Gros succès générationnel du rap de ces dernières années, le collectif rennais Columbine est emmené par deux rappeurs : Foda C et Lujipeka. Ce dernier, garçon charmeur aux rimes trempées dans le spleen de son âge, est aussi le chéri des adolescentes, qui ont contribué à mener le groupe au sommet des charts (deux disques de platine, des centaines de millions de streams, des tournées complètes et l’hystérie du public à chaque concert).

Dès le départ, le groupe avait prévu de laisser à chacun le loisir de développer ses projets personnels. De fait, sur le troisième et dernier album de Columbine, Adieu bientôt (2018), Lujipeka et Foda C multipliaient les titres en solo à côté de leurs duos.

C’est donc tout naturellement que Lujipeka tente aujourd’hui le grand saut avec son premier Ep en solo, L.U.J.I.. Dans ce neuf titres, il entremêle rap et chant autotuné et cache dans ses rimes à tiroirs ses larmes d’ancien ado désenchanté pas encore prêt à basculer dans le cirque encore plus déprimant des adultes.

Dans la continuité de l’éclectisme singulier de Columbine, il s’ouvre à toutes ses influences, aussi bien EDM que dub, PNL que Post Malone, sans oublier un flirt sans complexe avec la variété. Et tout en s’offrant les services de nouveaux producteurs, il produit lui-même trois chansons, dont les réussies Palapalaba et Contaminé.

Nous lui avons demandé de nous livrer quelques unes de ses influences et coups de coeur du moment.

Le film « Mustang » de Deniz Gamze Ergüven (2015)

Lujipeka : « C’est l’histoire de cinq sœurs turques orphelines privées de leur liberté, emprisonnées à la maison par leur propre famille. Je me suis récemment repassé ce super film de Deniz Gamze Ergüven qui soulève plein de sujets encore et toujours actuels, avec une belle sensibilité qui n’est pas sans rappeler Virgin Suicides de Sofia Coppola (et un peu le confinement aussi), qui est un de mes films préférés (on en avait d’ailleurs fait une chanson avec mon groupe Columbine dans l’album Adieu Bientôt). »

L’album « Channel Orange » de Frank Ocean (2012)

Lujipeka : « Il est sorti en 2012 et il ne m’a jamais quitté, sans doute mon album préféré de Frank Ocean. Ça commence par la musique de lancement de la PS1 puis on rentre dans un vrai univers tout au long du projet (c’est le genre d’albums à écouter obligatoirement d’une traite). Pour moi c’est parfait pour les nuits d’été mais en ce moment il passe bien aussi. Mes éternels coups de coeur dessus c’est : Super Rich Kids, Pyramids et Forrest Gump. » 



La série documentaire « The Defiant Ones » de Allen Hugues (2017)

Lujipeka : « Ce documentaire en quatre épisodes retrace la carrière de la légende du rap Dr. Dre et du producteur Jimmy Lovine. C’est archi intéressant de voir leurs parcours respectifs depuis les début de N.W.A pour l’un et les enregistrements d’albums de Bruce Springsteen pour l’autre, jusqu’à leur alliance pour créer la marque Beats (une marque de casques audio et hauts parleurs vendue 3 milliards de dollars à Apple en 2014 ndlr). J’aime trop les documentaires sur les gens qui ont marqué l’industrie musicale et celui-ci est vraiment bien fait, super complet. On y découvre plein d’anecdotes folles, je conseille à fond, c’est très inspirant » (à voir sur Netflix).

L’album « Future Nostalgia » de Dua Lipa (2020)

Lujipeka : « Il est trop bien cet album (le second de cette pop star britannique ndlr), ce n’est pas ce que j’écoute le plus habituellement, mais là ça m’a conquis. Dua Lipa est une vraie pop star sans que ça soit trop cliché dans le genre. Il y a surtout plein d’idées de production très inspirantes tout au long de l’album. Un peu de musique positive, idéale pour le déconfinement. »

Le film « Natural Born Killers » (« Tueurs nés ») d’Oliver Stone (1994)

Lujipeka : « Il s’agit d’une love story (scénarisée par Quentin Tarantino ndlr) entre deux ados devenus des tueurs en série en cavale et des stars médiatiques. Je voulais le voir depuis longtemps, j’ai grave kiffé. Ca traite bien de la starification, de l’impact des médias prêts à tout pour le buzz (et le film a 25 ans !), si bien qu’on ne sait pas qui est le plus déshumanisé entre les journalistes et les meurtriers. Le tout dans une ambiance 90’s psychédélique qui part dans tous les sens. Bref je conseille à fond et si vous aimez l’esthétique il y a The Doom Génération de Gregg Araki dans le même esprit aussi.« 

Le EP L.U.J.I. de Lujipeka (Initial Artist Services) sort vendredi 22 mai

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