Le chanteur algérien Idir, grand ambassadeur de la chanson kabyle et défenseur de l’identité berbère, interprète du célèbre « A Vava Inouva », est mort samedi 2 mai à Paris, à l’âge de 70 ans, a annoncé sa famille, dimanche 3 mai. Pour le Français Grand corps malade qui a collaboré avec lui, il était « un monument absolu chez les Kabyles ». Interrogé par franceinfo, Grand Corps Malade se souvient notamment de la chanson « Lettre à ma fille », écrite pour l’album d’Idir « La France des couleurs ».
franceinfo : Cette « France des couleurs », c’est notamment ce qui vous rapprochait d’Idir ?
Grand corps malade : C’est sur cet album que je l’ai rencontré. Il m’avait contacté, à la base, pour faire un duo puisqu’il s’agissait d’un album de duos avec des chanteurs de la jeune génération. Il m’a parlé d’un thème qui était une sorte de lettre d’amour à sa fille, sur les états d’âme d’un père partagé entre le bonheur de sa fille et le poids de la tradition religieuse musulmane. Finalement, j’ai adoré ce thème et je lui ai écrit une chanson, mais je trouvais que je n’avais rien à faire sur ce titre donc c’est devenu une chanson solo d’Idir. Une de ses seules chansons en français. C’était un honneur pour moi de l’écrire pour lui et je sais que c’est une chanson qu’il appréciait particulièrement et qu’il chantait à chaque concert.
C’est lui qui vous avait demandé d’écrire sur ce thème très intime ?
Oui, exactement. La première fois que je l’ai rencontré, nous avons parlé de cet album et de ce thème-là. C’est lui qui m’a donné tous les détails, il voulait écrire là-dessus et dans son humilité qui le caractérise, il disait qu’il était incapable d’écrire en français. Il disait « moi, je ne sais écrire qu’en kabyle ». Et là, il voulait parler de ce thème-là, en parlant à sa fille en français.
Qu’est-ce que vous aimiez particulièrement chez Idir ?
C’est peut-être son humilité. C’est une énorme star, il a chanté dans plusieurs langues, était connu dans 70 pays, repris partout. Chez les Kabyles, c’est un monument absolu, il n’y a pas d’équivalent en France. Ce serait un mélange entre le monument qu’est Charles Aznavour et la popularité de Johnny Hallyday mais aussi un monsieur humble, hors système comme Georges Brassens. C’était un peu tout ça réuni. Chez les Kabyles, c’est une icône absolue. Mais quand on le connaît, on ne remarque rien de tout ça, tellement il était humble et doux. Gentillesse et douceur sont les deux mots qui le caractérisent le mieux.
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