Privés de concerts en public, les artistes sont contraints d’innover pour garder le lien avec leurs fans
Le spectacle doit continuer. Dans quelques jours interviendra la sortie progressive du confinement mis en place en mars dernier pour endiguer l’épidémie de coronavirus. Pour autant, le retour à une vie normale ne sera pas possible tout de suite, notamment dans le secteur culturel. Aucun concert rassemblant plus de 5.000 personnes ne pourra avoir lieu avant la fin du mois d’août. S’ils veulent garder un lien avec leur public, les artistes sont donc obligés d’innover. C’est dans cette idée que « Show must go home » a été créé. Ou plutôt adapté. Explications.
A l’origine de cette initiative, on trouve Mat Bastard, chanteur du groupe Skip the use, mais surtout Cédric Pollet. Ne cherchez pas, il ne s’agit ni d’un chanteur, ni d’un musicien mais d’un ancien industriel du textile. Pourtant, c’est bien lui qui a inventé Show must go home. « Au début, c’était un club de potes. J’organisais des concerts privés à la maison. Après le troisième, c’était Marc Lavoine, je me suis rendu compte que ça me coûtait cher et j’ai cherché un moyen de faire partager ça pour tout le monde », explique Cédric Pollet. Show must go home venait de naître. L’idée d’assister à des concerts de groupes ou chanteurs prestigieux (Simple minds, Bruel, Aubert, Cock Robin…) dans des lieux atypiques a très vite séduit pas mal de monde.
« Démocratiser une manière d’aller au concert qui était réservée à une élite »
S’il demeure assez confidentiel, le petit club n’est plus si petit. Il compte à ce jour environ 10.000 membres en France. « Je me suis dit qu’il y avait un modèle économique à dupliquer alors on a ouvert à Bruxelles, Lyon et Paris en plus de Lille », poursuit l’entrepreneur. A 200 euros en moyenne le concert, le repas et le champagne, le tarif n’est pas exorbitant. « Je voulais démocratiser une manière d’aller au concert qui était réservée à une élite », assure Cédric Pollet.
Et quand le coronavirus et le confinement sont arrivés, l’homme s’est dit qu’il y avait un truc à faire. Le nom de son concept était d’ailleurs prédestiné. C’est là que Mat Bastard est entré dans le game. « Il fallait trouver un moyen de garder la connexion avec les gens et de faire des concerts autrement parce qu’en mode traditionnel, avec le confinement, c’est pas possible », explique le chanteur. Du coup, le concept Show must go home s’est adapté. D’un côté, une émission musicale animée par Mat Bastard. De l’autre, des concerts enregistrés avec de gros moyens mêlant musiciens confinés ou non. « On veut que les personnes aient la même émotion que s’ils étaient au concert », assure le leader de Skip the use.
Sur un rooftop en travaux à Lille
Le premier concert de la série a été enregistré, mardi, à Lille. Pour coller au concept originel, le lieu choisi est atypique puisqu’il s’agit du rooftop encore en travaux de l’immeuble Swam, dans le quartier d’Euralille. Au programme, Skip the use, une partie des musiciens de l’Orchestre national de Lille (ONL), Art Point M, DJ Emmanuel Top, LNHR et bien d’autres. Pour filmer tout ça, des caméras, plein de caméras, dont une à 360° et même un drone. Le spectacle sera diffusé sur les réseaux sociaux de Show must go home, jeudi à partir de 18h. Pour l’émission de Mat Bastard, ce sera dimanche sur les mêmes canaux mais depuis Nice cette fois.
Et pour l’après confinement, le chanteur est confiant : « Il faut garder à l’esprit que le monde ne sera plus le même après. Il va falloir réfléchir à la manière de nous réinventer. Bien sûr qu’on va refaire de la scène dès qu’on pourra. Mais notre kif, c’est de faire des choses pour le public, nos potes. Et ce qu’on fait là en fait partie. »
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