avec Les Dents de la mer (1975), Scorsese avec Taxi Driver (1976) ou De Palma avec Carrie au bal du diable (1977). Par un étonnant retournement de tendance, ce sont ces mêmes grands noms qui signeront la fin du Nouvel Hollywood. Avec Les Dents de la mer, Steven Spielberg lance le premier blockbuster de l’histoire, alors que George Lucas révolutionne l’industrie avec sa trilogie Star Wars. L’ère du divertissement destiné au plus grand nombre commence dans les années 1980, signant la fin des rêves de cet Hollywood nouveau.
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