On les imagine uniquement obsédés par les pieds ou les cuissardes en vinyle. Pourtant, les adorations des fétichistes sexuels sont multiples et parfois même… surprenantes. Tour d’horizon de cette paraphilie qui ne cesse de fasciner.

Qui sont les fétichistes ?

Etymologiquement tiré du latin facticius (destin), le fétichisme dérivera ensuite vers le portugais feitico, qui signifie « artificiel ». Il désigne alors l’adoration d’un objet (le fétiche) dans son acceptation religieuse. A partir du XIXe siècle, on parlera de fétichisme sexuel pour désigner le fait d’être excité au contact d’une partie du corps de son partenaire, d’un vêtement, voire d’une matière, plutôt que de l’individu convoité dans son ensemble.
Le manuel Psychopathia sexualis, paru en 1886, est l’un des premiers à faire référence audit fétichisme, le classant alors comme une déviance.

Aujourd’hui – évidemment sauf cas extrêmes de perversion, d’obsession pathologique ou de non-consentement entre ses participants –, le fétichisme, officiellement classé comme paraphilie («expérience sexuelle intense liée à des objets, situations, individus atypiques»), est plutôt bien accepté socialement. En témoignent ses adeptes fièrement auto-proclamés comme Ricky Martin ou Quentin Tarantino, lequel avoue (et filme) sans complexe son immense passion pour les pieds féminins. Last but not least, le fétichisme a même depuis 2009 sa journée internationale, chaque troisième vendredi du mois de janvier. Avis aux adeptes ou à leurs soutiens : ce jour-là, il est de bon ton de porter du violet pour se reconnaître subtilement entre fans. Parce que «perverts wear purple*» (sic).

* = Les pervers portent du violet

Hommes, femmes, tous égaux devant le fétichisme ?

Point d’égalité des sexes côté fétichisme sexuel. En effet, les études montrent qu’une immense partie des fétichistes sont des hommes. Ainsi 2 à 4% d’entre eux* seraient fétichistes, les femmes n’entrant guère dans cette classification.
S’il est vrai qu’on observe plus fréquemment des passions irrationnelles pour les petites culottes chez ces messieurs que l’adoration de slips usagés chez les femmes, certains fétichismes féminins semblent toutefois exister, probablement moins assumés jusqu’à aujourd’hui, comme l’explique Jean Streff dans son Traité du fétichisme à l’usage des jeunes générations (Denoël). Selon lui, le fétichisme est avant tout une histoire de petite enfance. Un petit garçon qui aurait scotché sur la poitrine opulente de sa nounou pourrait avoir développé une obsession pour les gros seins plus tard. Une petite fille pourrait alors elle-même avoir gardé le souvenir ému de la gourmette d’un prof d’EPS. Et pourquoi pas ?

N’en déplaise à Freud, qui ne voyait dans le fétichisme qu’un symbole phallique témoignant d’une homosexualité refoulée, il semble bien que nous soyons finalement… tous un peu fétichistes. A des degrés divers et surtout très variés.

* Etude Sexplora 2018

Les fétichistes d’une partie du corps

  • Les fétichistes des pieds


La podophilie est le fétichisme le plus répandu dans le monde. Si Tarantino a largement « mainstreamisé » cette adoration délirante pour les petits petons aux orteils affriolants, on retrouve selon les historiens le culte du pied dès -1000 avant Jésus Christ.
De leur dévotion olfactive (mmm…) à l’envie irrépressible de les toucher, les caresser, les lécher de bout en bout et surtout jusqu’aux orteils, les pieds semblent être l’objet de toutes les convoitises quelles que soient les époques mais aussi les cultures.
En Chine, jusqu’à l’interdiction de 1912, bander les pieds des femmes pour qu’ils restent petits avait une visée érotique, les rendant alors «vulnérables» par leur trottinement et dès lors, censément plus excitants pour les hommes. A contrario, en Occident, on associe souvent le fétichisme du pied à celui des talons hauts (l’altocalciphilie), liés à l’émancipation féminine et au fantasme de domination.

Qu’il s’agisse de lécher l’escarpin, de se faire marcher dessus, ou de simplement masser la plante du pied adoré, la podophilie compte autant d’adeptes que de variantes pour faire grimper le plaisir. Mention spéciale au «foot job», la masturbation avec les pieds, qu’on préférera alors sans nulle doute bien hydratés.

  • Les fétichistes d’une partie du corps (seins, nombril, fesses…)


Mazophilie (fétichisme des seins), pygophilie (celui des fesses), ombiphilie (du nombril), nazophilie (du nez)…, après les pieds, on trouve presque autant de fétichismes que de parties du corps humain. Certains tripent aussi sur les fluides corporels, les poils (les tricophiles – ces partenaires indulgents et économiques) ou même les lobes d’oreille.
Moins «contraignant» pour leurs adeptes que le fétichisme par l’objet, celui qui cible une partie du corps peut cependant engendrer des frustrations. Obnubilé par l’objet de sa fascination, le fétichiste est en effet souvent peu soucieux de ce qui l’entoure (coucou les autres zones érogènes !), voire de la personne qui la possède. De la limite amoureuse du fétichisme sexuel, quand il devient obsessionnel…

Le fétichisme d’un vêtement ou d’une matière

Lorsqu’on pense fétichisme, on a immédiatement la vision d’un être masqué, armé d’un martinet et saucissonné dans une tenue de cuir ou de latex. Un cliché ? Oui et non. Car le cuir, hors fétichisme, reste dans l’inconscient collectif lié au fantasme. Son odeur, son crissement ou le fait qu’il épouse si bien les formes excite, rassure ou fascine, des bikers au rockers, des rebelles aux fétichistes. D’où le succès de la cuissarde luisante, parfait combo cuir / altocalciphilie dans une communauté qui fond pour certains types de vêtements ou de matières bien particulières.

  • Le fétichisme de certains vêtements


On l’a vu, le talon haut (aiguille, cuissarde…) est le tube incontesté du fétichisme des objets. Mais dans le hit des looks hautement désirables, on trouve aussi les sous-vêtements (au Japon, on appelle ce «classique» le burusera) – propres ou portés -, les bas, les chaussettes, les jupes, les gants ou les lunettes. Mais aussi l’uniforme. Car si celui-ci fait souvent fantasmer (on salue nos amis les pompiers), les fétichistes, eux, accompagnent leur attirance d’un jeu de rôle tournant autour de la domination, au cours duquel le partenaire garde son costume affriolant. Le must des uniformes chez les fétichistes ? Pom-pom girl, infirmier/ère, policier/ère.

  • Le fétichisme de certaines matières


«J’veux du cuir…», chantait Souchon. Du vinyle, du latex ou de l’élasthanne, on l’a vu, et quiconque a déjà traîné devant les boutiques des sex-shops a pu constater que les doraphiles (fétichistes d’une matière) les prisaient davantage que le cachemire fluffy. Quoique…
On trouve chez les fétichistes nombre d’adeptes de la fourrure, de la laine (gratte-gratte), de la soie, et même du velours côtelé… Drôle d’idée, pensez-vous ? Peut-être. Sauf si l’on comprend qu’en terme de fétichisme, on en revient encore et toujours à notre passé, et à l’empreinte émotionnelle qu’aurait suscitée chez nous l’objet de tous nos fantasmes.
Car, ainsi que l’écrivait Alfred Binet**, «chacun a en amour ses goûts particuliers, (…) chacun a sa façon propre d’aimer, comme de penser, comme de marcher, comme de respirer», du fait de l’infinie variété des «accidents» de l’enfance ou de l’adolescence susceptibles de déterminer pour toute la vie ses préférences sexuelles. Même si ça passe par le velours côtelé.

** Auteur de Le fétichisme dans l’amour , éditions Dupleix.

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